La Chronique Agora

De la démocratisation de la bourse

Par Léo Golovine (*)

A la différence des Etats-Unis, la Bourse a plutôt mauvaise presse en France. Alors que les particuliers américains font du trading sans trop de complexes, y compris des housewives, des lycéens et des retraités, en France il y a une vieille suspicion "sinistro-catholique" à l’égard de "l’argent gagné en dormant", comme disait un célèbre homme politique de gauche.

Il va de soi que ces vues sont injustes et sans fondement. Pour gagner en Bourse, il faut déployer des efforts considérables, et sauf à ne valoriser que le travail physique au détriment du travail intellectuel, il est difficile de montrer du doigt la réussite boursière comme moins honnête ou moins morale. Et c’est pourtant ce qu’on fait très régulièrement en France, qu’il s’agisse pour fustiger pêle-mêle les hedge funds, les raiders (tels que Bolloré), les vendeurs à découvert ou encore les bénéficiaires des stock-options (Jaffré et les autres). Du coup, si on réussit en Bourse, il y a comme un complexe de culpabilité de la part de certains gagnants, et rares sont ceux qui assument sans difficulté lors des dîners en ville leurs gains boursiers considérables, surtout si ceux-ci sont obtenus de manière peu orthodoxe (en utilisant les ventes à découvert, l’effet de levier, les produits dérivés, etc.).

C’est réellement dommage car en l’absence d’un actionnariat populaire important, non seulement la volatilité du marché parisien s’en trouve accrue à la marge (les particuliers ayant tendance à conserver plus longtemps leurs titres), mais encore avons-nous abandonné des pans entiers de la Bourse de Paris aux investisseurs étrangers tels que les fonds de pension anglo-saxons. Comme conséquence, les instituteurs d’Ohio ou les infirmières de Wyoming contrôlent indirectement des sociétés françaises importantes, tandis que leurs homologues du Vaucluse ou du Morbihan ne peuvent pas en dire autant. L’effort pédagogique sérieux n’a jamais été fait en France ni par la gauche ni par la droite, même aux heures glorieuses des grosses privatisations (gouvernements Chirac, puis Balladur). De nombreux Français ne comprennent toujours pas le fonctionnement de la Bourse, qui semble par trop ésotérique, et parfois également peu honnête — ce que certains scandales de ces dernières années n’ont pas vraiment contribué à arranger.

En outre, bien que les tarifs des banques et des brokers aient beaucoup baissé depuis 10 ans, il n’en demeure pas moins qu’ils restent assez élevés si on regarde ailleurs (les Etats-Unis par exemple, ou même la Russie, où un aller-retour peut coûter moins de 0,2% !). Du coup, alors qu’ailleurs on peut raisonnablement venir tâter de la Bourse avec seulement 500 $, en France il n’est pas vraiment intéressant de se frotter aux marchés avant d’avoir au moins 5 000 euros !         

Que faire alors ? Il est un peu facile de critiquer les courtiers, les banques ou les pouvoirs publics, alors qu’il s’agit en fait de combattre tout un vieux fond catholique bien-pensant et colbertiste, qui est tout sauf libéral et libertaire. On ne résout pas en cinq ans un problème dû à 10 siècles de développement particulier, aujourd’hui mis à rude épreuve par la mondialisation, et donc d’autant plus exacerbé.

Nous-mêmes, ici aux Publications Agora, tentons à notre modeste niveau de contribuer à un lent mais nécessaire changement des esprits sur la matière boursière. Résolument favorables à une Bourse populaire et démocratisée, et opposés à des "petites combines entre potes", nous essayons pour vous de rendre moins opaque le fonctionnement des marchés, de clarifier l’approche des produits les plus intéressants même quand ils sont complexes (comme les certificats Turbos à barrière désactivante, par exemple), de permettre au plus grand nombre l’accès des possibilités normalement réservés aux happy few.

Merci pour votre fidélité… et bons trades.

Léo Golovine
Pour la Chronique Agora

(*) Investisseur de talent, Léo Golovine est trader depuis 14 ans. Au fil des années, il a élaboré une méthode fondée sur une approche méthodique et rigoureuse de l’analyse technique. Les résultats sont là, puisque son système de sélection surperforme largement les marchés depuis 2002 — grâce notamment à une approche inédite de suivi de tendance et de gestion des positions.

NDLR : Vous n’avez pas fini d’entendre parler de Léo : après une phase de test couronnée de succès, son nouveau service, @Turbo Trader, a été officiellement inauguré le 29 septembre. N’attendez pas pour en profiter à votre tour : des gains à deux chiffres sont à la clé !

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