La Chronique Agora

Crise : un casse-tête insoluble

inflation

Inflation ou déflation ? Les autorités politiques et économiques doivent se battre sur deux fronts – et elles n’ont que de mauvaises armes, obsolètes et inadaptées.

Les données concrètes brossent un tableau économique où l’inflation est faible, de même que la création d’emplois, où le taux d’épargne est élevé, et la croissance du PIB ne sera que faible, à l’avenir.

L’émission d’argent frais ne fonctionne pas, car l’épargne est élevée et la vélocité est en baisse.

Les dépenses financées par le déficit ne fonctionnent pas car la dette est déjà trop importante, et les Américains vont épargner en anticipant de futures hausses des impôts ou de l’inflation, ou les deux.

C’est un casse-tête que la plupart des économistes ne comprennent pas et que la Fed et la Maison-Blanche ne comprennent vraiment pas.

La raison en est simple : ils travaillent avec des modèles obsolètes ou simplement erronés selon lesquels l’émission d’argent frais provoque l’inflation et les dépenses financées par le déficit sont stimulantes.

Ces deux suppositions sont fausses. Ce qui se passe, c’est que certaines dynamiques inflationnistes (l’émission d’argent et les dépenses financées par le déficit) luttent avec certaines dynamiques déflationnistes (la démographie, les technologies, le fardeau des dettes et l’épargne préventive).

Une stratégie vouée à l’échec

J’ai commencé à aborder ce sujet il y a dix ans, dans mon premier livre, Currency Wars, dont je vous copie ci-dessous un court extrait :

« La Fed tente de gonfler le prix des actifs, des matières premières et les prix à la consommation, afin de compenser la déflation naturelle qui suit un krach. En gros, elle s’est engagée dans un jeu de tir à la corde contre la déflation qui accompagne normalement une dépression économique.

Comme dans le jeu de tir à la corde traditionnel, il ne se passe pas grand’chose au départ. Les équipes sont réparties équitablement et il n’y a pas de mouvement, pendant un moment, juste énormément de tension sur la corde. Et puis un côté finit par s’effondrer alors que l’autre traîne les perdants au-delà de la ligne pour revendiquer la victoire.

Voilà l’essence du pari de la Fed. Elle doit provoquer l’inflation avant que la déflation ne domine : elle doit gagner au jeu du tir à la corde. »

Cette citation illustre deux concept cruciaux. Le premier, c’est qu’une série temporelle de taux d’inflation moroses ne signifie pas que nous nous trouvons dans un équilibre stable. En fait, le système est extrêmement instable, mais les dynamiques de l’inflation et de la déflation luttent l’une contre l’autre de façon égale pour l’instant.

L’intérêt de l’analogie avec le jeu de tir à la corde a pour vocation d’illustrer une situation où la corde (inflation/déflation) ne bouge pas mais où la tension (dans les directions opposées) est énorme. Cela ne durera pas.

L’autre concept n’a pas beaucoup changé depuis dix ans. La citation ci-dessus a été rédigée en 2011 mais aurait pu l’être hier, et s’appliquer entièrement.

Le monde veut de la déflation. Mais comme les banques centrales ne peuvent pas en avoir, elles impriment de l’argent à profusion. Aucun côté ne gagne, à court terme. Les prix ont l’air stables. Pourtant, on se rapproche du point où l’un des côtés va s’effondrer, l’autre côté prendra le pas et, soit l’inflation, soit la déflation, dominera.

Alors, inflation ou déflation ?

L’inflation sera contenue à court terme, non seulement en raison des compensations déflationnistes fondamentales décrites, mais également en raison des mesures coûteuses prises par le gouvernement Biden.

Parmi elles, il y a l’arrêt du développement des activités pétrolières et gazières, une hausse de la fiscalité, davantage de réglementation, des frontières ouvertes amenant de la main-d’œuvre bon marché, la hausse du salaire minimum (qui détruit des emplois existant et échappe aux immigrés clandestins) et le New Deal environnemental, qui va faire augmenter les coûts de l’énergie.

Rien de tout cela ne signifie que l’inflation est « morte ». Elle ne fait que sommeiller.

Après 2021, nous pourrions constater les taux d’inflation les plus élevés jamais enregistrés depuis les années 1970, et cette inflation pourrait persister pendant des dizaines d’années.

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