La Chronique Agora

Qui condamner : BNP Paribas Personal Finance ou le Mammouth ?

Les gesticulations sur la « crise coréenne » continuent mais les marchés financiers américains étaient fermés hier pour cause de Labour Day.

Ceci nous permet de nous concentrer sur autre chose.

Aujourd’hui, BNP Paribas Personal Finance (BNPPPF) va être jugée par un tribunal français au sujet de prêts immobiliers contractés en francs suisses et remboursés en euros.

De 2008 à 2009, les clients emprunteurs ont été alléchés par des taux plus bas. Mais patatras, le franc suisse s’est entre temps apprécié contre l’euro de 30%. Les contrats de prêt sont ficelés de telle façon que leur durée se rallonge. Les emprunteurs s’estiment dupés.

Au fil de ses chroniques des derniers mois, Bill Bonner a agité le principe d’échanges gagnant–gagnant : seul ces échanges peuvent ajouter à la richesse existante. Ce n’est pas une certitude, on ne le sait qu’après coup, à l’usage. Mais ce qui est certain c’est que les échanges gagnant–perdant n’augmentent jamais la richesse existante.

4 trades…
… 1,4 MILLION D’EUROS !
Suivez la démonstration en cliquant ici — vous n’en reviendrez pas !

Les échanges gagnant–perdant sont ceux qui sont faits sous la contrainte au moment de l’échange. Par exemple, vous devez payer vos impôts sous peine de poursuite et de prison ; vous êtes légalement tenu d’assurer le véhicule que vous possédez ; vous devez passer votre permis de conduire ; etc. Tous ces échanges font partie de la vie économique mais ne créent pas de richesse supplémentaire.

En revanche, les échanges gagnant–gagnant se concluent toujours librement. Imaginons que vous ne produisiez que des produits laitiers et que vous habitiez à côté d’un maraîcher. Vous échangez librement du beurre contre des épinards, après vous être mis d’accord. Vous mangez des épinards avec du beurre et vous aurez gagné en satisfaction plutôt que de ne manger que des produits laitiers. Quant au maraîcher, il a du beurre dans ses épinards ce qui est meilleur aussi. Dans cet échange, les deux contractants sont tombés d’accord sur la chose et le prix et ont tous deux gagné en satisfaction.

Revenons à l’affaire BNPPPF.

Les emprunteurs étaient–ils obligés d’emprunter ? Non. Ils n’étaient pas obligés d’emprunter et ils pouvaient emprunter ailleurs que chez BNPPPF. Nous sommes donc dans le cas d’un échange potentiellement gagnant–gagnant mais qui a mal tourné.

Est–ce la faute de BNPPPF ?

« BNPPPF a produit une offre de prêt longue, confuse, inintelligible, où le risque de change n’est abordé que de façon implicite et allusive, sans que les termes même de risque de change ne soit employés, de sorte que l’emprunteur n’a pas été alerté sur ce risque (…)

Un tel discours commercial portant sur un crédit particulièrement risqué, puisque mettant à la charge exclusive de l’emprunteur un double risque de change et de taux d’intérêt variable, est bien constitutif du délit de pratique commerciale trompeuse »
Conclusions des juges d’instruction citées par Le Figaro

Un prêt est une chose sérieuse.

Les clients d’un organisme contenant dans son intitulé personal finance doivent être au courant qu’il existe des frontières et des devises dont le cours change. Même les clients du Crédit Agricole producteurs de blé ou de betteraves sont au fait de ces choses là !

Ce qui est fumeux est louche. La complexité inutile est la meilleure arme des parasitocrates.

Il ne devait donc pas échapper aux clients de BNPPPF que les devises fluctuent entre elles.

En l’occurrence, le NF (« nouveau » franc français) promulgué en 1958 était à parité avec le franc suisse (1FF = 1CHF). Lorsque le franc français fut dissout dans l’euro, un franc suisse achetait 4,5 francs français (4,5 FF=1 CHF). La désastreuse gestion de notre pays est inscrite dans cette parité. La Suisse est un pays plus prospère que la France qui n’est pas gênée par sa « monnaie forte ». Je sais qu’on bourre le crâne des gens avec des idées sur les charmes et avantages de la monnaie faible, mais la parité de la monnaie résulte avant tout d’une bonne gestion. A pays économiquement fort, monnaie forte et à pays pauvre, monnaie de singe.

[NDLR : Les marchés des devises représentent environ 689 000 Mds$… soit près de 12 fois le volume des marchés actions. Vous pouvez tirer profit des anomalies de cet énorme marché sans être sur le Forex et sans être un expert. Découvrez ici comment].

Sans être un génie de la finance internationale, on peut constater que la plupart des grands pays de l’Union monétaire (France, Grèce, Italie, Espagne, Portugal) sont plutôt moins bien gérés que la Suisse. Les mêmes causes, produisant les mêmes effets, il était probable que l’euro allait s’affaiblir contre le franc suisse.

En réalité, cette affaire démontre l’ignorance des Français en matière économique et financière. Si les questions monétaires n’intéressaient pas les clients de BNPPPF pourquoi diable aller chercher la complication ?

L’économie ne doit pas être reléguée dans les salles de classe et les bureaux de statistique, et ne doit pas être abandonnée aux cercles ésotériques. C’est la philosophie de l’action et de la vie humaine : elle concerne tout le monde et tout. C’est la moelle de la civilisation (…)

Dans des affaires aussi vitales, une confiance aveugle en des experts et l’acceptation sans critique de slogan et préjugés populaires équivaut à renoncer à se déterminer soi–même et à céder à la domination d’autres gens.

Ludwig von Mises, L’action humaine, traité d’économie (1949)

Ce qui est arrivé est normal.

Ce n’est pas BNPPPF qui devrait être condamnée. Ce sont la plupart des manuels de « sciences économiques » qui devraient être brûlés et les charlatans qui en sont les auteurs. C’est le Mammouth de l’Education nationale qui devrait être traîné devant les tribunaux.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile