La Chronique Agora

Crise de l’Etat-Providence : une remise en question est impérative en France

▪ Je viens de lire cette phrase qui me cloue littéralement sur place :

« In the end more than they wanted freedom, they wanted security. When the Athenians finally wanted not to give to society but for society to give to them, when the freedom they wished for was freedom from responsibility, then Athens ceased to be free« .
— Edward Gibbon

En français, cela donne : « à la fin, plus que la liberté, ils voulaient la sécurité. Lorsque les Athéniens ne voulurent plus contribuer à la société, mais qu’au contraire la société contribue à leur bien-être, lorsque la liberté qu’ils souhaitaient consistait à être libérés de toute responsabilité, alors Athènes cessa d’être libre« .

Cette phrase aurait pu être écrite par un contemporain… et la société en question pourrait être la nôtre. Pourtant, Ed Gibbon est un historien britannique qui vécut au 18ème siècle, et la civilisation athénienne qu’il décrit connue son apogée au 5ème siècle avant J.-C.

2 500 ans nous séparent… mais l’histoire semble se répéter.

▪ La France a créé un Etat-Providence fabuleux
Un Etat-Providence auquel nous sommes tous attachés. Malheureusement, à l’image d’un enfant que l’on gâte au point d’en faire un enfant « déresponsabilisé » qui pense que tout lui est dû, trop d’Etat-Providence nous a probablement déconnectés des réalités, pour ne pas dire légèrement assoupis…

▪ L’idée originale est belle, généreuse…
… donner et partager sont probablement parmi les plus belles valeurs que l’Homme puisse développer ; et de loin… Mais dans le cas de notre Etat-Providence, un maillon du rouage nous aura été fatal : son financement. Nous ne créons collectivement pas assez de richesses pour entretenir notre bel édifice.

– Congés, 35 heures, RTT… nous ne travaillons plus assez, nous explique-t-on.

– Nous manquons d’entreprises fortes, exportatrices, rentables ; génératrices de revenus et de contributions fiscales… peut-on lire.

Un seul chiffre : les recettes fiscales allemandes pour l’année 2012 devraient atteindre 600 milliards d’euros ; à comparer avec nos dernières recettes fiscales qui étaient de quelque… 271 milliards d’euros l’an. Non, leur taux de prélèvement obligatoire n’est pas supérieur au nôtre, au contraire

– Comble de malchance, notre pyramide des âges s’inverse. Moins d’actifs, plus d’inactifs. L’équation déraille, les mathématiques sont implacables.

▪ Ne leur jetons pas la pierre…
Face à ce constat, nous aurions pu nous remettre vaillamment en question — à l’image de ce qu’ont fait les Allemands il y a 10 ans qui étaient confrontés aux mêmes problèmes que nous ; le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Il s’agit tout de même de sauver notre modèle social…

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Mais le courage et l’audace ont fait défaut à nos politiques (de tous bords). Ne leur jetons toutefois pas la pierre : nous avons les politiques que nous méritons. Notre pauvre démocratie n’est-elle pas rongée, phagocytée par le social-clientélisme ?

Nous avons donc courageusement préféré recourir à l’endettement perpétuel. Plus simple, non douloureux. Pour nos politiques, purs produits de l’Etat, cette solution présente en plus l’intérêt de ne pas voir fondre les prérogatives de l’Etat (57% du PIB sont des dépenses publiques. Notre Etat pèse aujourd’hui bien lourd…).

Sauf qu’à force d’endettement, arrive ce qui devait arriver…

▪ Notre heure aurait-elle sonné ?
A l’image de l’Italie à l’automne dernier ? Ou de l’Espagne ? Je n’en sais rien. Mais s’il est une chose dont je suis convaincue, c’est qu’au petit jeu de l’endettement perpétuel, nous y avons perdu notre liberté. A l’image d’Athènes la Grande.

Nous avons « vendu notre liberté » aux marchés, en échange d’argent sonnant et trébuchant, immédiatement dépensé. Sacrifiant systématiquement l’avenir au présent. Aujourd’hui, le diktat des marchés menace ; nous sommes pieds et poings liés, dépendants de leur bon vouloir et de leurs caprices.

Disons les choses telles qu’elles sont, même si nous n’avons pas envie de l’entendre : nous avons perdu notre souveraineté nationale, renvoyant dos à dos nos générations, et nous sommes en danger d’expiation. Il nous reste notre âme… ne la perdons pas.

▪ Le coeur de la mécanique se grippe
Notre dette est une fabuleuse pyramide de Ponzi. Mais aujourd’hui, la fuite en avant essentielle au maintien du système n’est plus possible ; les premières cartes du château plient, et l’édifice menace de s’effondrer sur lui-même.

Notre belle pyramide tablait sur leur infinie générosité des marchés, erreur magistrale… Nous pensions pouvoir vivre de mieux en mieux, en travaillant collectivement de moins en moins… nous n’y sommes pas parvenus

Nous pensions pouvoir indéfiniment « créer de toutes pièces » de la croissance à coups d’emprunts danaïdesques. Il nous faut aujourd’hui rembourser notre dette titanesque : 1 830 milliards d’euros tout de même, sans compter les engagements hors bilan de l’état dont on ne sonde même pas les abysses…

▪ « Quand tu tombes, relève-toi »…
… avait l’habitude de me dire mon grand-père. Il va nous falloir sortir de notre léthargie et nous relever. Nous avons le choix entre « faire faillite » ou « nous remettre en question ». Entre refuser la réalité ou l’accepter pour mieux rebondir. Il faudra très certainement faire des efforts (apprenez le sens de ce mot poussiéreux tombé en désuétude à vos enfants. Il leur sera utile…)

Sommes-nous seulement capables de discuter, de trouver un consensus national pour aller de l’avant et sauver notre modèle… ? N’attendez pas de le savoir. Mieux vaut prendre les devants, s’adapter, protéger votre patrimoine et être paré quelles que soient les circonstances…

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises le 26/10/2012.

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