▪ Est-ce que nous vous avons déjà dit où, selon nous, les Etats-Unis et d’autres pays développés se dirigent ? Non ?
Eh bien, les choses ne seront pas forcément aussi épouvantables. En quelques mots : la soif de PLUS se transformera en soif de MIEUX.
Oui, l’ère de la croissance facile est terminée. On ne gagnera probablement plus jamais autant d’argent en achetant des actions. Aux Etats-Unis, l’immobilier ne reviendra sans doute plus jamais à ses niveaux de 2005-2006. Et… ah oui, vous ne trouverez peut-être plus d’emploi.
Mais ce sont là les bonnes nouvelles. Nous traiterons des mauvaises nouvelles un autre jour. Aujourd’hui, nous nous en tiendrons aux bonnes. Les gens dans les pays développés arrêteront de penser sans arrêt au PIB, qui mesure la quantité brute d’activité économique. Ils se concentreront plutôt sur la qualité. Ils cesseront de réfléchir à leur niveau de vie, mesuré en dollar, en livre et en euro, pour se pencher sur leur qualité de vie. Ils cesseront de se battre pour tenter d’accumuler PLUS que leurs voisins ; ils voudront MIEUX.
Mais regardons d’abord ce qui est arrivé aux actions la semaine dernière… et le trimestre dernier. On n’a pas vu pire, pour les actions et les matières premières, depuis 2008. Dans le monde, les actions ont perdu 17% — soit environ 8 000 milliards de dollars. Les matières premières ont été mises à mal elles aussi — le cuivre a surpris les experts en chutant plus qu’ils le prévoyaient. Bien entendu, les experts sont toujours surpris. C’est ce qui fait d’eux des experts.
Mais la chute du cuivre est significative. Parce que le cuivre, c’est ce que les producteurs utilisent pour fabriquer des choses. Quand on construit un réfrigérateur, on a besoin de cuivre. Idem pour un téléphone. Ou une voiture. Ou tout le reste ou presque. Par conséquent, quand le cuivre baisse, il envoie un message : l’économie ralentit. Il est très probable que le monde entier ralentisse. Et les Etats-Unis seront de retour en récession ce trimestre. Sur les trois derniers mois, la croissance du PIB US atteignait 1,3%. Ce trimestre, elle sera probablement négative.
Non que ça ait une importance particulière. Il est probablement plus exact de dire que l’économie n’est jamais entièrement sortie de la récession de 2007-2008. Mais quel que soit l’angle que l’on prenne, l’économie américaine commence à ressembler à l’économie du Japon dans les années 90 et 2000. Une récession par intermittences… avec une politique de taux zéro… des rendements bas… et un gouvernement qui accumule des déficits gigantesques pour empêcher l’économie de rendre l’âme.
Oui, cher lecteur, le monde est bien plus pauvre qu’il l’était en juin. Mais à l’époque, les gens pensaient encore que l’équipe Bernanke mettait en place une « reprise ». Nous savons aujourd’hui que les espoirs de reprise n’étaient que des fantasmes. Ce n’est pas une économie qui peut se remettre. Elle doit mourir. Une nouvelle économie prendra alors sa place.
▪ Le PLUS est mort. Vive le MIEUX.
Partout où nous regardons dans le monde développé, le PLUS ne paye plus.
On ne peut pas vendre plus de produits parce que la croissance de la population ralentit… voire décroît.
On ne peut pas construire de plus grandes maisons — qui a l’argent pour les acheter… ou les chauffer ?
Les grosses voitures sont elles aussi hors de question — le prix du carburant grimpe. Durant les 200 premières années de l’ère mécanique, nous avions les ressources énergétiques de la planète quasiment à nous seuls. Elles étaient proches… et bon marché. A présent, elles sont profondément enfouies… lointaines et difficiles… et nous sommes en concurrence avec trois milliards de personnes sur les marchés émergents.
