Cher lecteur,
Pourquoi la monnaie n’existe-t-elle plus officiellement que sous forme de crédit ?
Pourquoi avoir abandonné tout lien avec l’or ? Face au surendettement mondial, la question se pose.
Bill Bonner pense que le crédit est la forme de monnaie qui convient le mieux au Deep State et que l’ancien patron de la Fed, Alan Greenspan, l’a adopté sans réserve pour cette simple raison.
Mais qu’est-ce que le Deep State ?
N’est-ce pas encore une théorie du grand complot avec d’épouvantables « ils » armés d’intentions aussi sombres que secrètes ?
Pas du tout.
Le Deep State n’est pas un Etat dans l’Etat. Il n’a pas de cellules secrètes se rencontrant de nuit, pas de conjurés aux tatouages mystérieux. Le Deep State résulte simplement de la diffusion de la pensée d’une élite. Cette élite influence et oriente les prises de décisions des gouvernants (Notre collègue américain, Jim Rickards, consultant pour la CIA, explique d’ailleurs régulièrement dans Intelligence Stratégique comment les élites et les gens au pouvoir interagissent et s’entendent).
Pour palper le Deep State, il faut donc comprendre le mode de pensée qui anime cette élite. Pour faire partie de l’élite et atterrir au journal télévisé ou en Une des magazines, il faut avoir des idées qui plaisent. Peu importe qu’elles soient justes ou non. La plupart des gens aiment le pouvoir et l’argent ; l’élite a donc des idées sur l’argent et la monnaie.
En général, les idiots confondent monnaie et richesse. C’est une opportunité pour l’élite qui va pouvoir expliquer que la quantité de monnaie est un paramètre très important –et qu’elle seule a des idées sur son dosage précis.
Pourtant, n’importe quelle économie – système qui consiste à échanger quelque chose contre quelque chose, rappelons les bases – s’ajuste parfaitement à une quantité de monnaie, quelle qu’elle soit.
Mon père a vécu dans une île de l’ancien empire colonial français. Celle île a un jour manqué de monnaie. Les gens ont collé des timbres de la République Française sur des bouts de carton et la vie a continué comme avant jusqu’au jour où un bateau est arrivé de la Métropole chargé de pièces et billets.
Cependant, si vous voulez appartenir à l’élite, il est plus intéressant pour votre carrière de promettre beaucoup de monnaie.
De ce point de vue, l’idée d’une monnaie n’existant que sous forme de crédit ne présente que des atouts.
Pour les banquiers, c’est une manne extraordinaire. En effet, un banquier est un marchand de crédit. En théorie il achète de l’argent (celui des déposants qu’il rémunère) et il le revend (il le prête à intérêt supérieur). Si vous dites à un marchand qu’il n’a plus besoin d’acheter sa marchandise, ce marchand va adorer votre théorie.
Pour les politiciens avides de dépenses pour le « bien public », la multiplication possible du crédit est aussi, comme pour le marchand, une aubaine.
Dans ces conditions, la théorie keynésienne qui dit que 1 de dépense publique conduit à 1x de revenus supplémentaires peut-être appliquée sans limite. (J’écris « x » car le chiffre n’a jamais été précisé par ce brillant théoricien).
Une bonne théorie pour le Deep State n’a pas besoin d’être prouvée par des chiffres empiriques. Si vous dites à vos électeurs potentiels que vous savez comment multiplier gratuitement ponts, routes, réseaux et allocations diverses… vous allez recueillir des voix. Gratuitement car vos électeurs n’auront pas à en payer le prix immédiat sous forme d’impôts : votre gouvernement empruntera.
Si vous avez des idées impopulaires, vous n’avez aucune chance de faire partie un jour du Deep State. Vous serez traité de réactionnaire, d’incompétent…
La revue trimestrielle de Hoisington Investment Managementvient de publier un article (pas encore en ligne) signé de Lacy Hunt sur le multiplicateur keynésien.
Aux Etats-Unis, les dernières recherches universitaires montrent que le « multiplicateur » keynésien serait en réalité… comment dire – un diviseur.
1 dollar supplémentaire de déficit, de dépense publique, donnerait en réalité une baisse de 0,01 dollar du PIB.
Oups, quelle idée épouvantable qui fleure l’austérité !
Réapprendre à vivre selon ses moyens, à dépenser ce qu’on a déjà gagné n’est vraiment pas une idée Deep-State-compatible.
Attendez-vous plutôt à entendre le Deep State réclamer le décollage des helicopters money larguant du crédit gratuit : les économistes indignés, les candidats populistes ou sécessionnistes,… Plus de crédit gratuit, plus de crédit pour le peuple !
Mais il se produit une chose étrange, bizarre : la zizanie monte au sein du Deep State.
Banquiers et assureurs sont inquiets. Les premiers car ils ne font plus de marge en vendant du crédit gratuit. Les seconds car ils ont du mal à expliquer à leurs clients que la vraie épargne qu’ils leur ont confiée ne pourra pas leur être rendue dans un monde de taux négatifs.
Votre contrat d’assurance-vie résistera-t-il aux taux négatifs ?