La révolte fiscale des gilets jaunes découle du travers décrit par l’économiste Frédéric Bastiat : « quand l’Etat se charge de tout, il devient responsable de tout ».
Ce dimanche matin je suis allé à Paris faire un cours à des étudiants en journalisme sur le thème : « les libéralismes ». J’ai parlé notamment des révoltes fiscales et bien sûr de Bastiat qui en a donné la vraie clé d’interprétation.
« Plus la loi promet de répondre à toutes les attentes, plus il est probable qu’elle échoue et qu’au bout de chaque déception il y ait une révolution », disait-il dans La loi.
Et ceci, dans Justice et fraternité, au cœur d’une autre révolution fiscale, celle de 1848 :
« Tout le monde veut vivre aux dépens de l’État, et on oublie que l’État vit aux dépens de tout le monde. […] Le peuple sera écrasé d’impôts, on fera emprunt sur emprunt ; après avoir épuisé le présent, on dévorera l’avenir. »
Deux ans plus tard, dans ses Harmonies économiques (« Services privés, service public ») il constate :
« Quand l’État se charge de tout, il devient responsable de tout. Sous l’empire de ces arrangements artificiels, un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement […]. Quel triste spectacle offre maintenant la France ! Toutes les classes souffrent, et, au lieu de demander l’anéantissement, à tout jamais, de toute spoliation légale, chacun se tourne vers la loi, lui disant :
‘Vous qui pouvez tout, vous qui disposez de la Force, vous qui convertissez le mal en bien, de grâce, spoliez les autres classes à mon profit. Forcez-les à s’adresser à moi pour leurs achats, ou bien à me payer des primes, ou bien à me donner une instruction gratuite, ou bien à me prêter sans intérêt, etc. C’est ainsi que la loi devient une grande école de démoralisation […]. La spoliation […] finit par devenir toute une savante théorie qui a ses professeurs, ses journaux, ses docteurs, ses législateurs […]. Malheureuse, trois fois malheureuse la nation, où les questions se posent ainsi ; où nul ne songe à faire de la loi la règle de la justice ; où chacun n’y cherche qu’un instrument de vol à son profit, et où toutes les forces intellectuelles s’appliquent à trouver des excuses dans les effets éloignés et compliqués de la spoliation !’ »
Depuis 1971, les État ont trouvé le moyen de faire vivre tout le monde à leurs dépens : avec l’émission de fausse monnaie et l’endettement sans limite. Inexorablement, nous allons de crises financières en crises financières, toujours plus dures et violentes. La prochaine nous pend au nez.
Un instrument pour éviter le vol collectif
C’est d’ailleurs l’une des raisons d’être du Bitcoin, sinon la principale, d’après son inventeur Satoshi Nakamoto. Seul un système monétaire « basé sur une preuve cryptographique plutôt que sur un tiers de confiance », disait-il en exposant son projet il y a dix ans, peut résister à la censure et « échapper au risque d’inflation arbitraire des devises centralisées ».
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En France, de mai 1968 à 2018, nous avons supporté 50 ans de fardeau fiscal au nom de l’Etat-providence mais en réalité pour engraisser une classe politique clientéliste et corrompue.
Une anecdote révélatrice, sur ma route ce dimanche dernier, je passe en voiture à Rambouillet, vers 7h du matin, devant la résidence de Gérard Larcher. Et devinez quoi ? Sa maison était gardée par trois « robocops » casqués et bottés, fusil à la main !
Les élus ont la peur au ventre… et ils se protègent avec des armes, avec de l’argent volé au contribuable, contre leurs propres citoyens désarmés, dépouillés et gazés.
Aucun politicien se pavanant en tête de cortège
Avez-vous remarqué comme les politiques se faisaient discrets ces jours-ci dans les manifestations ? Eux qui d’habitude aiment tant se montrer en tête des cortèges. S’ils se cachent et se protègent, au lieu d’aller manifester, c’est qu’ils savent qu’ils deviendront immédiatement la cible de la colère des manifestants.
Bien entendu, je ne cautionne pas les atteintes aux personnes ou à la propriété privée perpétrées par certains gilets jaunes gagnés par le désespoir, mais je soutiens que les vrais casseurs sont les élus repliés dans leurs bunkers. Ils ne nous représentent pas. Ils nous trahissent, jour après jour, depuis 50 ans.
Et ce n’est pas une affaire de personne. Macron n’est pas plus mauvais qu’un autre. Comme tous ses prédécesseurs, derrière le nouvel « alibi » de l’écologie, il veut sauver le système social français en essayant de mieux le gérer. Mais personne n’adhère à cette écologie punitive. Tout le monde se doute qu’il s’agit surtout de renflouer les caisses de l’État, dont l’endettement atteint dangereusement 100% du PIB, pour la première fois dans l’histoire de la Vème République.
C’est non seulement un fiasco politique et économique mais également une profonde erreur morale. Car ce système de protection sociale est en réalité un système de spoliation légale qui subventionne la misère, la médiocrité, la maladie et finalement le nihilisme.
Tous les systèmes redistributifs, malgré leurs intentions affichées, sont profondément immoraux et finissent par s’effondrer. Le nôtre est condamné. Combien de temps réussira-t-il encore à survivre ? Nul ne sait. Mais la révolte des gilets jaune n’est que la première d’une longue série. La bataille sera longue et difficile.
Comme j’ai pu le constater ce matin, avec mes étudiants en journalisme, jamais je n’ai été aussi écouté et apprécié en dehors des cercles d’amis. J’avais un public a priori hostile et pourtant j’ai perçu un intérêt profond et sincère pour le message philosophique que je portais.
Alors plus que jamais les libéraux ont un rôle historique à jouer, eux qui ne sont représentés par aucun élu. Ils ont une parole libre et novatrice.