A force de foncer vers un mur, le risque est de finir dedans. Sauf si un obstacle sur le chemin nous fait trébucher et tomber avant même d’y arriver…
La cause de la collision pourrait être n’importe quoi, bien entendu.
Un krach boursier. Une envolée brutale des rendements obligataires. Des conditions climatiques extrêmes. Un nouveau « variant ».
Dans tous les cas, face à un empire dégénéré qui sombre dans l’abîme, on fait avec l’urgence du moment.
Par ailleurs, ce ne sont là que les inconnues « connues ». Pour ce qui est des inconnues « inconnues », elles abondent. Aujourd’hui, nous revenons à l’une des plus plausibles et plus alarmantes d’entre elles.
La Fed affirme qu’elle a entamé un cycle de resserrement monétaire. Cela veut dire qu’elle jettera moins d’huile sur le feu de l’inflation qu’auparavant, mais imprimera tout de même 3 Mds$ par jour d’argent frais.
Elle dit qu’elle va progressivement réduire le volume d’argent frais créé, puis le stopper totalement en mars 2022. Ensuite, elle envisagera de relever son taux directeur. Actuellement, le taux réel – corrigé de l’inflation – est de -6,5%.
Aucun être sérieux ne croit que ces petites mesures vont soulager la pression exercée sur les prix.
Le gouvernement Biden, soutenu par le parti démocrate et tout l’establishment de l’élite, déclare qu’il faut dépenser plus, et non dépenser moins. D’autres urgences doivent d’ailleurs être traitées, avec de l’argent, bien entendu : les « infrastructures sociales », le Covid, le changement climatique, un budget record pour le Pentagone… et peut-être même une guerre avec la Russie, la Chine, la Corée du Nord, ou l’Iran.
Plus en forme, plus heureux, plus productifs
Selon ce fantasme, de nouveaux projets ruineux contribueront à la croissance, ce qui revient à un progrès, comme nous le savons tous : la poule au pot pour tous, des prestations gratuites partout, de la diversité, de l’égalité, de l’équité, et puis « on flirtera dans les saloons et on dansera dans les rues », comme disait Groucho Marx.
Pour ce qui est de la « croissance », l’idée existe depuis longtemps qu’un groupe de politiciens puisse créer un réel progrès économique en imprimant de l’argent pour le transférer à ses acolytes, amis et projets favoris.
Mais s’ils pouvaient réellement le faire… alors qu’attendaient-ils ?
Bien entendu, ils n’ont pas attendu du tout. Depuis le début de ce siècle, le gouvernement américain – avec la complicité de la Réserve fédérale – a stimulé la « croissance » plus souvent qu’à tout autre moment de l’histoire des Etats-Unis.
La dette américaine a progressé de plus de 23 000 Mds$, depuis 1999, soit une augmentation de 300%.
Mais regardez ce que vivent réellement les Américains. Voyez-vous des gens danser dans les rues ? Sont-ils plus prospères qu’en 1999 ? Plus heureux ? Plus libres ?
Non, nous non plus, nous ne le pensons pas.
Au contraire, les riches sont devenus plus riches, les taux de croissance ont chuté et les marchés sont devenus plus bizarres et incohérents. Il a fallu sauver Wall Street, dans l’urgence de la crise des prêts hypothécaires, en 2008-2009.
Et ensuite, toute l’économie a dû être sauvée dans l’urgence des confinements liés au Covid, en 2020, et ainsi de suite…
Et à présent, le public devient revêche et irascible, trahi par ses dirigeants, et supportant désormais le coût de toutes ces dépenses « d’urgence » sous forme de hausse des prix à la consommation.
Mais nous sommes encore tellement imprégné de l’esprit des fêtes que nous détestons l’idée de sombrer dans le désespoir et de gâcher ce début d’année. Alors nous nous contenterons de suivre notre petit bonhomme de chemin, de faire bonne figure et d’avoir une attitude positive.
Cependant, juste pour que nous soyons tous avertis, nous identifions une intersection très dangereuse, devant nous, et une nouvelle urgence.
Une rupture d’énergie
D’un côté arrivent 7 milliards de personnes… presque toutes dépendantes des combustibles fossiles conventionnels qui ont permis à notre économie moderne d’exister.
De l’autre côté arrive l’inflation provoquée par l’Etat… en déformant les prix dont le secteur de l’énergie a besoin pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande.
Et là, posté à cette intersection, le gouvernement américain gère la circulation !
Inutile de préciser que, dans le monde actuel, la distribution de produits alimentaires, le logement et l’approvisionnement en énergie – avec toutes les usines, camions, engins, lignes électriques qui vont avec – fonctionnent essentiellement avec des combustibles fossiles.
Si on les retire brutalement ou n’importe comment, cela provoquera probablement de la misère généralisée.
Le mécanisme de distribution de l’énergie – comme pour d’autres choses – est extrêmement complexe… des millions de composantes fonctionnent toutes ensemble, partout dans le monde, sous différents climats, religions, langues… Et toutes sont mues par les prix. Si les prix grimpent… les marchandises suivent généralement. S’ils baissent, le flux des marchandises s’atténue également.
Mais à présent, une menace que nous n’avions plus vue aux Etats-Unis depuis près d’un demi-siècle, l’inflation, se met à corrompre les signaux de prix.
Soudain, les prix grimpent partout. Le prix du litre d’essence a augmenté de plus de 50% par rapport à l’année précédente. La semaine dernière, le responsable du secteur de l’énergie, chez Goldman Sachs, a déclaré que le prix du pétrole pourrait grimper à 100 $ le baril d’ici quelques mois.
Mais l’approvisionnement en énergie décline, au lieu d’augmenter, en réaction à la hausse des prix.
Selon Rystad Energy :
« Selon [notre] analyse, les découvertes de gisements de pétrole et de gaz réalisées dans le monde en 2021 sont en passe d’atteindre leur plus bas niveau jamais enregistré sur une année entière depuis 75 ans, si jamais ce qui reste du mois de décembre ne produit aucune découverte significative.
A fin novembre, la totalité des volumes découverts dans le monde, cette année, est évaluée à 4,7 milliards de barils d’équivalent-pétrole (BEP) et, sans autre découverte majeure annoncée ce mois-ci, le secteur est en passe d’enregistrer son pire bilan de découvertes depuis 1946. Cela représenterait également une chute considérable par rapport aux 12,5 milliards de BEP découverts en 2020. »
Après avoir fonctionné de manière si fluide pendant plus d’un siècle, et en ne rencontrant que quelques problèmes, soudain, on dirait bien que l’offre et la demande s’apprêtent à entrer en collision.
Et ce sera une véritable urgence.