La Chronique Agora

Refroidissement déflationniste au Japon

▪ Nous avons commencé vendredi un état des lieux de l’inflation au Japon : en voici la suite…

L’auteur David Pilling remarque que si l’on ajuste par rapport à la déflation, le Japon ne semble pas en si mauvaise situation comparé à d’autres pays. Si l’on ramène la taille de l’économie à 100 en 1989, alors l’économie japonaise se situe grosso modo à 127 aujourd’hui, comparé à 137 pour les Etats-Unis et 144 pour le Royaume-Uni pour la même période.

Tokyo est l’une des plus confortables villes d’Asie — et même du monde.

En outre, des facteurs subjectifs entrent en compte. Les Japonais ont un niveau de vie élevé, c’est connu. Par exemple, les taux de criminalité sont extrêmement bas. "Les portefeuilles perdus sont quasi-systématiquement rendus sans qu’il y manque le moindre centime", observe Pilling. L’espérance de vie est élevée et le mode de vie est confortable. Je peux vous dire que Tokyo est l’une des plus confortables villes d’Asie — et même du monde.

Les portes des taxis s’ouvrent automatiquement. Lorsque vous entrez dans un bâtiment, des machines enveloppent votre parapluie mouillé dans un plastique afin qu’il ne goutte pas. Les toilettes sont confortables, chauffantes et agrémentées d’aménagements supplémentaires tels un jet d’eau chaude pour le lavage du postérieur. Dans la salle de bain les miroirs sont chauffants pour éviter qu’ils ne s’embuent pendant que vous prenez votre douche. ("Tokyo est une ville du futur", m’a dit un de mes amis avant mon départ. Je comprends maintenant ce qu’il voulait dire).

— AVIS —
"Recherchons volontaires pour braquer une banque 100% légalement…
… avec la complicité d'un initié !"

Etes-vous prêt pour le casse d'un coffre d'une valeur 6 800 fois supérieure aux réserves de la Banque de France ?

Pour faire partie de l'équipe, cliquez ici et… attachez votre ceinture !

 

On y trouve également d’autres commodités. Le pourboire n’existe pas au Japon. Je le savais mais je l’avais oublié et la première fois que j’ai pris un taxi, le chauffeur a couru après moi pour me rendre ma monnaie. Je n’ai vu aucun mendiant ni de marchands agressifs qui essaient de vous vendre leur camelote, comme cela est fréquent en Asie.

Autre caractéristique répandue en Asie mais qu’on ne trouve pas ici : le bruit incessant des klaxons de voitures. Je ne pense pas en avoir entendu encore. Tokyo doit être l’une des grandes villes parmi les plus calmes sur Terre.

Il y a aussi ici un sens général de l’ordre. Il y a partout des itinéraires balisés, même sur les escalators. Il est remarquable de voir comment chacun reste du côté où il doit être. On voit partout des trains qui semblent mener partout. Il est inutile de s’inquiéter de savoir où manger et quoi manger. Les Japonais sont très attentifs sur les questions d’hygiène et de propreté.

Peut-être qu’un refroidissement déflationniste n’est pas une si mauvaise chose après tout

▪ Des questions très importantes…
Cela laisse songeur. Peut-être qu’un refroidissement déflationniste n’est pas une si mauvaise chose après tout. La Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres grandes économies auraient de la chance si elles arrivaient à donner à leur population le niveau de vie des Japonais.

Il convient également de souligner que le Japon n’a pas toujours été pris dans cette ère glaciaire déflationniste.

La date-clé dans la chronologie financière du Japon, c’est 1989. Cette année-là, lors du dernier jour de trading de l’année, le Nikkei — principal indice boursier du Japon — a presque atteint 39 000. Après cela, rien n’a plus jamais été comme avant… La bulle a éclaté en 1990 et les marchés japonais ne se sont plus jamais approchés de ce plus haut (actuellement, le Nikkei se situe autour de 19 000.) Le refroidissement déflationniste s’est installé.

Ce fut une bulle épique — je reviendrai un jour sur ce sujet — et un éclatement épique, qui déclencha les tendances déflationnistes qui s’ensuivirent. Et même s’il y a beaucoup de différences avec les Etats-Unis, ces événements soulèvent pas mal de questions :

– 2007 pourrait-elle être la date clé dans la chronologie financière des Etats-Unis ?
– La crise de 2008 qui suivit est-elle le point de départ à partir duquel tout a changé irrémédiablement ?
– Les Etats-Unis pourraient-ils être en plein dans une ère glaciaire déflationniste ?
– Et l’Europe ? Est-elle en train de se japoniser ?

J’y reviendrai…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile