Les injections d’argent factice et les relances conduisent à réduire le risque au profit de la rente et à multiplier les échanges gagnant-perdant.
Un adage de notre cru : les gens ne sont ni entièrement mauvais ni entièrement bons, mais toujours soumis à influence.
Vous voulez savoir pourquoi les réductions d’impôts, les augmentations de dépenses et l’argent facile de la Fed ne fonctionnent pas ?
Vous vous demandez comment les autorités américaines ont pu injecter 4 000 Mds$ de nouvel argent, baisser les taux pendant une décennie, ajouter 13 000 Mds$ de dépenses déficitaires et terminer quand même avec l’expansion la plus faible jamais enregistrée ?
Qu’est-ce qui ne va pas avec la « relance » ?
Tentez cette petite expérience chez vous. Annoncez à votre adolescent qu’il touchera 5 000 $ par mois pendant le reste de sa vie, plus une provision illimitée de cannabis. Voyez s’il est stimulé. Vous pensez qu’il étudiera plus attentivement… travaillera plus dur ?
Transferts d’argent sans augmentation de satisfaction
Petit rappel : nous sommes en Argentine, où nous étudions les preuves en direct. En dépit de budgets galopants, de dépenses ayant pris le mors aux dents et d’une planche à billets tournant à plein régime – c’est-à-dire en dépit d’une multitude de mesures de « relance » – l’économie argentine travers une dépression, avec une perte de PIB annuelle de 6% et un taux d’inflation qui pourrait atteindre les 100% selon certaines estimations.
Pourquoi ?
La Richesse est égale à la valeur réelle des échanges gagnant-gagnant moins celle des échanges gagnant-perdant.
Notre formule tient compte du fait que l’argent ne fait pas tout. Elle se concentre donc sur la satisfaction plutôt que sur le PIB ou la richesse brute.
Elle reconnaît aussi que les accords gagnant-perdant sont négatifs ; ils réduisent la satisfaction totale parce qu’ils vous forcent à faire une chose que vous ne voulez pas faire. Lorsqu’un voleur vous coince dans une ruelle sombre, par exemple, il s’empare de votre portefeuille et réduit grandement votre satisfaction.
Ceci dit, les grands accords gagnant-perdant sont bien plus subtils. La plupart des gens ne réalisent pas qu’ils se font dépouiller. Pourtant, ces accords gagnant-perdant cachés réduisent eux aussi considérablement la satisfaction nette et se reflètent dans une baisse des revenus, une croissance paresseuse et une population plus pauvre.
Gagnant-perdant = des profits sans les risques
Rappelez-vous que gagnant-perdant est l’opposé de gagnant-gagnant. Dans le cadre d’un accord gagnant-gagnant, la richesse est créée lorsque les gens font des choses les uns pour les autres.
Ils travaillent. Ils apprennent. Ils épargnent. Ils prennent des risques. Ils font du commerce. Non parce qu’ils le veulent… mais parce qu’ils le doivent. Et petit à petit, à mesure qu’ils réussissent à satisfaire leurs besoins mutuels, le progrès a lieu.
Dans une boulangerie, par exemple, le boulanger va travailler à 4h du matin… pétrissant sa pâte aux petites heures de la nuit pour que la douce odeur du pain fraîchement cuit attire les clients à l’aube. Il préférerait probablement rester au lit – mais personne ne va le payer pour faire la grasse matinée.
Maintenant, imaginez qu’il se passe une chose étrange. Imaginez que le syndicat des boulangers embauche un lobbyiste particulièrement efficace qui persuade le Congrès d’approuver la loi d’amélioration des revenus boulangers. Cette loi change l’accord gagnant-gagnant en accord gagnant-perdant, exigeant des clients qu’ils paient le boulanger qu’il ait fait du pain ou non.
Le boulanger… un gars sympa… se sentira peut-être obligé de sortir quelques baguettes. Par habitude, il ira probablement travailler tôt et allumer son four. Mais après quelque temps, sans aucun doute, il préférera se la couler douce. Il est humain, après tout !
Eh bien, devinez quoi ? Les capitalistes… les investisseurs… les entrepreneurs… et les spéculateurs ne sont pas différents. Comme les boulangers veinards ou les heureux adolescents, imaginez qu’ils n’aient pas besoin de travailler aussi dur.
Imaginez qu’ils puissent faire des profits sans les risques. Imaginez que quelqu’un leur donne de l’argent sans demander de contrepartie. Imaginez que les autorités imposent un accord gagnant-perdant à toute une nation… dans le cadre duquel quelques personnes – les riches, les initiés, les élites – reçoivent de l’argent sans devoir rien donner en échange.
Travailleraient-ils plus dur ? Prendraient-ils encore des risques de long terme avec leur argent pour développer de nouveaux produits et services pour les consommateurs ?
Si le marché boursier grimpait de 10% par an, investiraient-ils encore leur argent dans de nouvelles usines, de nouveaux équipements et de nouvelles lignes d’activité qui leur rapporteraient – s’ils fonctionnent – 5% ?
Font-ils tout le dur travail du capitalisme parce qu’ils sont de nature sainte… ou parce qu’ils doivent produire un vrai produit ou service s’ils veulent faire des gains ?
Bidouillages financiers
La réponse à ces questions est sous notre nez. Ces 30 dernières années, les capitalistes ont pu profiter d’un accord gagnant-perdant très spécial offert par les autorités. Ils n’avaient pas besoin de travailler aussi dur… ils n’avaient pas besoin d’économiser leur argent. Ils n’avaient pas besoin de prendre des risques.
Dans les faits, les autorités ont pris l’argent du public – via les taxes, les taux d’intérêt artificiellement bas, la dette et l’argent de la planche à billets – et l’ont donné aux élites.
Les initiés pouvaient emprunter à la Fed à un taux proche du zéro (après inflation). Ensuite, ils pouvaient acheter des actions et les voir grimper de 2 600 points pour le Dow en 1989 à 26 000 points en 2018.
Ou bien ils pouvaient faire encore mieux… par le biais de rachats, de fusions, de primes ou des dividendes spéciaux, tous financés par l’argent factice et gagnant-perdant de la Fed.
Avec cet argent factice à leur disposition, les capitalistes n’ont pas fait travailler leur argent et leur talent – dans le cadre d’accords gagnant-gagnant – au bénéfice des autres. Parce qu’ils n’en avaient pas besoin. Les bidouillages financiers gagnant-perdant étaient bien plus profitables.
Les entreprises ont emprunté des sommes record. Idem pour les rachats d’actions et les cours boursiers. Des start-up insensées, comme Uber, Wag et WeWork, peuvent atteindre des valorisations de plusieurs milliards de dollars sans jamais gagner un centime.
Mais net d’inflation et de dépréciation, les investissements réels – l’ingrédient essentiel d’une économie capitaliste – sont passés à zéro.