Les records n’ont pas été battu sur les marchés, mais à la pompe, c’est bien le cas. De plus, après une période d’accalmie pour les cours du pétrole, une actualité surprenante pourrait très vite faire repartir les prix à la hausse…
La guerre en Ukraine crée des difficultés indicibles pour sa population.
Elle exerce également une pression au niveau mondial sur les principales matières premières, notamment le pétrole.
Si vous avez fait le plein à la station-service ou acheté du fioul domestique, vous avez probablement remarqué une forte augmentation de votre facture depuis le début de l’année, ou par rapport à votre précédent plein.
Embargo aux Etats-Unis
Le 8 mars, le président américain Joe Biden a annoncé une interdiction totale des importations de pétrole russe aux Etats-Unis.
Après une brève flambée à la suite de cette annonce, les prix du pétrole ont en fait baissé les jours suivants. Et même de plus de 10% en un jour, le lendemain.
Cela s’explique par le fait que l’interdiction était largement anticipée par le marché. Elle était déjà intégrée dans les prix.
Mais, au moment où j’écris ces lignes, le pétrole est toujours à plus de 100 $ le baril. Il est, à ce jour, en hausse de 40% cette année.
L’embargo sur le pétrole fait partie du jeu géopolitique. Il reste à voir quel effet il aura sur la guerre en Ukraine, le cas échéant. Mais de toute façon, je ne vois pas les prix du pétrole baisser de sitôt.
Un peu plus loin, je vous montrerai un investissement qui pourrait vous aider à compenser ces dépenses supplémentaires.
En territoire inconnu
Mais d’abord, voyons rapidement ce qui est arrivé au pétrole lors des précédentes périodes de conflits géopolitiques.
Au cours des quatre dernières décennies, il existe plusieurs exemples de conflits ayant entraîné une flambée du prix du pétrole.
Par exemple, dans les deux semaines qui ont suivi l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, le prix du pétrole a bondi de 25%. Pendant les deux premières semaines de la crise des otages iraniens de 1979, il a augmenté de 5%… et juste après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, il a grimpé de 7%.
Comme le dit l’expression : « L’histoire ne se répète pas, mais elle bégaie. »
Lorsque la Russie a envahi la Crimée début 2014, les prix du pétrole avaient déjà augmenté jusqu’à 11%.
Mais dans l’itération actuelle du conflit Russie-Ukraine, les prix du pétrole se dirigent vers un territoire inconnu.
Un bras de fer contre l’ours
L’Occident n’a jamais été aussi uni dans un effort concerté pour isoler un pays de la taille de la Russie sur la scène mondiale.
En quelques jours seulement, les Etats occidentaux sont passés d’une politique consistant à tenter d’apaiser le Kremlin – vieille de plusieurs décennies – à des sanctions sans précédent.
Ils ont gelé les avoirs étrangers de la Russie. Ils ont exclu nombre de ses grandes banques du système SWIFT (système mondial de messagerie interbancaire). Ils ont saisi les villas et les yachts des oligarques russes.
Mastercard et Visa ont bloqué toutes les transactions. Et les plus grandes entreprises du monde se retirent de la Russie. Ce qui en fait la cible de certaines des sanctions économiques les plus importantes jamais imposées à un pays.
L’interdiction par le Joe Biden des importations de pétrole russe a été un grand pas en avant dans la lutte de l’Occident contre la Russie. Cependant, jusqu’à présent, aucun autre pays n’a suivi le mouvement. Et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi.
La Russie représente 10% du pétrole mondial. Avant l’invasion, elle exportait chaque jour près de 5 millions de barils de pétrole brut et 2,8 millions de barils de produits raffinés (il est difficile d’estimer à quel point ces montants ont été affectés par la guerre, mais la Fed de Dallas parlait le 22 mars d’environ 3 millions de barils de pétrole exportés en moins). La plupart de ces produits sont destinés à des pays européens.
La Finlande et la Hongrie se procurent la quasi-totalité de leur pétrole en Russie. La Pologne y achète plus de 55% de son approvisionnement. L’Allemagne et les Pays-Bas plus de 40%.
L’Union européenne (UE) dans son ensemble se fournit également de près de la moitié de son gaz en Russie. Ce gaz alimente l’économie de l’Europe et chauffe ses foyers.
Et cette dépendance s’est accrue ces dernières années. En 2021, 45% des importations totales de gaz de l’UE provenaient de Russie. Ce chiffre était de 26% en 2010.
Imposer des sanctions énergétiques généralisées à la Russie risquerait de porter un coup sévère à l’approvisionnement énergétique mondial. Cela se traduirait par une hausse des prix à la pompe et ailleurs. Et l’économie mondiale serait durement touchée.
C’est pourquoi la plupart des pays ont soigneusement conçu leurs sanctions pour éviter de frapper les exportations énergétiques de la Russie.
Le reste du monde suivra-t-il l’exemple des Etats-Unis ?
Alors pourquoi les Etats-Unis ont-ils décidé d’interdire les importations de pétrole et de gaz russes ?
