Si l’inflation est plus faible en France qu’ailleurs en Europe, c’est surtout parce qu’elle est réprimée. Mais truquer les prix aujourd’hui va provoquer un accroissement des déséquilibres qui se fera de plus en plus ressentir.
La France s’enfonce dans un système de prix faux, conforme à son histoire.
Le soi-disant libéral et féru en économie Macron nous fait rétrograder à la période d’avant Raymond Barre. Pour faire semblant de lutter contre l’inflation, on la stocke pour la libérer dans le futur. N’oubliez jamais que l’on peut toujours réduire artificiellement l’inflation en augmentant les déficits.
Mais s’opposer à la vérité des prix a un coût.
Truquer les chiffres
La France retourne à ses anciens démons : elle réprime « l’inflation », elle truque les chiffres au prix de l’accroissement des déséquilibres présents et futurs.
Pour remporter les législatives, Macron déroule des mesures « anti-inflationnistes ».
Il compte sur un nouveau train de mesures de lutte contre l’inflation pour obtenir une majorité aux élections, la question du pouvoir d’achat des ménages étant au cœur des débats de son nouveau quinquennat.
Il annonce un inventaire à la Prévert, dont la seule logique est de fausser les mesures statistiques.
Le cout budgétaire va être énorme, tout se passe comme si on transférait l’incidence négative de l’inflation sur la masse du déficit.
Pour se démarquer, il a multiplié des promesses, que ce soient avec de nouvelles aides, des hausses des retraites ou des allègements fiscaux, toujours dans l’objectif affiché d’aider les ménages en difficulté, et sans cacher la raison électorale :
« Je vous invite à choisir la protection de votre pouvoir d’achat, de vos économies autant que la protection du pays à l’avenir. C’est pourquoi à mes yeux dès le 12 juin il nous faut suivre le chemin de la cohérence, de la compétence et la confiance. »
Le chemin de la compétence pour Macron est balisé depuis 2017 par un accroissement colossal du déficit extérieur, une envolée des déficits budgétaires et une perte totale de la maitrise de la dette. Accessoirement, Macron le libéral enfonce le pays dans l’étatisme et la répartition.
Des promesses pas vraiment neuves
Ce n’est ni demain ni après demain que les prélèvements obligatoires régresseront, et que le dirigisme cessera.
La Première ministre Elisabeth Borne a ainsi promis une revalorisation exceptionnelle des retraites de 4% en juillet, en plus de la hausse annuelle. Elle a précisé en parallèle qu’un nouveau chèque alimentaire est envisagé, chèque qui serait directement versé aux personnes dans le besoin, et s’ajouterait aux aides déjà existantes pour mitiger l’inflation.
Des promesses ont également été faites par le gouvernement pour augmenter les salaires du secteur public, qui stagnent depuis longtemps, sans précisions.
Le président a aussi promis qu’il supprimerait la redevance audiovisuelle. Pour le ministre de l’Action et des Comptes publics Gabriel Attal, cela représenterait un coût de 3,2 Mds€.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, a de son côté promis de que la remise de 18 centimes par litre d’essence sera prolongée jusqu’en août.
Mais comme les coûts de toutes les aides gouvernementales commencent à atteindre des niveaux inquiétants, il a tout de même déclaré que cette mesure serait progressivement remplacée après par une version ciblée sur les gros rouleurs.
Hausse des prix
Toutes ces mesures ou promesses viennent s’ajouter à un ensemble d’aides existantes – les plus généreuses d’Europe, selon les économistes – destinées à aider les ménages.
Le gouvernement a déjà mobilisé 25 Mds€, soit 1,2% du PIB, pour stimuler le pouvoir d’achat, notamment en plafonnant les prix du gaz et de l’électricité.
Ce train de mesures a permis de maintenir le pic d’inflation en France à un niveau inférieur à celui de tous les autres pays de la zone euro, à l’exception de Malte, même s’il a néanmoins atteint le niveau record de 5,8% en mai.
Les nouvelles mesures anti-inflation sont susceptibles d’équivaloir à 0,4 point de PIB supplémentaire, portant la facture totale à environ 40 Mds€, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Les économistes sont cependant à l’aise avec la pression croissante sur les finances publiques, même si le déficit budgétaire de 5% anticipé par le gouvernement devrait être plus élevé cette année.
Le patronat soutient la politique du gouvernement puisqu’elle consiste à empêcher l’indexation et le maintien du pouvoir d’achat en fiscalisant des aides compensatrices au pouvoir d’achat. Le patronat aime ce genre de politique bien française ou c’est l’Etat qui paie, quitte à se plaindre plus tard du poids de ce même Etat. Patronat incorrigible qui n’a qu’un objectif : éviter la loi du marché, être protégé, profiter de subventions visibles et invisibles.
C’est de la répartition. On prend dans la poche de certains salariés des classes moyennes pour redistribuer à d’autres, en faisant attention de ne pas réduire les marges des entreprises ; la politique de Macron depuis 2017 n’a jamais changé. Il est cohérent. Il veut paupériser les salariés, redistribuer les revenus des classes moyennes vers les pauvres et faire remonter la rentabilité du capital.
Pourquoi pas, mais cette entreprise devrait être rendue publique, expliquée, faire l’objet de votes et surtout entraîner un nouveau contrat social, avec un donnant-donnant. Au lieu de cela, elle est subreptice.
Aucune chance de faire l’unité du pays sur des choix aussi clivants.
Ah, la dette ! Elle masque l’incompétence, tout en la révélant !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]