Le boom immobilier chinois a été sans précédent ; les conséquences de son effondrement – incarnées par l’affaire Evergrande – le seront tout autant.
Aujourd’hui, nous nous demandons ce qui attend l’économie américaine – et européenne, dans une large mesure – l’inflation ou la déflation ?
Peut-être que le dossier Evergrande nous donnera un indice.
Pour bien comprendre le cas Evergrande, il faut comprendre quasiment toute l’histoire… comment, en 1971, les Etats-Unis sont passés à un dollar « flexible » qu’ils pouvaient imprimer à volonté…
… Comment ce changement a ensuite créé un boom en Chine… et un krach dans le secteur manufacturier (il est plus simple d’« imprimer » de l’argent que de fabriquer des réfrigérateurs).
Dans une économie honnête, pré-1971, les Etats-Unis devaient rapatrier leurs dollars en offrant des quantités équivalentes de biens et de services aux Chinois…
… Sans quoi ils risquaient de devoir régler leur ardoise en or.
Un fleuve de ciment
Avec le nouveau système, cependant, ils pouvaient simplement imprimer plus de dollars… que les Chinois – Dieu leur vienne en aide – ont utilisés pour acheter des obligations US.
Tout cet argent a créé un boom en Chine… et le pays a bien vite sorti les bétonneuses. Le ciment a coulé comme le Yangzi.
Nous avons pu voir le boom de la construction lors de notre voyage en Chine en 2014 – un spectacle vertigineux mêlant industrie humaine et progrès matériel.
Les autoroutes étaient neuves. Les bâtiments étaient neufs. Les trains… les quais… les usines – tout était neuf. On aurait eu du mal à trouver une maison vieille de plus de 18 mois.
Jamais, dans l’histoire du monde, tant de gens étaient passées de la pauvreté à la richesse en si peu de temps. Le revenu per capita s’est envolé, passant de 318 $ en 1990 à 10 500 $ en 2020.
Et jamais encore dans l’Histoire tant d’argent n’avait été emprunté pour rendre tout cela possible. De 1 700 Mds$ de dette totale en 2000, la Chine doit désormais près de 50 000 Mds$. Son ratio dette/PIB est désormais à 335%.
Encore plus d’Evergrande
L’économie chinoise s’est développée à grande vitesse. Les gens travaillaient plus dur que jamais… et gagnaient de plus en plus d’argent. Ils voudraient à coup sûr acheter des endroits où reposer leurs corps si las ?
Le promoteur immobilier Evergrande a vu la demande arriver, et a lourdement emprunté pour y répondre. Il s’est montré particulièrement ingénieux en la matière. Matt Levine, de Bloomberg, en dit plus :
« Evergrande doit de l’argent aux banques chinoises. Il doit de l’argent aux hedge funds étrangers – et des investisseurs étrangers possèdent ses actions. Il doit de l’argent aux fournisseurs, et aux investisseurs particuliers chinois dans ses produits de gestion de patrimoine.
[La société] doit également des appartements à ses acheteurs. Et les investisseurs particuliers qui ont acheté les produits patrimoniaux d’Evergrande étaient souvent également des propriétaires Evergrande, parce que les produits étaient vendus dans des immeubles Evergrande. »
Oui, l’entreprise a vendu sa propre dette à ses employés et clients, affirmant qu’elle était adaptée à « des investisseurs prudents cherchant des rendements réguliers » – et promettant 11% par an.
A présent, elle doit quelque 300 Mds$… et n’a aucun moyen de les payer. Le Financial Times nous donne des nouvelles des conséquences :
« Le ralentissement de l’immobilier chinois donne des frissons à l’économie. »
Nous nous demandons donc : quels « autres Evergrande » attendent d’être découverts ?
Quels autres excès attendent d’être pris en compte ?