La Chronique Agora

De l'argent-métal… et des chiffres à faire baver (1)

Par le Mogambo Guru (*)

Si vous êtes comme moi, vous êtes un petit cochon avide et égoïste dont l’avarice ne connaît pas de bornes car vous voulez assez d’argent pour aller loin, très loin, et commencer une nouvelle vie avec un nouveau nom, une nouvelle identité, peut-être de nouvelles empreintes digitales et de nouvelles chaussures très classe — et les poches pleines de liquide à dépenser, mais pas des billets neufs et dont les numéros de série ne se suivent pas.

C’est ainsi que vous vous retrouvez poussé à accumuler des statistiques indiquant un choix stratégique qui se révélera si profitable que vous vous mettez littéralement à baver sur votre chemise devant le volume de profits que vous allez faire, et vous vous rendez compte que vous commencez à passer beaucoup de temps à rêver aux orgies que vous allez pouvoir vous payer, toutes plus licencieuses et dépravées que les précédentes, jusqu’à ce que même VOUS,vous soyez dégoûté par vos propres excès repoussants — comme si ce truc avec l’argent-métal se déroule comme je le prévois.

Et si c’est bien le cas, Jason Hommel, de silverstockreport.com est pile poil l’homme qu’il vous faut, puisqu’il possède un véritable trésor de statistiques sur l’argent, comme par exemple le fait que le monde "utilise plus d’argent-métal chaque année (environ 850 millions d’onces) qu’on en extrait (environ 600 millions d’onces)", ce qui semble être un déséquilibre si incroyable, à 250 millions d’onces, que les gens m’arrêtent souvent dans la rue pour me dire : "mon pauvre homme ! Si je vous donne une petite pièce, arrêterez-vous de brailler que mon mari, mes enfants, ma famille et moi-même ne sommes que des crétins parce que nous n’achetons pas d’argent-métal A La Seconde Même (ALSM) ?" — à quoi je réponds :"Oui ! Oui, j’arrêterai si vous me donnez une pièce".

L’idée, c’est que — comme l’explique M. Hommel — "la demande existante ne peut être satisfaite qu’en vendant les stocks existants". Et ces derniers peuvent s’épuiser très rapidement, un concept qu’on illustre souvent, dans nos bureaux, en évoquant la fois où j’ai été filmé en train de terminer gloutonnement les dernières boîtes d’un petit stock de gâteaux menthe-chocolat, que j’avais trouvé par hasard dans le tiroir du bureau d’un de mes collègues, qui l’avait laissé bêtement ouvert sans cadenas.

Donc si les stocks d’argent, comme les dernières miettes de délicieux biscuits, ne sont pas infinis, combien de métal reste-t-il vraiment, bon sang de bonsoir ? M. Hommel réalise que je ne suis visiblement pas d’humeur à supporter une longue conversation, étant donné que je fais une soudaine fixation sur du chocolat noir à se lécher les babines enrobant un biscuit croquant à la menthe aux qualités sublimes, que je bave comme le chien de Pavlov, avec une bonne quantité de salive mousseuse dégoulinant le long de mon menton et que j’ai vraiment l’air dégoûtant.

Pour gagner du temps, il condense de manière très pratique les statistiques concernées en disant : "les estimations sur l’argent-métal déjà extrait et sous forme raffinée et livrable s’échelonnent entre 300 millions et un milliard d’onces, jusqu’à un sommet de quatre milliards d’onces si l’on inclut les bijoux et l’argenterie, voire 20 milliards d’onces si l’on tient compte de toutes les formes d’argent-métal qui n’ont pas terminé dans des décharges, sur le total de 43 milliards d’onces que l’on estime avoir été extraites au cours de toute l’histoire de l’humanité".

Ah ! Maintenant, je peux faire le calcul, en me basant sur les merveilles technologiques et sociales atteintes par la moitié de la population mondiale en utilisant la majeure partie des 42 milliards d’onces d’argent-métal extraites, et déterminer le futur prix théorique du métal, maintenant que l’autre moitié de la planète veut la même chose, mais doit y parvenir grâce aux quelques misérables milliards d’onces d’argent qui restent ! Hahahahaha !

Mais ce calcul prenant un peu de temps, nous allons devoir attendre demain pour en connaître les résultats…

Meilleures salutations,

Le Mogambo Guru
Pour la Chronique Agora

(*) Richard Daughty  est associé gérant et directeur d’exploitation pour Smith Consultant Group, qui sert les secteurs financier et médical. Il est également l’auteur de la lettre d’information économique Mogambo Guru, un exercice visant à accumuler les sarcasmes sur ceux qui le méritent largement. Le Mogambo Guru est souvent cité dans le journal Barron’s ou dans le Daily Reckoning, l’équivalent américain de La Chronique Agora.

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