▪ J’ai un conseil à vous donner, cher lecteur. Restez loin des actions et des obligations. A la place, recherchez des choses dont la valeur est réelle : de l’immobilier rentable, des antiquités, des choses qui vous rapportent de l’argent, des choses agréables à posséder
De l’or aussi !
L’or ne rapporte rien. Sa valeur n’augmente pas avec le temps (même si son prix, en papier monnaie, peut augmenter et diminuer). Toutefois, il ne perd pas de valeur non plus.
Voici quelques conseils supplémentaires : éteignez la télé, mangez moins, cultivez un jardin, utilisez du fil dentaire, appelez votre mère et n’oubliez pas de changer le filtre de votre chaudière.
Pourquoi tant de conseils ? Parce que je pense que quelque chose de mauvais va arriver. En vérité, je pense que les mauvaises choses sont déjà en train d’arriver… et que des choses pires vont commencer à arriver.
Et comme d’habitude, lorsqu’il s’agit de mauvaises choses, mon regard se tourne vers l’Argentine pour comprendre et apprendre. La semaine dernière, le ministre de l’Industrie argentin Débora Giorgi a déclaré que « tandis que l’industrie dans les principales économies mondiales montre une timide reprise qui reste en dessous des niveaux d’avant crise ou, dans certains cas, un fléchissement encore plus fort, les économies d’Amérique du Sud bénéficiant de politiques gouvernementales actives se redressent rapidement. »
Oui, cher lecteur, grâce aux « politiques gouvernementales actives » l’Argentine est un modèle pour le reste du monde. Son industrie est 10% supérieure au niveau d’avant-crise, selon le ministre.
Ce qu’elle a oublié de mentionner c’est que l’inflation est galopante, peut-être à 35% par an… une autre conséquence de « politiques gouvernementales actives. » Le ministre de l’Economie argentin Hernán Gaspar Lorenzino affirme que le pays a prouvé qu’il pouvait dépasser toutes les prévisions (et, de toute évidence, les lois de l’économie) : « Au cours des cinq dernières années, on nous a noté comme un pays en crise et on prévoyait que le pays allait imploser d’un instant à l’autre, mais cela n’est pas arrivé. »
Il aurait pu ajouter : « Du moins, pas encore. » Ou peut-être il aurait pu simplement ajouter : « mais cela n’est pas arrivé. Il aurait ensuite décrit les faits avec précision. Au lieu de cela, il a lancé un défi à la fois aux dieux et aux spéculateurs.
Mais c’est pour cela que nous vous donnons tant de conseils. L’Europe, l’Amérique et le Japon auraient pu imploser à tout moment, eux aussi, au cours des cinq dernières années. Que cela ne soit pas encore arrivé ne nous conduit pas à conclure que cela ne sera jamais le cas… mais seulement que le jour du jugement approche.
Par exemple, avez-vous jeté un coup d’oeil aux actons chinoises récemment ? Le Shanghai Index chute fortement…
Naturellement, cela pourrait ne rien vouloir dire. Ou cela pourrait signifier que le miracle économique chinois n’est pas si miraculeux que cela. Les Chinois sont des êtres humains, eux aussi… et sont soumis aux mêmes péchés et à la même stupidité que le reste de l’humanité.
Et puisqu’ils opèrent à une échelle si large, puisque la planification centrale est si prépondérante dans les décisions d’allocations de capitaux en Chine, nous pouvons en toute certitude supposer que, à un certain stade, la Chine va fortement se tromper.
Et puis arrive le « Grand Espoir Rouge » du monde développé… son soi-disant « moteur de croissance » qui maintiendra en marche le moteur de l’économie mondiale.
Les économies développées ont toutes traversé des perturbations depuis cinq ans. Et il n’y a aucune raison d’être optimiste. Alors que les politiques gouvernementales actives en Chine mettent en place une nouvelle catastrophe, des politiques gouvernementales actives aux Etats-Unis, en Europe et au Japon aggravent les anciennes catastrophes.
