Une crise menace en raison de l’accumulation des créances douteuses. Pour la désamorcer, l’Union européenne voudrait légiférer sur le gel des dépôts bancaires.
Hier, je vous parlais du gel des dépôts bancaires. La Communauté européenne voudrait mettre en place une loi spoliatrice afin de protéger les privilégiés du système actuel, les détenteurs d’une licence bancaire.
Avoir une licence bancaire permet à certains de prêter de l’argent qui n’existe pas encore et de réclamer des intérêts. Les « risques », c’est-à-dire la perte des fonds propres des actionnaires, sont couverts par une banque centrale et/ou des gouvernements qui détiennent le pouvoir de pressurer des contribuables.
Les profits (l’encaissement des intérêts) sont pour les banquiers.
Ce système profite en premier lieu aux financiers mais aussi aux politiciens qui y trouvent un moyen de financement de leurs promesses électorales et leurs dépenses de redistribution. On ne mord pas la main qui vous nourrit et les banques prêtent volontiers aux gouvernements dépensiers.
Ce système est fondamentalement inflationniste car il multiplie la « monnaie », le crédit. Une partie des profits engrangés vient gonfler les fonds propres. Les prêts étant un multiple des fonds propres, le crédit se multiplie.
10 ans plus tard, encore plus de crédit et toujours plus subprime
2008 était une crise de surendettement et de solvabilité. 10 ans plus tard, l’endettement a été encore multiplié et la solvabilité se dégrade (solvabilité que vous pourriez, dans un premier temps, assimiler à la croissance).
Voici quelques chiffres pour illustrer mes propos.
- L’endettement mondial vient d’atteindre 217 000 Mds$ alors qu’il n’était que de 142 000 Mds$ il y a 10 ans.
- Dans ces derniers 12 mois, la dette américaine a augmenté de 2 000 Mds$
- Le shadow banking, la finance pratiquée par des établissements non bancaires, atteint 100 000 Mds$ alors qu’elle ne pesait en 2007 « que » 50 000 Mds$.
- La foi aveugle dans la doctrine keynésienne a permis de donner 5 000 Mds$ pour sauver les banques zombies et 40% du PIB mondial ont été injectés en plans de relance divers.
- Dans le même temps, le Dow Jones a triplé depuis son point bas de 2009, l’indice Nasdaq a quadruplé.
En 10 ans, la croissance a-t-elle fait des flammes, les résultats des entreprises et les revenus des ménages se sont-ils envolés ?
Non.
Les revenus des ménages stagnent comme les salaires et les actions des entreprises se payent à des prix exorbitants en regard de leurs bénéfices. 3 $ ou 3 € de dette publique achète misérablement 1 $ ou 1 € de PIB supplémentaire. En France, par exemple, la production manufacturière reste à un niveau 10% inférieur à celui qu’il était en 2007. Elle a baissé aussi en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni. Elle est quasi identique en Allemagne.
Sans croissance, comment rembourser les intérêts des prêts ?
Créances douteuses et déflation
En réalité, le stock de créances douteuses gonfle inexorablement tandis que les contribuables sont exsangues…
Le schéma est le suivant :
- Les banques prêtent de l’argent qui n’existe pas encore
- Elles perçoivent des intérêts
- Les intérêts et les plus-values perçues sur les hausses des actifs résultant du crédit facile viennent gonfler les fonds propres
- Les banques peuvent donc prêter encore plus car leur licence bancaire leur permet de prêter de 10 à 30 fois leurs fonds propres.
Mais si des prêts ne sont pas honorés, que se passe-t-il ? C’est l’horrible (vous dit-on) déflation.
- Le crédit ne gonfle plus, il diminue
- Il y a moins d’acheteurs potentiels pour une même chose
- Les prix surgonflés de l’immobilier, des actions et des obligations baissent
- Les banques affichent des pertes
- Les fonds propres sont amputés
- Les banques sont techniquement en faillite
Créances douteuses -> pertes pour les banques -> danger pour le système -> pression fiscale ou spoliation à l’horizon pour vous car vous devez sauver ce système absurde qui vous ruine.
184 kerviels de créances douteuses dans les banques européennes
Quelques autres chiffres, cette fois sur les créances douteuses :
Les Echos du mardi 1er août citent une étude du cabinet comptable Deloitte et mentionnent 921 Mds€ pour la Zone euro. C’est 184 kerviels !
Les instances souhaitent que les banques se débarrassent de ce fardeau en les revendant sur le marché ou même en évoquant la constitution d’une bad bank européenne (sur ce sujet, voir Bad banks et vilains secrets).
Les banques devraient sortir de leurs bilans 100 Mds€ cette année. Mais, selon Deloitte, elles sont très en retard. Normal, personne ne se bouscule pour reprendre le fardeau et tout le monde espère qu’il terminera dans un dépotoir bilan de banque centrale.
Les conditions économiques sont tellement riantes que des banques espagnoles et italiennes ont à nouveau dû être nationalisées, sauvées, « rachetées ».
Vous comprenez donc la nécessité de finaliser une législation qui permettra de prolonger encore la vie des banques zombies et de l’escroquerie du système monétaire actuel.
Interdiction du cash et gel possible des dépôts en cas de crise, tout sera alors en place pour vous faire payer la prochaine crise.
Bien entendu, les médias présentent ces législations (Sapin 2, gel des dépôts, bannissement du cash) sous des angles flatteurs.
Capital :
« Cette réflexion sur un potentiel gel des retraits ne part pas d’une mauvaise intention, au contraire. Il s’agit en effet d’éviter que des banques déjà en difficulté ne se retrouvent définitivement plombées par des retraits massifs, qu’elles ne seraient pas capables d’honorer.
‘Geler les retraits lorsqu’une banque est au bord du gouffre pourrait permettre d’éviter sa faillite. Si l’établissement venait à sombrer, les clients risqueraient alors bien pire, c’est-à-dire de perdre tous leurs dépôts au-delà de la garantie de 100 000 euros’, rappelle Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, un think tank. Sans compter que cette fameuse garantie de 100.000 euros reste très hypothétique, comme nous l’avons déjà souligné…«
Ce n’est pas une « mauvaise intention, au contraire » que de vouloir sauver les banques au détriment des déposants.
Capital, toujours :
« Mais tous ne voient pas cette mesure d’un si bon œil. L’Association des marchés financiers européens (AFME), qui compte à son comité de direction des hauts responsables de nombreuses banques (BNP Paribas, Goldman Sachs, Credit Suisse…) a ainsi fait part dans un rapport publié en juin de ses craintes qu’un tel mécanisme ait l’effet inverse à celui espéré, en poussant les clients des banques à retirer leurs billes encore plus précocement. »
La fuite des déposants, la grande angoisse… D’où la guerre contre le cash, les espèces.
Déposant bien enfermé = déposant bien ponctionné.
Ceci dit, les autorités jouent avec le feu car les cryptomonnaies ont fait leur apparition. Étrangement, elles attirent de plus en plus de monde.