La Chronique Agora

Chômeurs ou consommateurs — mais pas les deux

Par Simone Wapler (*)

"Le chômage s’emballe", signale Le Figaro dans son cahier saumon. "3 000 chômeurs de plus chaque jour", renchérit La Tribune. "90 200 chômeurs supplémentaires en janvier. Un chiffre que la France n’avait jamais connu", confirme Les Echos.

Des plans de relance gigantesques ont été mis en place. Ils sont financés par l’endettement public. Leurs effets tardent à se faire sentir. Et l’évidence crève les yeux : les chômeurs ne seront pas des consommateurs. L’immense cohorte internationale des chômeurs mis à pied par les banques, les constructeurs automobiles et l’industrie des matières premières.

Aux Etats-Unis, le désendettement des ménages commence à peine. Il atteint 98% du PIB de la première économie du monde. Le gouvernement fédéral est, quant à lui, endetté à hauteur de 40% du PIB. Le taux d’épargne des ménages américains vient de passer à zéro.

Comprenez : les Américains prenaient des crédits pour consommer et maintenant ils n’en prennent plus. L’autre étape, c’est un taux d’épargne positif : ils recommencent à remplir leurs bas de laine. Ce processus de désendettement sera très long. La reprise n’est pas pour demain, contrairement à ce que pense Ben Bernanke.

Ce que ne semblent pas comprendre la plupart des observateurs, l’or lui le comprend. Pourquoi diable la demande d’investissement serait-elle en hausse alors que le dollar va cahin-caha, mais pas si mal et que la perspective d’inflation est aussi ténue qu’un spectre se promenant à midi au solstice d’été ? Parce que les acheteurs savent que tout ce beau château de cartes va s’écrouler.

La "madoffisation" étatique, l’arnaque finale de la Grande Apocalypse Financière (GAF) est en cours. Voyons comment fonctionne l’immense opération de cavalerie qui se met en place :

– Mise en place de plans de relance et de renflouement financés par l’émission d’obligation à un taux d’intérêt de X%.

– Constat d’échec des dits plans. L’augmentation du chômage est l’une des mesures permettant ce constat.

– Affaiblissement de la monnaie. C’est un processus prévisible puisque l’économie ne va pas bien et que la dette paraît d’autant plus lourde.

– Nécessité d’émettre plus de dette pour compenser. Mais comme la monnaie s’est affaiblie, la nouvelle émission doit se faire à un taux supérieur à X%.

– Cette nouvelle émission entraînera un effondrement du cours des vieilles obligations.

– Pour éviter le krach, les banques centrales rachèteront leurs vieilles obligations. Car souvenez-vous d’un détail : ce ne sont pas les ménages américains, qui n’ont aucune épargne, qui achèteront les émissions obligataires.

Le stratagème (financement de la dette par la dette) finira par se voir et la monnaie de l’émetteur va s’effondrer. Tout cela, les acheteurs d’or le savent bien.

"Dans le ralentissement global actuel, trouver le gagnant entre le yen, le dollar et l’euro sera extrêmement difficile. Je suis plus enthousiaste au sujet des monnaies qui sont liées au matières premières comme le dollar", concluait une note de recherche de Paul Brain, le gestionnaire du fonds BNY Mellon.

Mais l’autre versant de ces futurs déséquilibres monétaires, ce sera le retour en force des matières premières. Croyez-vous que les producteurs accepteront de se faire spolier par l’effondrement du dollar ?

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.

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