La Chronique Agora

Congrès US et Fed : qu’il est doux de jouer à se faire peur

▪ Ah le doux frisson que de jouer à se faire peur lorsque l’on sait par avance que la Fed est prête à noyer n’importe quel petit départ d’incendie budgétaire sous des flots de liquidités.

Et quoi ? Il ne manque que quelques malheureux milliards pour boucler le budget !

Il est simplement question d’étendre le plafond de la dette vers 17 000 milliards de dollars (en regard d’un PIB estimé autour de 20 000 milliards) alors que le Japon est déjà rendu à 250% de dette/PIB.

Cela nous donnerait du 50 000 milliards de dollars pour les Etats-Unis — il y a encore de la marge !

Et puis même si le Congrès US autorise un dépassement de 100 milliards… La Fed ne sait même pas, aujourd’hui, si elle va imprimer encore 1 000 milliards de plus, ou 2 000… et pourquoi pas 3 000 si l’on confiait les rênes de l’institut d’émission à M. Rosengren de 2014 à 2018 !

Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites, disait Pierre Dac.

Et voilà que John Boehner, le porte-parole du camp républicain, s’empressait jeudi midi –alors que Wall Street perdait plus de 1% — d’indiquer que lui et ses partenaires du Tea Party ne rejetaient pas une certaine « flexibilité » du plafond des dépenses fédérales.

La stratégie qui consiste à repousser éternellement la date du constat de la faillite d’un pays a fait ses preuves. Parallèlement, les injections monétaires ont fait la preuve de leur inefficacité — puisque cet argent est confisqué par les 1% qui profitent de ce système en décomposition.

▪ Retour en 1929
Ne rien résoudre, aggraver le mal et se gaver au passage, avouez que le contexte économique n’a jamais été aussi distrayant aux Etats-Unis depuis 1929.

Il existe en fait plusieurs points communs. Les 1% les plus nantis possèdent plus de 20% de la richesse nationale et plus de 40% de celle existant sous forme de valeurs mobilières.

Ces 1% possèdent également les médias afin de contrôler au mieux l’opinion. Ils font danser les politiques au bout de leurs grosses ficelles financières… et pensent que leur mode d’enrichissement « multi-bulles » est éternel puisque la banque centrale est de leur côté.

Ils sont convaincus que leurs partenaires économiques vont continuer d’accepter d’être payés en monnaie de singe. Après tout, c’est comme ça depuis 40 ans… et il n’y a pas de monnaie alternative. Ne nous parlez pas de l’euro : une attaque spéculative bien menée contre l’Italie puis contre la France et il cesserait d’exister en quelques jours, ou au mieux quelques semaines.

Notre monde est comme une gigantesque partie d’échecs financiers : quand deux adversaires sont de force égale, les manches se soldent souvent par des « nulles ».

Pour attaquer, il vaut mieux posséder les blancs (et les Etats-Unis ont le dollar, ce qui revient un peu au même)… mais gare au « contre » si le matériel est trop dispersé.

Les Etats-Unis multiplient les provocations avec leur planche à billets depuis quatre ans mais ils n’ont encore suscité aucune riposte virulente. Pire : la Banque d’Angleterre applique la même stratégie et le Japon met double dose.

La BCE, quant à elle, ne dit rien qui puisse indisposer l’Allemagne… Toutefois, elle continue d’imprimer clandestinement en chargeant les banques des pays du sud (en survie artificielle) d’écouler discrètement la fausse monnaie loin des yeux (et dans le dos, pour être plus explicite) des juges de la cour constitutionnelle de Karlsruhe.

▪ En attendant, sur les marchés…
Il semblerait qu’une certaine inquiétude commence à s’installer durablement quand même. Le S&P 500 a aligné sa neuvième séance de baisse sur 11 — chutant de 0,90% pour arriver à 1 678,66 points. Le Nasdaq a perdu 1,07%, clôturant à 3 774,34. Le Dow Jones est quant à lui repassé sous les 15 000, une barrière hautement symbolique… perdant 0,90% à 14 996,48 points.

Et le VIX — le fameux indice de la peur — a enregistré une hausse de 6,2%, à 17,65… touchant même en séance un sommet depuis juin à 18,71. A suivre de près…

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