▪ Il semble encore que les marchés américains sont en train de se renverser.
La Fed a déjà indiqué qu’elle laisserait ses taux directeurs à un niveau très bas pendant très longtemps. Le Trésor américain a déjà annoncé un budget de plus de 1 000 milliards de dollars de mesures fiscales de relance. Les programmes de reprise automobile… de crédit d’impôts aux primo-accédants à la propriété… le TALF — les programmes de "reprise" ont déjà plus ou moins suivi leur cours.
Pourtant la correction ne donne pas signe de prendre fin.
Sur le marché de l’immobilier américain, un prêt hypothécaire sur six n’est pas payé, ou est en cours de saisie. Le nombre de saisies devrait dépasser le million cette année.
Oui, cher lecteur, prenez un siège. Installez-vous confortablement. Cette correction va prendre du temps.
La masse monétaire large — le M3 — telle que calculée par John Williams se contracte encore au taux annuel de 6%. Plus de 14 millions d’Américains sont au chômage. Et une "épidémie" de frugalité semble avoir infecté les consommateurs.
▪ Et comme nous le prédisions hier, nous constatons désormais que, comme le formule le New York Times "les petits investisseurs fuient le marché boursier".
"Les investisseurs ont retiré la somme vertigineuse de 33,12 milliards de dollars des fonds d’investissement en actions américaines durant les sept premiers mois de cette année, selon l’Investment Company Institute, le syndicat dédié au secteur des fonds d’investissement. Bon nombre [des investisseurs] choisissent désormais des investissements qu’ils estiment plus sûrs, comme les obligations".
"A ce rythme, plus d’argent sera retiré de ces fonds d’investissements en 2010 qu’à tout autre moment depuis les années 80, à l’exception de 2008, année où la crise financière mondiale a atteint son paroxysme. L’un des phénomènes caractérisant les dernières décennies a été l’ascension de l’investisseur individuel. A mesure que les Américains ont dû prendre la responsabilité de leur propre retraite, ils ont déversé de l’argent dans les actions avec une telle constance que la moitié des ménages américains possède désormais des actions directement ou par le biais des fonds d’investissement — ces derniers étant de loin la méthode préférée des Américains pour investir en actions. Ce demi-tour est donc frappant".
"Idem pour le timing. Après les récessions passées, les investisseurs ordinaires ont généralement regagné leur enthousiasme pour les actions, espérant faire des gains à mesure que l’économie se remettait. Cette fois-ci, même si les bénéfices des entreprises se sont améliorés, les Américains sont devenus plus prudents quant à leurs investissements. La notion selon laquelle les actions tendent à être des investissements sûrs et profitables au cours du temps semble avoir été mise à mal, tout comme le déclin de l’immobilier et de la stabilité de l’emploi ces dernières années a altéré le sentiment de sécurité financière des Américains".
"Il faudra peut-être de nombreuses années avant que l’on sache clairement si cette tendance est un changement de long terme de la psychologie. Après l’effondrement de la technologie et des dot.com au début des années 2000, par exemple, les investisseurs ont rapidement réintégré le marché boursier. Cependant, de plus grandes calamités économiques comme la Grande Dépression ont affecté l’attitude des gens par rapport à l’argent durant des décennies".
"Pour l’instant, cependant, les données économiques mitigées présentent l’image d’une économie qui se remet mal de la récession".
"’Pour beaucoup de personnes ordinaires, la reprise économique ne semble pas réelle’, déclare Loren Fox, analyste senior chez Strategic Insight, une société de recherche et de données new-yorkaise. ‘Les gens ne vont pas se précipiter sur le marché boursier de manière stable avant de retrouver confiance dans la croissance de l’emploi et la durabilité de la reprise économique’."
Jusqu’à présent, nous n’avons assisté qu’au tout début de cette tendance. Les actions s’échangent toujours environ 20 fois les bénéfices. Le Dow reste au-dessus des 10 000 points. Attendez qu’il plonge sous son plancher de mars 2009. A ce moment-là, les gens jetteront un regard neuf sur les marchés boursiers.
"Comment est-ce que j’ai pu être aussi idiot ?" se demanderont-ils.
Pour l’instant, ils sont simplement timides. Ils sont d’avis que les actions d’une manière générale sont une bonne manière d’investir, mais peut-être pas tout de suite. Lorsque le Dow approchera les 5 000… et que les PER passeront sous les 8… ils décideront que les actions ne sont jamais une bonne idée. Ils se retourneront contre elles comme durant la Grande Dépression — pendant une génération entière…
… durant laquelle les actions regrimperont en toute discrétion.