La Chronique Agora

Le commerce des promesses financières et politiques

catallaxie banque - nos politiques monétaires

L’euro est une construction politique et ne peut survivre que tant que cette volonté politique subsiste. La montée des votes populistes est un vrai danger. Mais les monnaies des souverainistes seront aussi trompeuses que l’euro.

« L’euro tiendra tant que la volonté politique sera là ».

Nous étions orateur à une même conférence avec mon collègue Jim Rickards ce samedi après-midi et Jim a proféré cette phrase de bon sens.

Justement, la volonté politique sera-t-elle toujours là ? La montée des votes populistes montre que ce n’est plus une certitude. Comme le fait remarquer Karim Rahemtulla dans ses notes, la victoire de Trump aux Etats-Unis apporte de l’eau aux moulins de ces mouvements partout en Europe.
[NDLR : Si les Italiens décident de « mal voter » dimanche prochain, le 4 décembre, l’euro risque bien d’être mis à mal. Votre patrimoine est-il prêt à encaisser le choc d’une disparition de l’euro ? C’est maintenant qu’il faut le préparer. Cliquez ici pour savoir comment.]

Il est récent dans l’Histoire que les monnaies soient redevenues une « construction politique » ou plutôt une construction technocratique. Si l’or et l’argent se sont imposés, depuis 600 ans avant Jésus Christ jusqu’au milieu du XXème siècle, c’est justement parce qu’ils permettaient d’échapper à la monnaie politiquement administrée, aux registres de dettes tenus par les scribes ou l’autorité religieuse d’un territoire donné. La monnaie existant majoritairement sous forme de reconnaissances de dettes, telle que nous la connaissons actuellement, est en réalité une régression et non une avancée.

L’expérience de l’Inde est riche d’enseignement

Ce qui se passe actuellement en Inde, qui tente d’adopter ce système, est très édifiant. Dans ce pays, près de 90% de l’économie tournait avec du cash et il existe une solide tradition de transformer son épargne en billets en or. Le gouvernement, plutôt que de garantir une roupie saine, a décidé de faire passer les Indiens sous le joug de la « monnaie politique ».

Le temps presse, certains sont déjà positionnés…

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Etape 1 : le gouvernement, au motif de « lutter contre la corruption », démonétise brutalement les deux coupures les plus utilisées dans un pays. Mon collègue indien Vivek Kaul a beaucoup à dire sur le sujet de la corruption dans son pays : je vous en parlerai demain.

Etape 2 : l’économie se trouve paralysée, la roupie plonge, et les Indiens qui n’ont pas accès à des devises étrangères se ruent sur l’or dont le cours flambe. Ne vous y trompez pas, il s’agit bien de gens du peuple, pas de traders derrière des écrans…

Etape 3 : l’argent cash se dirige malgré tout cahin-caha vers les banques dont les dépôts montent en flèche. Les dépôts sont rémunérés autour de 4% en Inde.

Etape 4 : le gouvernement indique aux banques commerciales que le taux de réserve obligatoires sur les dépôts consignés à la Banque centrale est relevé. L’objectif est d’éviter la formation d’une bulle de crédit en raison de cet afflux de dépôts. Le gouvernement envisage également d’interdire l’or (rumeur non confirmée).

Nous attendons avec intérêt la suite de ce désastre programmé… Les banques voient d’un très mauvais oeil l’augmentation des taux de réserve car elles ne peuvent plus rémunérer les dépôts au taux promis.

Que retenir d’utile pour nous, utilisateurs d’euros ?

D’abord les décisions de démonétisation sont le plus souvent prises de façon brutale, sans préparation, afin de retirer aux gens la faculté de s’organiser. Mais le plus important n’est pas là…

La suppression de la liberté de l’épargne

Aujourd’hui dans nos pays (contrairement à ce qui se passait en Inde) nous n’avons pas réellement le choix de l’épargne. Les banques transforment automatiquement nos dépôts en crédits.

Je m’explique. Jusque-là un Indien pouvait choisir de conserver son argent en cash (ou en or), en dehors de toute banque. S’il en décidait ainsi, il stérilisait son épargne, attendant un meilleur moment, une meilleure opportunité, pour l’investir. Notre Indien prenait cette décision au vu de ce qu’il constatait, expérimentait dans l’économie réelle, dans son environnement. De proche en proche, le cumul de ces millions de décisions conduisait à un taux d’épargne ou d’investissement librement décidé, variable selon les conditions économiques perçues par ces millions d’observateurs sur le terrain.

Maintenant, notre Indien ne peut plus prendre cette décision. Son argent sera automatiquement recyclé en prêts par la banque dans laquelle il le dépose avec un taux de recyclage administré par la banque centrale.

La technocratie reprend la main et se substitue à ces millions de décisions prises par des gens qui font et sont « l’économie réelle ».

Au lieu d’avoir une affectation démocratique, empirique et concrète de l’épargne, celle-ci est recyclée par le réseau bancaire.

Recyclée dans quoi ? Le jugement des banquiers est-il meilleur que celui de « l’homme de la rue » ?

Après tout, si la période est favorable et propice les investissements de ces banquiers sont peut-être productifs. Mais si ce n’est pas le cas, si les temps sont plus difficiles ? Alors l’épargne se recycle dans tout ce que le gouvernement juge utile et qu’il finance par l’emprunt : les dépenses de redistribution, les « investissements d’avenir » et autres mirobolants projets technocratiques.

C’est ainsi qu’on passe d’une économie libre à une économie administrée, en détruisant la liberté de chacun d’épargner, de stocker de la valeur, de différer un investissement.

Les vices de l’économie administrée

L’inconvénient majeur de cette économie technocratique et administrée réside dans le fait que les responsables ne paient pas pour leurs erreurs. Et ils font des erreurs car pourquoi auraient-ils un meilleur jugement que des millions de personnes sur le terrain ayant gagné leur propre argent ? Si vous n’en êtes pas convaincu, je vous conseille de vous intéresser en France aux hauts faits de notre Banque publique d’investissement.

En réalité, les partis dits « souverainistes » n’ont pas d’autre ambition que de reprendre le contrôle de votre vie en contrôlant une monnaie nationale plutôt que de laisser ce contrôle à des instances supranationales. En aucun cas, il ne s’agit pour nous de retrouver notre liberté d’action.

Nous vivons dans une économie et une politique de commerce des promesses. L’industrie financière fait le commerce de crédit ou de « promesses de payer un jour ». La politique fait le commerce de promesses électorales. L’un épaule l’autre et vice versa. Livrets et assurances vie, recyclés en dette d’Etat, matérialisent l’épargne financière alimentant le commerce des promesses politiques. Trop de promesses ont été émises des deux côtés et beaucoup ne valent rien.

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