La pression monte pour forcer la Fed à retourner sur le chemin de l’insouciance et des cadeaux financiers.
« Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence. »
~ William Butler Yeats, The Second Coming
La Première ministre britannique, Liz Truss, a finalement annulé la réduction d’impôts initialement qu’elle avait proposée fin septembre. Quelqu’un a dû lui rappeler que cette réduction conduirait inévitablement à l’augmentation des déficits… ce qui provoquerait plus d’inflation… et qui mènerait au malheur dans la bonne vieille Angleterre. The Guardian :
« L’humiliante volte-face imposée au gouvernement aura des conséquences économiques mais aussi politiques. Une semaine d’agitation sur les marchés financiers a montré à quel point son mini-budget avait été mal accueilli par les investisseurs internationaux. La livre a chuté, le coût des emprunts publics a augmenté, et les produits hypothécaires tirés vers le bas. »
Pendant ce temps, les Australiens ont aussi pivoté… en augmentant les taux d’intérêt moins fort que prévu. Et alors que l’économie américaine s’affaiblit, les investisseurs parient lourdement sur un revirement de la Fed. Selon Bloomberg :
« Les investisseurs haussiers investissent dans les actions et les obligations en pariant sur un pic des taux.
Le début haussier du quatrième trimestre s’est accentué sur les marchés mondiaux, faisant ainsi grimper les contrats à terme sur les indices américains et les obligations du Trésor ; les investisseurs parient sur la fin du resserrement monétaire dans quelques mois seulement.
Les investisseurs considèrent que les données reliées aux opérations de production aux Etats-Unis, plus faibles qu’estimées, soutiennent une tendance conciliante de la Réserve fédérale après que les 3 points de pourcentage de hausse aient commencé à se faire sentir sur l’économie. Les marchés considèrent que le taux des fed funds pourrait atteindre un pic sous les 4,5% d’ici mars. Les spéculations se multiplient sur le fait que la vague mondiale de resserrement monétaire perturbateur pourrait toucher à sa fin… »
Retour à l’insouciance ?
« Une politique monétaire perturbatrice ? » C’est ainsi que l’équipe de Bloomberg qualifie la tentative de la Fed de revenir à la normale. L’élite s’amusait tellement à injecter de la fausse monnaie et du crédit dans le système. Et puis… quelqu’un est venu « perturber » la fête. Ils n’aiment pas ça.
Mais cette fête touche à sa fin, qu’ils le veuillent ou non. Et non seulement parce que les banques centrales augmentent les taux. L’après-guerre est en train de s’épuiser. Les choses s’effondrent. Dans tout l’Occident, l’élite échoue, vacille et s’effondre.
En Italie, les électeurs (26% d’entre eux) ont choisi une femme qui parle comme une conservatrice, en quelque sorte. Elle est pour la maternité. Pour le christianisme. Elle veut que les hommes soient des hommes… et les femmes des femmes. Et elle n’aime pas les immigrants.
« Fasciste ! » Les faiseurs d’opinion occidentaux ont vite fait de l’étiqueter. Mais, tout comme Trump, Meloni semble peu menaçante pour les programmes majeurs de l’élite. Elle les soutiendra tous – l’Otan, les sanctions contre la Russie, l’aide sociale… les déficits… l’euro. Les éléments du système européen qui la gênent le plus sont ceux qui l’empêcheraient de faire encore plus de dégâts – c’est-à-dire les restrictions sur les dépenses et la dette.
En Angleterre même, personne ne sait vraiment d’où vient Mme Truss. D’après ce que l’on sait, elle a été choisie parce que personne ne la connaissait ni ne la détestait.
En Allemagne et en France, l’élite est confrontée à une autre crise qu’elle a elle-même créée. La chute des feuilles pourrait bientôt être suivie d’un « hiver de mécontentement », rendu froid et dangereux par leur propre hostilité envers leur principal fournisseur d’énergie, la Russie. Et maintenant, des terroristes ont détruit le pipeline qui aurait pu leur apporter un certain soulagement.
Un conseil facile
Anthony Blinken, secrétaire d’Etat américain, en a profité pour déclarer que le sabotage ressemblait à une « formidable occasion » pour l’Europe de se sevrer du carburant russe bon marché… en se tournant vers le carburant américain coûteux.
Pourquoi l’Europe voudrait-elle s’infliger une telle chose ? L’Allemand moyen n’a aucun intérêt à punir la Russie pour le crime qu’il croit qu’elle a commis… mais, pour l’instant, il suit docilement le programme de l’élite, même si ses objectifs sont flous et ses moyens douteux.
Alors que le prix de l’essence augmente… et que le temps se refroidit… les gens vont réduire leurs dépenses et se débrouiller, du mieux qu’ils peuvent. On dit qu’il y a pénurie de poêles à bois et de bois de chauffage. Les thermostats ont baissé. Les lampadaires sont éteints. Même la Tour Eiffel ne s’illumine plus comme avant.
Les grandes usines ne réduisent pas leur production petit à petit. Elles appuient sur l’interrupteur. Déjà, une partie de la capacité de production d’engrais et de produits chimiques de l’Allemagne est en train de fermer… ou prévoit de le faire. Cela aura un effet énorme sur la production agricole l’année prochaine.
Les Pays-Bas ont déjà la particularité d’être l’un des plus petits producteurs de légumes du monde par la superficie, mais l’un des plus grands par les exportations. Pour ce faire, ils cultivent leurs légumineuses dans de vastes serres que l’on voit en arrivant à Amsterdam.
Ces agriculteurs doivent faire face à des factures d’énergie faramineuses. Environ 40% d’entre eux seraient en « détresse financière ». Combien vont mettre la clé sous la porte ? Combien fermeront leurs entreprises ? Nous ne le savons pas, mais le prix du chou pourrait bientôt monter en flèche.
Les fermetures de la panique Covid ont causé d’énormes pertes. Il en sera de même pour les fermetures dues au manque de gaz. Voici ce que dit Thomas Fazi, de « Unherd » :
« Au Royaume-Uni, 45 millions de personnes devraient être confrontées à la précarité énergétique d’ici janvier 2023 ; en conséquence, ‘des millions d’enfants seront confrontés à des problèmes’ de lésions pulmonaires, stress toxique et des inégalités d’éducation, étant donné que les enfants pourraient avoir des difficultés à suivre leurs cours dans des maisons glaciales.
Des vies seront perdues, préviennent les experts. Pendant ce temps, dans le district allemand de Rheingau-Taunus, les autorités ont procédé à une simulation de ce que représenterait pour elles une telle panne, et les résultats sont choquants : plus de 400 personnes mourraient dans les 96 premières heures. Et ce, dans un district de seulement 190 000 habitants. »
Comme la Fed… la Banque d’Angleterre… et le gouvernement Truss… « le peuple » a ses limites. Ils peuvent être tolérants… et leur colère peut prendre du temps à éclater. Mais leur patience n’est pas sans limite. Jusqu’où l’élite peut-elle aller ? Combien de temps l’incompétence et la corruption seront-elles tolérées ? Jusqu’où l’économie peut-elle aller ? Nous le saurons peut-être bientôt.