Vous pouvez oublier l’idée d’utiliser plus d’énergie pour faire croître votre économie. Cette formule a marché pendant 200 ans. A présent, nous avons dépassé le point de rendement décroissant. Si l’on augmente la quantité d’énergie — à des prix plus hauts — ça ne paie plus.
On ne peut pas dépenser plus d’argent — parce qu’on ne peut pas en avoir plus. On ne peut pas non plus en emprunter plus, puisqu’on n’a pas les moyens de rembourser.
Ainsi, le monde développé change… passant du PLUS au MIEUX. C’est très clair en Europe. Les gens ne se soucient pas nécessairement d’avoir plus de choses. Ou plus d’énergie. Ni même plus d’argent. Ils cherchent le moyen d’économiser ce qu’ils ont… et de mieux en profiter. Ils ne veulent pas une maison plus grande… ils veulent une meilleure maison. Ils ne veulent pas plus de nourriture… ils veulent de la meilleure nourriture. Ils ne veulent pas plus d’argent… ils veulent une meilleure qualité de vie avec plein de vacances !
Le problème, c’est que les institutions qui se sont développées ces 200 dernières années dépendent de PLUS, non de MIEUX.
La France, par exemple, peut accorder à ses citoyens une retraite plus longue et plus de soins de santé — mais uniquement quand l’économie se développe. Sinon, ils ne peuvent pas se le permettre. Evidemment, les autorités peuvent taxer les riches. Mais à mesure que les impôts grimpent, les riches fuient… ou deviennent pauvres ! Lorsque cette réserve est épuisée, les dirigeants peuvent taxer l’avenir. D’abord, c’est facile. Parce que les bébés ne votent pas ! Mais lorsque l’approvisionnement en nouveau-nés s’épuise, le gouvernement ne tarde pas à avoir des problèmes. L’avenir se retrouve à court d’argent. Les prêteurs voient bien ce qui arrive. Ils savent que les générations à venir ne pourront pas suivre — et ne le voudront pas. Le modèle ne fonctionne plus, dans ce cas.
Sans croissance, les gouvernements doivent limiter leurs dépenses à ce qu’ils peuvent obtenir grâce aux impôts. Mais ensuite, toute l’affaire tombe en ruines. Les gouvernements modernes dépendent de PLUS… obtenir de plus en plus de recettes fiscales… augmenter les allocations… emprunter de plus en plus d’argent… et dépenser plus. Les électeurs doivent croire qu’ils recevront plus d' »avantages » qu’ils ne paient de taxes. Mais sans croissance, ils recevront moins d’allocations que ce qu’ils paient en impôts collectivement. Parce que le gouvernement est une affaire parasite et gaspilleuse. Elle n’augmente pas le PIB, elle le réduit. Et lorsque le PIB stagne en plus, le poids d’un gouvernement sangsue peut être plus que les gens ne peuvent en supporter.
Les ménages, les entreprises, les économies… et les gouvernements… seront forcés de faire la transition, passant du PLUS au MIEUX. Combien de gouvernements, parmi les grandes économies développées, survivront sous leur forme actuelle ?
Aucun, selon nous.
Et lequel a le MOINS de chances de survivre ? Les Etats-Unis.
Parce que les Etats-Unis sont les seuls à croire encore que PLUS est la solution à tous les problèmes.
L’économie mondiale est en plein ralentissement. L’Europe essaie l’austérité. Les Etats-Unis s’en tiennent au PLUS. Aucun effort sérieux n’a été consenti pour réduire le budget gouvernemental américain. Les économistes US affirment qu’il faut plus de dépenses, non moins. Et le dernier programme d’Obama sur l’emploi n’est rien de plus qu’un gigantesque plan déficitaire.
Les Etats-Unis ont également une confiance démesurée dans la force militaire. Leur solution à tout problème géopolitique ? Plus de force… plus d’armes… plus d’ingérence.
Et c’est là la fin des bonnes nouvelles.