La foi éternelle d’une partie de l’humanité dans la fausse monnaie, l’énergie verte et l’orgueil politique est mise à l’épreuve…
« L’Occident est devenu très riche en ‘imprimant’ de l’argent pour acheter beaucoup plus de biens de consommation que la valeur de la production ne justifiait. Mais cette capacité à ‘imprimer’ est née de circonstances uniques de faible inflation, elle-même rendue possible par des exportations bon marché en provenance de Russie et de Chine.
Naturellement, l’Occident ne veut surtout pas que le paradigme de la faible inflation prenne fin, mais en cette ère de conflit où les matières premières, les usines et les flottes de navires sont dominées par des Etats (la Russie et la Chine) qui sont en conflit avec l’Occident, le monde de la faible inflation a pris fin. »
~ Alistair Crooke
Les pensées, tout comme les virus, se transmettent d’une personne à l’autre. Certaines succombent, d’autres se rétablissent, d’autres encore sont à peine affectées. Et puis, quand suffisamment de gens attrapent le virus, ils sont susceptibles de faire des folies. Non seulement individuellement, mais collectivement.
Au XIIIe siècle, « l’Occident » chrétien a permis à environ 60 000 de ses enfants de se lancer dans une croisade suicidaire en Terre sainte. L’idée – selon les récits traditionnels – était que deux groupes… l’un de France et l’autre d’Allemagne… marcheraient jusqu’à la Méditerranée (en mendiant de la nourriture en chemin) et là, avec la grâce de Dieu sur eux, la mer se séparerait. Nous pouvons imaginer leur déception lorsque l’eau n’a pas coopéré.
Ce qui s’est passé ensuite est sujet à controverse. Mais on a longtemps cru que beaucoup d’entre eux avaient été embarqués sur des navires et vendus sur les marchés aux esclaves d’Afrique du Nord.
Vous allez dire : « Quels crétins ! » Mais la croisade des enfants était-elle vraiment plus anodine que les grandes campagnes d’aujourd’hui ? Après tout, les Maures en Terre sainte représentaient un danger « clair et présent » pour les sites les plus sacrés de la chrétienté. Et les enfants ; peut-être l’innocence aurait pu réussir là où des guerriers endurcis avaient échoué ?
Le solaire, combustible fossile
L’histoire est parsemée d’histoires aussi intrigantes. La purge des protestants de France… la purge des juifs d’Europe… la purge des musulmans d’Inde et des Arméniens d’Anatolie – toutes furent des désastres sanglants, et la plupart furent catastrophiques aussi bien pour les coupables que pour les victimes. Ils ont laissé des millions de cadavres derrière eux… des millions de réfugiés… des familles brisées, des pays brisés et des sociétés brisées.
Et aujourd’hui, la civilisation « occidentale » entreprend les purges les plus ambitieuses qu’elle ait jamais entreprises – pour extirper le racisme, le sexisme et l’inégalité… (elle a apparemment abandonné la lutte contre la pauvreté et la drogue)…
…et pour débarrasser le monde des combustibles fossiles. Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain et ancienne directrice de la Fed, relèvera ce dernier défi aujourd’hui. The Hill :
« Yellen s’engagera à ‘débarrasser’ les États-Unis de leur ‘dépendance à l’égard des combustibles fossiles’ dans un discours prononcé à Détroit.
La secrétaire au Trésor s’en prendra à l’industrie des combustibles fossiles dans un discours sur le programme économique de l’administration Biden qu’elle prononcera à Detroit, dans le Michigan, où les compagnies pétrolières et gazières ont longtemps exercé une influence sur le secteur de la construction automobile américaine.
