La Chronique Agora

Chômage, immobilier, dette… Les jeunes n’ont pas la vie facile

▪ Aujourd’hui, nous tournons notre attention vers les jeunes — qui n’ont pas un sort enviable en ce moment.

Ils entrent en effet dans un monde tout différent de celui dans lequel nous nous sommes lancé. Nous le voyons dans la presse. Nous le constatons dans notre propre foyer. Nous avons six jeunes adultes dans la famille, dont les âges vont de 21 à 36 ans. Seul l’un d’entre eux a sa propre maison. Seul l’un d’entre eux est marié. Seul l’un d’entre eux a des enfants.

Nous avons participé à une émission de radio cette semaine, pour dire aux auditeurs pourquoi le chômage des jeunes est si élevé.

En Europe, au Japon et aux Etats-Unis, nous avons des économies vieillissantes, avons-nous expliqué. Au fil du temps, de plus en plus de gens comprennent comment utiliser le gouvernement pour obtenir des privilèges qu’ils ne pourraient pas atteindre par eux-mêmes. Certains avantages sont parfaitement inoffensifs — comme par exemple des places de parking réservées aux personnes handicapées. D’autres sont nettement plus pernicieux — des contrats militaires de plusieurs milliards de dollars, par exemple.

La manière la plus simple possible consiste souvent à payer un lobbyiste pour qu’il négocie des avantages pour vous

Tout le monde veut obtenir quelque chose — de la manière la plus simple possible. Et la manière la plus simple possible consiste souvent à payer un lobbyiste pour qu’il négocie des avantages pour vous… votre secteur… ou votre entreprise. Généralement, les gens veulent protéger leur salaire et leur style de vie en imposant des restrictions aux nouveaux entrants. Des licences. Des réglementations. Des certifications. En quelque sorte, ils veulent fermer les frontières afin d’empêcher les étrangers de venir et leur faire une honnête concurrence pour les emplois. Mais quasiment tous les secteurs et toutes les professions ont leur propre trafic — des quotas d’importation aux subventions en passant par les conventions collectives et autres. Comme les guildes de l’Europe médiévale, ils tentent de préserver leurs salaires élevés en maintenant les nouveaux concurrents à l’extérieur.

▪ Qui sont ces nouveaux concurrents ?
Les jeunes. Ils essaient d’entrer sur le marché du travail et se cassent le nez sur la porte. C’est pour cette raison que le chômage des jeunes (âgés de 20 à 25 ans) dépasse les 50% en Espagne, les 22% en France… et qu’aux Etats-Unis, il est le double du taux de chômage général.

C’est aussi pour cette raison que le marché immobilier américain est condamné. Chancelants sous 1 000 milliards de dollars de dette étudiante… sans accès à des emplois correctement payés… les jeunes ne peuvent pas se permettre d’acheter leur première maison.

"Les primo-accédants déclinent encore", annonçait un titre dans le Wall Street Journal :

"Les primo-accédants à la propriété représentent désormais la plus petite part des acheteurs américains depuis près de trois décennies — un segment traditionnellement solide du marché immobilier dont l’absence fait naître des questions concernant l’impact du krach sur les propriétaires potentiels".

Pourquoi ? Il suffit de suivre l’argent.

Depuis 1974, le revenu brut du groupe des 25-34 ans, en tant que pourcentage de la médiane, a chuté de plus d’un quart

Depuis 1974, le revenu brut du groupe des 25-34 ans, en tant que pourcentage de la médiane, a chuté de plus d’un quart aux Etats-Unis. Ce qui laisse plus de jeunes vivant avec leurs parents… ou locataires.

"Avec la hausse des loyers et le remboursement de la dette étudiante, il est plus difficile d’avoir un apport, surtout pour les jeunes adultes confrontés à des perspectives professionnelles limitées et des salaires qui stagnent depuis leur entrée sur le marché de l’emploi", déclare Lawrence Yun, de l’Association américaine des agents immobiliers, cité dans le Wall Street Journal.

Cela affecte non seulement le marché immobilier mais la culture également. Comme leurs homologues japonais et européens, les jeunes Américains ne semblent pas prendre le taureau par les cornes. Ils restent en retrait… réticents… hésitants. Moins impliqués… moins compétitifs… moins susceptibles de fonder de nouvelles entreprises… et moins indépendants. Que veulent-ils ? Qu’attendent-ils ? Non seulement ils ne se précipitent pas pour acheter des maisons, mais ils retardent le mariage et ont moins d’enfants.

Est-ce bon ou mauvais ? Nous n’en savons rien. En tout cas, c’est différent.

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