La Chronique Agora

Des conseils de 1929 à garder en tête aujourd’hui…

▪ Cinquante ans après la crise de 1929, un groupe de gestionnaires de portefeuilles et de chercheurs en économie a rassemblé une série d’écrits portant sur ce sujet. Il en est résulté un condensé de sages préceptes d’investissement qu’il serait fort bien venu, selon moi, de relire aujourd’hui.

Le titre de l’essai d’Arthur Zeikel, un des auteurs qui travaillait à l’époque chez Merrill Lynch, résume le thème de toute la collection : "Après 50 ans, rien de nouveau". Cela pourrait être décourageant mais ce ne devrait pas être le cas parce que cela signifie que les événements obéissent à un schéma identifiable, un schéma que nous pourrions utiliser.

A propos de la crise de 29, Zeikel écrit :

"Les variations des cours des actions et le comportement des investisseurs avant et après la crise ne présentent aucune discontinuité avec le schéma général de la façon dont les marchés ont toujours fonctionné".

En d’autres termes, on aurait dû voir venir la crise. Zeikel ne dit pas exactement cela. Certes, personne n’aurait pu prévoir avec certitude quand débuterai la crise de 29. Mais "les conditions favorisant un tel tournant étaient très évidentes pour ceux qui voulaient bien les voir".

Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.

Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !

Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.

 

Sommes-nous actuellement dans l’une de ces périodes sur laquelle les futurs investisseurs se pencheront plus tard et sur laquelle ils diront "ils auraient dû voir venir la crise" ?

Zeikel écrit avec la confiance d’un homme qui jette un regard en arrière sur des événements qui ont déjà eu lieu. Les gens de 1929 n’auraient peut-être pas été d’accord avec lui. Quand bien même, en relisant cette collection d’écrits, on se pose la question : sommes-nous actuellement dans l’une de ces périodes sur laquelle les futurs investisseurs se pencheront plus tard et sur laquelle ils diront "ils auraient dû voir venir la crise" ?

J’ai comme l’idée que la réponse est oui.

▪ Peut-on prédire l’avenir ?
Zeikel ne donne aucune règle sur la façon de détecter le tremblement de terre avant qu’il n’ait lieu. Pour lui, les prévisions économiques ne sont d’aucune aide en la matière. C’est là un point de vue que je partage pleinement et je ne cesse de le dire et le redire.

Cela vaut la peine de le répéter puisque les investisseurs se focalisent encore trop sur la prédiction des vents économiques.

Disons juste que cela n’a aidé personne en 1929.

A la place, Zeikel décrit comment le marché varie en fonction d’attentes enracinées dans les expériences récentes. Les tendances deviennent auto-affirmatives et nous devenons de plus en plus aveugles à ce qui va à l’encontre du statu quo :

"[Les investisseurs] ont du mal à évaluer le mécanisme des forces antagonistes ; le changement et la dynamique restent des concepts très mal compris. La plupart des investisseurs ont une tendance naturelle à se cramponner à la trajectoire dans laquelle ils sont actuellement engagés".

Lorsqu’une tendance devient largement acceptée, elle devrait être d’autant plus remise en question

Pour cette raison, les investisseurs peinent à voir la fin et le commencement de nouvelles tendances. Ici, le conseil de Zeikel est bon : lorsqu’une tendance devient largement acceptée, elle devrait être d’autant plus remise en question.

Toutefois, même si on se trompe, il existe une sortie simple : la patience.

▪ Il faut savoir attendre
L’essai de Peter L. Bernstein souligne cela de façon frappante : supposons que vous avez acheté le Dow Jones en 1924 et que vous l’avez gardé contre vents et marées jusqu’en 1936. Dans ce cas, votre rendement annuel aurait été de 7,6% avant impôts. Je trouve ce rendement étonnamment bon pour une période qui inclut la Grande Dépression.

"Même si nous choisissons une année moins agitée que 1936", continue Bernstein, "et que nous allons jusqu’en 1939, le rendement total s’élève encore à près de 6% en valeur nominale. Ce sont là des rendements plus qu’honorables, en particulier lorsqu’ils sont ajustés à la déflation qui les accompagne". Le coût de la vie a chuté de 2% par an dans les années 1930.

Non seulement cet exemple montre l’avantage qu’il y a à garder ses titres mais aussi que les rendements du marché cadrent moins parfaitement dans le récit économique que la plupart d’entre nous ne le pensons. De grandes variations boursières peuvent avoir lieu apparemment indépendamment de l’économie. Raison supplémentaire de ne pas trop se focaliser sur l’économie.

Le marché lui-même devrait être le centre d’attention. Or, le marché fonctionne de façon perverse. Lorsque les attentes sont élevées, les rendements futurs sont bas ; lorsque les attentes sont faibles, les rendements futurs sont élevés. C’est pour cela que Zeikel écrit : "tenir bon et aller à contre-courant de la masse [est] probablement la seule qualité qui importe pour le succès à long terme dans l’investissement".

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile