A l’heure de la désinformation, qui écouter, qui croire et que penser ?
Voici l’histoire du XXIe siècle, racontée par un pécheur.
Oui, selon de nombreux lecteurs, nous avons erré et nous nous sommes égarés tel un agneau esseulé. Nous n’avons pas su voir comment Internet et les dot.com allaient nous rendre tous riches. Et puis, nous ne nous sommes pas levés pour applaudir l’administration Bush lorsqu’elle a annoncé l’invasion de l’Irak.
Si vous n’adhérez pas pleinement au dernier délire populaire, vous risquez d’être qualifié de « négationniste », de traître ou d’antisémite.
En 2002, par exemple, tout le monde savait que Saddam Hussein était une ordure et qu’il possédait des « armes de destruction massive » ; tout le monde le disait. Mais ce n’était pas le cas. Et ce n’était pas la première fois que le public américain était induit en erreur par son propre gouvernement et ses médias de propagande.
Au début de la première guerre mondiale, on a dit aux Américains que les Allemands tuaient des bébés belges avec leurs baïonnettes, violaient des religieuses en masse et coupaient des mains par milliers. Naturellement, l’opinion publique s’est rapidement déchaînée contre tout ce qui était d’origine allemande. Mais lorsqu’une commission a été chargée d’enquêter sur ces accusations, elle n’a pas trouvé de main manquante et n’a identifié aucun rapport crédible de viol ou d’infanticide.
Toujours dans le doute
De même, lorsque l’Irak a envahi le Koweït, l’indignation a atteint son paroxysme aux Etats-Unis quand une jeune fille a déclaré avoir vu des soldats irakiens sortir des bébés prématurés des couveuses et les jeter par terre pour les tuer. Il s’est avéré par la suite que ce n’était pas vrai. Le gouvernement du Koweït avait engagé le cabinet de consultants américain Hill & Knowlton pour déformer l’histoire au profit des médias américains. Les médias de propagande se sont emparés de l’histoire, fournissant une raison valable pour que les Etats-Unis soient impliqués dans la guerre. Là encore, mission accomplie.
Le mois dernier, on nous a dit que des terroristes avaient décapité des bébés israéliens. Joe Biden l’a confirmé. Le Times of Israel a rapporté les faits :
« Le bureau de Netanyahou publie des images atroces de bébés assassinés par le Hamas
Le cabinet du Premier ministre a déclaré que les photos diffusées étaient en partie celles qui avaient été montrées jeudi au secrétaire d’État américain Antony Blinken, ajoutant qu’il s’agissait ‘d’images difficiles à voir de bébés assassinés et brûlés par les monstres du Hamas’. Le Hamas n’est pas humain. Le Hamas, c’est ISIS. »
Que s’est-il réellement passé ? Selon Reuters, les photos ne montrent aucun bébé décapité. Les experts médico-légaux ont fait remarquer que lorsque l’on fait exploser quelque chose, les têtes, les bras et les jambes ne restent pas intacts. Snopes.com conclut un rapport sur le sujet :
« De nombreuses questions sur la violence restent en partie sans réponse, car les journalistes ont un accès limité à de nombreuses régions d’Israël et de Palestine en raison des menaces de sécurité et des brigades militaires.
Oren Ziv, journaliste de l’organe de presse israélien de gauche +972 Magazine, est l’un des rares à y avoir eu accès. […] Il a partagé sur X un compte rendu différent de ce qu’il a entendu de la part des soldats. Sur le sujet des rapports sur les enfants décapités, il a déclaré : ‘Nous n’avons vu aucune preuve de cela, et le porte-parole ou les commandants de l’armée n’ont pas non plus mentionné de tels incidents.' »
Que penser ? Qui croire ?
Éléphants sacrés
Pendant les années Trump, certains de nos lecteurs américains se sont acharnés sur nous, pensant que nous ne voyions pas à quel point le président était génial. Ils pensaient qu’il allait redonner sa grandeur à l’Amérique, comme il l’avait lui-même annoncé. Mais les politiques de Trump étaient à l’opposé de celles dont nous avions besoin. Les Etats-Unis ont des problèmes, et ces problèmes ne peuvent être résolus par plus de puissance de feu et plus de dettes.
Et puis est arrivé Joe Biden. Malgré tout le tumulte de la politique américaine, ce qui est remarquable, c’est que les politiques mises en place n’ont guère changé. Chaque branche du gouvernement a continué plus ou moins comme avant, sans être dérangée par le nouveau régime. Les dépenses militaires ont augmenté, quel que soit le gouvernement en place. Et les déficits se sont creusés.
En 2022, les Etats-Unis ont finalement poussé la Russie à déclarer la guerre à l’Ukraine, puis ont bloqué tout processus de paix entre les deux pays. Cette année, ils ont tourné leur regard vers la Méditerranée orientale, où ils « se tiennent aux côtés d’Israël » et résistent aux appels au cessez-le-feu.
Pour la presse américaine – et pour nombre de nos chers lecteurs –, les Etats-Unis ne font que remplir leur rôle de leader d’un monde libre. Mais les points ne s’alignent pas, selon nous. L’empire dégénéré se rapproche plutôt d’une fin honteuse : l’inflation et la guerre, entachée de crimes de guerre.
Approbation générale
Les Etats-Unis sont sur la pente descendante depuis près d’un quart de siècle. Les gens ont appris leur rôle. Les députés ne prétendent plus équilibrer le budget. Ils ne se soucient d’ailleurs pas du tout des budgets. Ils se contentent de passer d’un plafond d’endettement… et d’un projet de loi de dépenses… à un autre. Pendant ce temps, les sénateurs ne débattent plus des avantages et des inconvénients de nos garnisons à l’étranger, mais cèdent leurs responsabilités à une élite exécutive toute puissante. L’administration Biden – aidée et encouragée par les lobbyistes, les donateurs et les médias – prend les décisions.
De retour de la guerre et après maints échecs militaires – en Irak ou en Afghanistan –, les généraux sont traités comme des grands sages. Après chaque tir d’artillerie, ils se sont présentés devant les caméras pour expliquer pourquoi le besoin de plus de puissance de feu, de plus de dépenses… et de plus d’ingérence… répond à l’intérêt national. Ensuite, ils encaissent leurs chèques de Raytheon ou de General Dynamics et attendent la prochaine flambée.
Le rôle des masses consiste simplement à montrer un signe d’approbation.
Chacun joue son rôle du mieux qu’il peut. Même les cyniques et les opposants ont leur rôle à jouer. Marcus Tullius Cicero, dans la Rome antique, s’opposait à l’Empire, à ses guerres lointaines à l’étranger et au fait que l’empereur concentre tous les pouvoirs. C’était un autre pécheur, qui s’est fait des ennemis parmi les riches et les puissants, en insistant sur les valeurs républicaines traditionnelles. Pour sa peine, il a été exilé et plus tard exécuté – et décapité !
Quelqu’un devrait lire le scénario de cette histoire. Il n’y a pas de fin heureuse.