Les États-Unis sont beaucoup moins dépendants du pétrole russe que l’Europe. En 2021, seulement 8% environ des importations américaines de pétrole provenaient de Russie. Les États-Unis sont donc bien mieux placés pour mener une guerre énergétique contre la Russie.
Mais je doute que le reste de l’Occident mette en place un embargo pétrolier complet, comme l’ont fait les États-Unis.
D’abord, jusqu’à présent, l’Allemagne a repoussé les appels des États-Unis en faveur d’une interdiction des importations de pétrole et de gaz russes. Et le chancelier allemand Olaf Scholz n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il affirme que l’Europe ne peut pas se sevrer de l’énergie russe du jour au lendemain.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également souligné récemment la nécessité pour l’Europe d’être moins dépendante du pétrole et du gaz russes. Mais ses remarques portaient davantage sur l’évolution globale du monde vers une énergie plus verte et plus propre que sur la probabilité d’imposer des sanctions ou des embargos liés à l’énergie pour que Poutine cesse sa guerre.
Des sanctions concertées qui limitent immédiatement la capacité de la Russie à exporter du pétrole et du gaz partout dans le monde pourraient changer la donne. Elles paralyseraient l’économie russe. Et cela pourrait exercer une pression intérieure sur Poutine pour qu’il se retire de l’Ukraine.
D’un autre côté, elles pourraient aussi exacerber l’effort de guerre de la Russie en guise de représailles.
L’agenda pas si caché de l’industrie pétrolière
Mais même sans sanctions mondiales sur les exportations russes, une crise du marché pétrolier se prépare. La simple perspective d’une nouvelle guerre en Europe a suffi à faire monter le pétrole en flèche. Une fois de plus, la géopolitique a pris le pas sur les fondamentaux du marché.
Et pourtant, lors de leur dernière réunion mensuelle, les producteurs de pétrole du monde entier ont résisté à la pression d’augmenter immédiatement leur production pour contribuer à faire baisser les prix.
Début mars, l’OPEP+ a décidé de maintenir l’augmentation de la production de pétrole de 400 000 barils par jour prévue pour avril. Ce cap a, au moment d’écrire ces lignes, été maintenu (même si une nouvelle réunion pourrait changer la donne bientôt).
En d’autres termes, aucun changement dans la stratégie de l’OPEP+, malgré l’escalade de la crise ukrainienne et la flambée des prix du pétrole.
Ce point est important. L’alliance OPEP+, composée de 23 pays, contrôle environ la moitié de la production mondiale de pétrole. Et elle campe sur ses positions, malgré la pression internationale pour une augmentation significative de la production de pétrole.
Cela ne m’étonne pas. La hausse des prix du pétrole profite au groupe, qui tente de récupérer les pertes subies pendant la pandémie. Il est également logique que l’OPEP soutienne son allié russe, qui a besoin de prix élevés pour financer sa guerre aveugle.
Si l’OPEP+ n’augmente pas sa production, le prix du pétrole continuera probablement à grimper. De cette façon, l’OPEP et la Russie peuvent tirer de plus grands profits.
Il n’y a aucune raison pour qu’ils changent d’avis, quelle que soit la pression internationale. Après tout, la fonction d’un cartel est de faire grimper les prix.
Ce que cela signifie pour vous
J’en viens à ce que tout cela signifie pour vous.
Avant même que les États-Unis n’interdisent les importations d’énergie russe, vous ressentiez probablement déjà les effets de la hausse record du prix de l’essence.
Alors, que pouvez-vous faire ?
Malheureusement, réduire la consommation d’essence est plus facile à dire qu’à faire. Quelle que soit la manière dont on le calcule, les gens ont besoin d’emmener leurs enfants à l’école et de se rendre au travail.
Acheter de l’essence en gros n’est pas non plus une option pour la plupart des gens.
Mais ce que vous pouvez faire, c’est essayer de récupérer une partie de cet argent sur les marchés financiers.
N’oubliez pas que, comme nous en avons déjà parlé dans ces colonnes, les fondamentaux du pétrole devraient rester solides dans un avenir prévisible. Et si l’Union européenne finit par se joindre aux États-Unis pour imposer des sanctions liées au pétrole, les prix de l’or noir vont s’envoler.
Cela reste, par ailleurs, le côté « acheteur » de la Transaction de la décennie de Bill Bonner… une décennie à peine entamée.
Une bonne manière d’être positionné pour anticiper cela est d’utiliser un ETF qui suit les prix du pétrole.
C’est par exemple le cas du WisdomTree WTI Crude Oil (CRUD), qui suit le cours de l’étalon américain des prix du pétrole, le WTI. Cet ETF est coté à Londres, Paris et Milan (notamment), mais les volumes d’échanges les plus importants se trouvent à Londres.
Si vous préférez l’étalon britannique, le Brent, vous pouvez passer par l’ETF WisdomTree Brent Crude Oil (BRNT), coté à Londres et à Milan (mais avec un volume d’échange plus important à Londres, une fois encore).