La Chronique Agora

Comment transformer un boom en krach

▪ Il y a des bonnes nouvelles… des mauvaises nouvelles… et beaucoup de nouvelles entre les deux.

Les consommateurs américains ont dépensé un peu plus qu’on l’attendait. Et l’industrie s’est elle aussi mieux débrouillé que prévu.

En revanche, les recettes fiscales du gouvernement fédéral US ont plongé au mois de février… et les prêts bancaires continuent de se contracter. La semaine dernière, ils ont diminué de 33 milliards de dollars — c’est leur septième semaine consécutive de contraction.

Comment une économie peut-elle se développer alors que les banques prêtent moins d’argent ? Nous n’en avons pas la moindre idée.

Nous pensons que l’"expansion" rapportée dans les chiffres du PIB est en grande partie contrefaite. Il s’agit des dépenses gouvernementales et de l’argent brûlant qui s’infiltrent dans l’économie. Malgré tout, il est stupéfiant que les chiffres du PIB américain soient positifs.

L’euro a repris du poil de la bête — grâce aux espoirs d’un règlement de l’affaire grecque. La Grèce fait encore la une des journaux. Elle n’avait qu’un mois pour régler ses problèmes. C’était il y a deux semaines. "L’heure tourne", disent les journaux. Selon toute probabilité, les Hellènes ne peuvent pas vraiment régler seuls leurs problèmes. La Grèce va avoir besoin d’un renflouage — même limité et hésitant — de l’Allemagne. Restez à l’écoute.

Il sera intéressant de voir ce qui se passera lorsque le Royaume-Uni aura des problèmes pour financer ses propres déficits. Les Allemands ne seront pas là pour l’aider. La Grande-Bretagne n’est jamais entrée dans l’euro. Elle sera seule.
 
▪ L’or a connu une belle remontée, lui aussi. Pourquoi ?

Nous n’en savons rien. Mais nous sommes d’avis que l’or va soudain grimper beaucoup plus. Nous sommes en période déflationniste. Cela signifie que tout va baisser. Mais par rapport à quoi ? Eh bien, par rapport à la monnaie. Par rapport à la véritable monnaie — l’or.

L’or devrait continuer à grimper jusqu’à ce que cette période déflationniste soit terminée. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas plus de hoquets et de renversements du marché haussier de l’or. Mais l’une des tendances les plus sûres de notre époque est l’effondrement du système fiduciaire. Et ça ne peut qu’être bon pour l’or.

Chris Wood, de CSLA, déclare qu’il donne encore cinq ans à l’étalon-dollar. Peut-être un peu plus… Peut-être un peu moins. Mais une chose est certaine. Les gouvernements ne peuvent continuer à accumuler éternellement des déficits aussi gigantesques. Le jour du jugement viendra…

Les autorités espèrent qu’il viendra à l’heure et à l’endroit qu’elles choisiront. Elles veulent toutes se sortir facilement du pétrin… avec l’aide de l’inflation des prix à la consommation. Vous avez entendu les banquiers centraux parler d’augmenter la cible inflationniste de 2% à 4%. S’ils peuvent effectivement contrôler l’inflation aussi précisément, ce sera un miracle. En tout cas, c’est ce qu’elles espèrent faire.

Quelques années d’inflation à 4% feraient des merveilles. En 10 ans, on aurait ainsi éliminé un tiers de la dette américaine — en termes réels, bien entendu (et en supposant qu’elle n’augmente pas encore plus rapidement). Non seulement ça, mais les dettes du secteur privé seraient également soulagées. A 6%… les dettes seraient réduites de moitié en une décennie. Avec un fardeau allégé de la sorte, le secteur privé pourrait entamer une nouvelle période de croissance. C’est là la véritable stratégie des autorités — désendetter le secteur privé pour qu’il puisse se développer… et augmenter les recettes fiscales.

C’est ce qui s’est passé durant l’administration Reagan, d’ailleurs. L’inflation des années 70 a forcé les taux d’intérêt à grimper et causé la pire récession depuis la Grande dépression. Mais elle a aussi allégé les dettes — à tel point que l’économie a pu se lancer dans une nouvelle poussée de croissance.

Cette croissance a vraiment rapporté dans les années 90… et durant les toutes premières années de l’administration Bush Jr. grâce à l’augmentation des revenus fiscaux, tant Clinton que Bush ont pu rembourser les dettes gigantesques des années Reagan… tout en accroissant les dépenses. L’économie a pu se sortir de la dette par la croissance.

Puis, avec la guerre contre le terrorisme et la micro-récession de 2001, la magie budgétaire des années 90 s’est perdue. Apparemment, Bush n’a jamais rencontré de projet de dépenses qui lui déplaise. Les dépenses ont explosé… en particulier la bombe à retardement de la santé, qui augmente automatiquement année après année.

Enfin est arrivée la dépression… plus connue sous le nom de Grande récession de 2007-2009. Les revenus fiscaux ont chuté. Les dépenses ont augmenté encore plus. A présent, les déficits s’accumulent rapidement. Et il ne semble pas y avoir de moyen de s’en sortir par la croissance. Toutes les conditions qui ont favorisé un boom au début des années 80 favorisent désormais un krach au début des années 2010.

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