La Chronique Agora

Chine : une tragique histoire de magnitudes…

** Comme pour nous faire regretter un peu plus de ne pas avoir consacré notre journée au test de hamacs, de ventilateurs portatifs et de rafraîchisseurs de bouteilles, Wall Street n’a accéléré à la hausse qu’après la fermeture des places européennes : les gains affichés par les indices américains ont doublé entre 17h30 et 18h. Le Dow Jones (+1%) et le S&P 500 (+1,1%) ont allègrement effacé leurs pertes de vendredi dernier et semblent avoir tourné la page des déboires d’AIG et de Citigroup. Le Nasdaq, quant à lui, grimpait de 1,75% après des débuts plus qu’hésitants.

Wall Street vit depuis quelques heures dans la bienheureuse attente d’un communiqué de Hewlett Packard — encore mal remis du rachat de Compaq — officialisant son projet de rachat d’Electronic Data Systems pour 12 à 13 milliards de dollars.

** A Paris, en dehors de quelques rumeurs de montée d’un mystérieux investisseur au sein du capital d’Hermès (+6%), rien n’est venu distraire les traders d’un profond ennui (entre 9h01 et 17h34), et surtout pas la volatilité quasi-inexistante qui régna entre 10h et 15h30.

Une heure après l’ouverture de Wall Street, le CAC 40 a fait une incursion en territoire négatif, affichant une perte de 0,1% qui n’a pas tardé à être comblée puisque le score final fut de 0,33% dans des volumes estivaux — et que dire de la température dans les rues de Paris — dignes d’une veille de week-end du15 août avec 2,85 milliards d’euros échangés seulement.

Chez nos voisins, Londres progressait de 0,25%, Francfort et Bruxelles de 0,45% — sans plus d’enthousiasme, car beaucoup d’opérateurs étaient absents en ce lundi de Pentecôte — et la bourse de Zurich était fermée, ce qui n’a fait aucune différence pour les investisseurs helvétiques par rapport à la moyenne des places européennes sur les dernières 48 heures.

Nous étions un peu perplexe face à l’accélération haussière des indices américains lundi soir alors que le baril de pétrole demeure proche de ses records absolus à 125,3 $. Les gérants américains apprécient peut-être le tassement du billet vert (-0,25% à 1,5505) qui constitue un bon stimulant pour le commerce extérieur américain, comme le démontre la contraction du déficit au mois de mars (-5% à 58,2 contre 61,7 milliards de dollars).

** Ce qui nous étonne encore plus, c’est le peu d’émotion causé par la reconnaissance officielle par Pékin d’une inflation d’une magnitude de 8,5% en rythme annuel — ajoutez 2% pour être plus proche de la réalité vécue par les habitants des grandes métropoles de l’est et du sud de la Chine — et du séisme de magnitude de 8,7 qui aurait déjà causé pas moins de 10 000 victimes — 80% des bâtiments seraient détruits dans le comté de Beichuan.

Cette catastrophe géologique majeure, selon les propres termes employés par le Premier ministre Wen Jiabao, ne sera pas sans conséquences sur l’activité économique des prochains jours… et qui sait, des prochaines semaines.

Nous serons fixés lorsque les autorités chinoises auront évalué la situation dans sa globalité. N’oublions pas que le pays travaille en flux tendu et que la pénurie de carburant, de composants ou de matériaux de construction n’est jamais loin.

Compte tenu de l’ampleur de la tragédie qui a frappé la province du Sichuan — on ne dénombre qu’une poignée de séismes par siècle suffisamment puissants pour être ressentis à plus de 2 000 kilomètres de l’épicentre –, nous n’avons pas le coeur à en rajouter sur les difficultés structurelles que traverse la Chine à trois mois de l’inauguration des Jeux.

Les porte-parole du CIO se sont empressés de confirmer que les installations olympiques de Pékin étaient intactes. Il est permis d’espérer que les autorités chinoises feront preuve d’autant de promptitude pour venir en aide aux populations durement éprouvées et se montreront aussi volontaristes dans l’effort de reconstruction des villes dévastées.

Philippe Béchade
Paris

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