Nous sommes à la fin août. Les feuilles jaunies tombent des arbres fatigués par l’été… un vent frisquet souffle sur les prés jusqu’à ma véranda…
La lumière est plus basse, plus dorée… plus douce qu’en juillet…
Bientôt nous serons en septembre. Les traders seront de retour au travail. Les investisseurs rangeront leurs bermudas, rechausseront leurs lunettes et reprendront leurs réflexions.
Que découvriront-ils ? Les problèmes qui ont provoqué une crise en 2008-2009 ont-ils disparu au cours de l’été ? Les banques européennes sont-elles devenues solvables ? Les Etats-Unis ont-ils résolu leur « mur budgétaire » ? Existe-t-il un moyen pour l’Etat Providence/militaire moderne de faire une transition propre dans un monde à la croissance faible ? Qu’arrivera-t-il à la dette américaine d’une valeur de 21 100 milliards de dollars et aux dettes non financées des administrations ? Pourquoi un QE3 fonctionnerait-il mieux qu’un QE2 ou qu’un QE1 ? Et dans quel but, de toute façon, essayer de désintoxiquer une économie plombée par la dette en y injectant encore plus de crédits ?
Toutes ces questions vont sans doute conduire le pauvre investisseur à s’asseoir… à se verser un verre… et à décrocher son téléphone.
Avec les effets de l’inflation, notre pauvre homme a perdu de l’argent dans les actions depuis au moins ces 10 dernières années. S’il a fermé et ouvert des positions, s’il a été balayé par l’engouement pour Facebook ou toute autre introduction en Bourse hypermédiatisée, il est probablement encore plus déprimé et en a probablement assez de tout ça.
En outre, le petit propriétaire a également vu ses revenus diminuer. Ils ont baissé de près de 10% au cours de la dernière décennie. Selon le New York Times :
« Les Américains proches de l’âge de la retraite ont souffert de manière disproportionnée après la crise financière : non seulement la valeur de leur maison — qui avait pour but de garantir leur vieillesse — a diminué mais en plus leurs revenus ont fortement chuté. »
« Le revenu moyen des ménages pour des personnes âgées entre 55 et 64 ans est presque 10% inférieur en dollars actuels qu’il ne l’était lors du début officiel de la reprise il y a trois ans, selon un rapport récent publié par Sentier Research, une entreprise d’analyse de données spécialisée dans les données démographiques et sur les revenus. »
« A travers le pays, les Américains gagnent aujourd’hui moins qu’en juin 2009, lorsque la reprise a techniquement débuté. En juin, le revenu moyen des ménages pour la totalité des Américains était de 50 964 dollars, soit 48% inférieur par rapport à son niveau trois ans auparavant, lorsque le revenu moyen ajusté en fonction de l’inflation était de 53 508 dollars. »
« Le déclin semble encore s’aggraver lorsqu’on compare les revenus actuels à ceux de l’époque, lorsque la récession a commencé en décembre 2007. Le revenu moyen des ménages s’y élevait à 54 916 dollars, ce qui signifie que les revenus ont chuté de 7,2% depuis le dernier fléchissement de l’économie. »
Voyons…
- L’économie mondiale connaît un ralentissement… et entre peut-être dans une période de récession mondiale.
- Les indicateurs de « redressement » ont été largement illusoires
- Les QE et autres efforts de « stimulus » ont été inefficaces
- La Chine marque le pas… avec peut-être un effondrement à la clé
- Les Etats-Unis devront faire face à un « mur budgétaire » dans quatre mois
- L’investisseur moyen perd de l’argent dans les actions depuis 10 ans voire plus
- La maison du propriétaire américain, son actif le plus important, a perdu de sa valeur
- Il a également moins de revenus qu’il y a quatre ans
En réfléchissant à tout cela, l’investisseur réagira probablement ainsi :
« Vendez » dira-t-il sans doute à son courtier. « Entre aujourd’hui et la fin de l’année, je ne vois que des problèmes. Je me retire jusqu’à ce que les élections soient passées. Peut-être même jusqu’en 2013. »