Cette visite à Detroit fait suite à l’adoption par les démocrates de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), qui prévoit des subventions d’un montant de 14,2 Mds$ pour les véhicules électriques, afin de sevrer l’industrie automobile de l’essence dans le but de réduire les émissions des transports américains qui contribuent à l’augmentation des températures mondiales. »
Comme on dit à la télévision : « Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? »
Nous ne le savons pas. Mais si 15% de notre énergie est produite, comme on le prétend, à partir de sources « renouvelables », cela signifie que 6,8 milliards de personnes dépendent à 100% de l’énergie du soleil, condensée pendant des millions d’années en combustibles « fossiles ». Et si les gouvernements ont encouragé l’utilisation d’une plus grande quantité d’« énergie verte » – en installant des éoliennes dans toute l’Europe – la plupart de l’énergie du Vieux Continent provient toujours du pétrole, du gaz et du charbon.
Avec cette idée en guise de prologue, examinons ce qui ne va pas en Europe, en ce moment.
Une foi d’enfant
Tout d’abord, la plupart des pays européens ont opté pour une « stratégie de verrouillage » avec une foi d’enfant lorsque le Covid a frappé. Il était évident, d’après les premiers rapports en provenance d’Italie en février 2020, que les mesures d’isolement étaient inutiles. La maladie visait les personnes âgées et faibles, et non la population générale. L’âge moyen des décès dus à la Covid n’était guère différent de l’âge moyen des décès sans la Covid. En d’autres termes, la maladie présentait un risque considérable pour certaines personnes, mais peu pour la plupart des gens.
Ces premières conclusions ont été confirmées deux ans plus tard, lorsque les taux d’infection et de décès ultimes ont été peu différents entre les pays (ou les États américains) où les confinements étaient stricts… et ceux où ils étaient plus souples. Les confinements n’ont produit que des désagréments et des pertes financières.
Et ces dommages collatéraux s’accumulent. Voyez comment nos enfants (qui n’ont jamais été menacés par le Covid) en paient le prix :
« Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par la Banque mondiale, l’Unesco et l’Unicef, les fermetures d’écoles liées à la pandémie de Covid-19 risquent de faire perdre à cette génération d’étudiants 17 000 Mds$ en valeur actuelle, soit environ 14% du PIB mondial actuel.
La nouvelle projection révèle que l’impact est plus grave que ce que l’on pensait auparavant, et dépasse de loin les estimations de 10 000 Mds$ publiées en 2020. »
Bien avant le Covid, les économies européennes étaient déjà profondément infectées par la bêtise des banques centrales. Les taux d’intérêt sont passés sous zéro au Danemark en 2012… et la BCE a suivi.
Une course à trois pattes
Même aujourd’hui, alors que l’inflation a atteint le seuil des deux chiffres dans de nombreux pays d’Europe, les taux d’intérêt de la BCE ont à peine augmenté – pour atteindre 1,25% ! Le taux d’inflation en Estonie est de 23%. En moyenne, en Europe, il est de 9,8%. Cela veut donc dire que le taux réel de la BCE est à plus de moins 8% (aux États-Unis, le taux des fed funds soustrait de l’IPC nous donne un taux réel de moins 5%).
Tout comme les Américains, les Européens n’ont que deux jambes. Mais ils ont trouvé le moyen de s’y tirer une troisième balle. Lorsque le conflit russo-ukrainien a éclaté, ils auraient pu aller dans un sens ou dans l’autre… ou ignorer raisonnablement toute l’affaire. Au lieu de cela, ils ont choisi de se mettre à dos le pays qui leur fournit du carburant. Avec leurs amis naïfs aux Etats-Unis, ils ont envoyé de l’argent et des armes à l’Ukraine, et appliqué des sanctions à la Russie.
Joe Biden a pris la tête de cette folie en interdisant – par décret ! – l’importation d’énergie russe aux États-Unis. Puis, les Européens ont sauté à pieds joints dans cette croisade malheureuse. Ils ne pouvaient pas interdire l’énergie russe, ils en avaient besoin. Au lieu de cela, ils se sont joints aux sanctions américaines contre toutes sortes de biens et de services russes… et ont saisi des biens russes – même les yachts et les appartements chics des oligarques russes – tout en espérant que le gaz continuerait à arriver. « La Russie a besoin de cet argent », se disaient-ils.
Mais les Russes ont fini par dire « nyet ». La récréation est terminée. Plus de gaz.