Dans une réunion d’initiés à Washington à quelques pas de la Maison Blanche, Bill Bonner a découvert que ceux qui sont dans le système ne peuvent le réformer..
NDLR : Pourquoi Bill s’est-il mis dans une colère noire la semaine dernière ? Réponse dans l’entretien entre Bill et Dan suite à une réunion houleuse avec les élites de Washington… ou comment les initiés ne réformeront jamais le système de l’intérieur.
Bill :
Je trouvais que l’analyse de cette foule de spécialistes était simplement trop légère. On parle là d’insiders de Washington. Ils ont passé toute leur vie à Washington, et ils n’arrivent pas à trouver d’autre solution que de faire faire les choses différemment par Washington. Et Dan, nous étions tous les deux assis là à nous dire, « il n’y a pas moyen ».
Cela ne marchera pas, parce que les élites gèrent ces programmes ; or tant qu’on laisse ces programmes tourner, se développer, se métastaser comme ils le font, il est impossible que leur réforme naisse des élites… Les initiés continueront, exactement comme ils le font en ce moment. Il n’y a aucun espoir de changer la structure ou les résultats en bidouillant les détails.
Enfin, aucune de ces personnes ne pouvait imaginer de solution en dehors de la politique publique.
Dan :
J’aimerais dire — je ne vais pas passer par quatre chemins : je n’ai jamais vu Bill Bonner aussi en colère.
Vous êtes devenu l’antagoniste, dans cette réunion. Vous étiez penché vers l’avant. Vous aviez les deux mains sur la table, comme maintenant, et je ne vous avais jamais vu aussi perturbé par les arguments de quelqu’un…
Bill :
J’ai vraiment regretté de m’être mis autant en colère ; lorsqu’on est furieux, on argumente mal. Je me rappelle avoir inondé de sarcasmes mon voisin d’en face, parce que c’était vraiment un monsieur je-sais-tout.
Selon lui, la solution consistait à mieux réglementer. Telle était sa solution. Alors qu’une minute avant, il déclarait que les régulateurs finissent toujours par être absorbés par les secteurs qu’ils régulent ! Eh bien, il a raison sur ce point. Ils le sont toujours.
Les régulateurs sont toujours absorbés par les secteurs qu’ils régulent, puis ils sont utilisés. Ils sont utilisés pour construire des murailles afin de protéger le secteur en question de la concurrence.
Comme le disais Thomas Jefferson, les gouvernements se corrompent toujours au fil du temps. La seule chose que l’on peut faire alors est de limiter la taille du gouvernement. Le gouvernement qui gouverne le moins gouverne le mieux.
Dan :
L’argument que nous aurions avancé, si on nous avait laissé parler… ou si nous avions bu quelques verres en mois… était que la solution n’est pas une meilleure politique publique. La solution n’est pas une meilleure réglementation. La solution n’est pas plus de législation.
Bill :
Mais ils ne parviennent même pas à imaginer l’idée que la vraie solution est d’avoir moins de politique publique.
En réalité, le problème à présent, le problème immédiat, est qu’il n’y a pas assez d’argent. Le gouvernement a fait des promesses, les entreprises ont fait des promesses — le tout sous forme de dette, et nous avons plus de dette aujourd’hui que jamais auparavant.
Cette dette doit être remboursée. C’est une promesse.
Le problème, c’est que ces personnes rétorquent : « oh, pas de problème, nous allons nous en sortir par la croissance ». Mais c’est une impossibilité mathématique. La dette se développe bien plus rapidement que la production, et il n’y a pas de raison plausible de penser que cela va changer maintenant : ça empire. De plus en plus d’Américains partent à la retraite.
Si l’on regarde l’ensemble du tableau, c’est la production réelle qui permet d’honorer ses promesses. Elle provient du travail réel de l’économie réelle, basé sur des citoyens individuels comme vous, moi et tous les autres qui travaillent dur pour essayer de gagner de l’argent.
Le gouvernement fait intrusion dans tout cela… le gouvernement ne produit pas de richesse ; il la détruit. Il détruit la richesse, la limite et la consomme. C’est le vrai cœur de la question.
Dan :
Pour appuyer vos propos… j’ai retrouvé une petite chose. Selon le CBO (Congressional Budget Office), au rythme actuel, les déficits annuels seraient de 2 000 Mds$ par an d’ici 2038.
Bill :
Cela n’arrivera pas… on atteindra un déficit à 2 000 Mds$ dès 2019, 2020 ou 2021, avec la prochaine crise.
Tout simplement parce que lorsque la prochaine crise se déclenchera, le gouvernement — les mêmes personnes que celles qui pensent que la seule solution est plus de politique, plus de dépenses, plus de programmes — vont trouver toutes sortes de choses pour tenter d’améliorer la situation… et nous aurons des déficits à 2 000 Mds$ presque immédiatement.
Dan :
Et je le répète, la solution n’est pas plus de réglementation. Il n’y a qu’une seule solution : ce que l’on fait de son temps et de son argent. Notre philosophie est basée sur des individus ayant la liberté de faire ce qu’ils veulent avec leur argent et d’y veiller… qu’il s’agisse de leur entreprise, de leur famille ou de leur portefeuille.
Si vous cherchez quelqu’un pour vous protéger, si vous cherchez quelqu’un pour qui voter qui résoudra ces problèmes, vous vous mentez à vous-même. Personne ne résoudra ces problèmes à votre place à ce niveau. En fait, « ils » ne sont pas vos amis.
Et je crois que tout cela s’est perdu durant le dîner.
Bill :
Oui, toute cette idée s’est perdue.