La Chronique Agora

Le visage humain de la déflation : les micro-maisons

▪ La croissance du crédit correspond-elle à la croissance du niveau de vie de chacun ? Evidemment, les négociants en crédits — les employés de l’industrie financière — qui se bousculent aux belles ventes de fin d’année de Christie’s et Sotheby’s, achètent perles, diamants et grands vins, trouveront ma question stupide. Mais je parle des autres, les 99,9%.

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De nombreux indices nous prouvent que justement ces 99,9% vivent plutôt moins bien qu’avant

De nombreux indices nous prouvent que justement ces 99,9% vivent plutôt moins bien qu’avant — et parmi ces indices, je retiens le développement et le succès du micro-habitat. Petits chalets en bois sur roulettes ou containers aménagés inspirent de nombreux jeunes et talentueux designers qui rivalisent d’ingéniosité. D’une façon générale, ce type d’habitat échappe à la taxation un peu partout dans le monde.

Un article de Mr Mondialisation titré "L’étonnante maison en bois de Chris et Malissa Tack" a récemment attiré mon attention.


▪ Un nouveau mode de vie ?
Ce ne sont pas les qualités architecturales de cette maison qui m’ont captivée, mais ses habitants tels que l’article les décrivait.

"Chris travaille chez Apple, Malissa est designer 3D indépendante, et contrairement à ce que pourraient laisser faire croire leurs statuts, ceux-ci vont faire le choix d’une vie simple, en créant leur maison de leurs propres mains".

Voilà un sympathique couple ascétique qui ne succombe pas aux charmes douteux de la surconsommation à crédit

Voilà un sympathique couple ascétique qui ne succombe pas aux charmes douteux de la surconsommation à crédit et qui n’enrichira pas les 0,1%.

"En hiver, l’électricité leur coûte environ 1 $ par jour, le reste de l’année, la facture est réduite à néant. La réserve d’eau doit être remplie à peu près tous les 4 jours, soit 37 litres d’eau par jour et par personne, c’est peu en comparaison des 600 litres/jour consommés en moyenne par les Américains. Le couple utilise des savons naturels, les eaux grises sont donc évacuées dans la nature sans l’endommager. Reste la location du terrain, 250 euros par mois".

Non seulement ces deux jeunes sont économes mais en plus sincèrement "écologiques". Ils doivent mettre beaucoup d’argent de côté.

"L’argent économisé leur donne la possibilité […] de rembourser plus rapidement leur prêt étudiant, d’avoir plus de temps libre en pouvant choisir de travailler en free-lance. Une situation qui va également leur permettre de surmonter le licenciement de Chris sans trop de dommages"…

Aïe. Voici des jeunes qui ont fait de bonnes études financées par un prêt étudiant. On conçoit sans peine que s’il leur fallait à la fois rembourser leur prêt étudiant et un crédit correspondant à l’achat d’un logement classique ce serait bien lourd. Mais on a le coeur gros d’apprendre que Chris, qui travaille chez Apple, est sur le point d’être licencié. Quant au "plus de temps libre en travaillant en free-lance", c’est une douce plaisanterie ! Travailler à son compte permet d’aménager soi-même son temps de travail mais ne procure pas "plus de temps libre" sauf à être déjà une star de sa catégorie, possédant une clientèle nombreuse et fidèle et refusant de nouveaux clients.

▪ La réalité derrière l’idylle
Ce que décrit en réalité cet article est la déflation. Nous sommes loin des tableaux triomphalistes de la merveilleuse reprise économique américaine. Certes, c’est une sympathique déflation, présentée comme choisie, mais bien souvent nécessité fait loi.

Nous avons vécu depuis presqu’un demi-siècle une croissance du crédit bien supérieure à la croissance de l’activité économique. Partout dans le monde, cette abondance du crédit a fait gonfler les prix de beaucoup de choses mais le plus emblématique est sans doute l’immobilier. Le principe en est très simple : si l’accès au crédit et facile et le crédit pas cher, plus d’acheteurs se présentent et donc les prix montent. Il suffit que le stock d’immobilier augmente moins vite que le crédit disponible pour gonfler une bulle immobilière.

L’Etat est satisfait car il peut prélever plus de taxes sur l’achat et la vente des biens immobiliers, plus d’impôts fonciers, plus d’impôts sur les plus-values, etc

Les gens sont heureux, ils ont l’impression d’être plus riches puisque le prix de leur maison augmente. L’Etat est satisfait car il peut prélever plus de taxes sur l’achat et la vente des biens immobiliers, plus d’impôts fonciers, plus d’impôts sur les plus-values, etc. Les banquiers sont contents puisqu’ils vendent plus de crédits à plus de gens. Donc, les taux baissaient, le crédit se multipliait, l’immobilier montait et personne n’y trouvait rien à redire.

Jusqu’au moment où… Bon, je ne vais pas vous refaire pour la cent millième fois le scénario de la crise du crédit immobilier subprime. Depuis 2008, nous avons fait beaucoup de progrès :

– Subprime de crédit LBO (comme leveraged buyout ou rachat financé par l’emprunt d’une entreprise par une autre).
– Subprime de crédit à l’industrie du gaz et pétrole de schiste qui a emprunté pour extraire du pétrole moyennant 60 $ à 80 $ le baril pour le revendre sous 40 $ le baril. Ce qui fait, voyez-vous, une marge brut négative de 50% ; mais Madame Michu, c’est normal vu que les taux d’intérêt sont eux-mêmes négatifs, vous ne voudriez pas quand-même en plus avoir des marges positives ?
– Subprime de crédit automobile.
– Subprime de crédit étudiant.

Une dizaine de milliers de milliards de crédits subprime. Bien plus qu’en 2008.

Oui, avec tout ce crédit, il ne faut pas s’étonner si le train de vie diminue et les micro-maisons rencontrent du succès. Huit ans après l’éclatement de la bulle immobilière américaine, la crise n’est pas finie.

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