La Chronique Agora

Chine ou Russie : quelle est la plus grande menace ? (1/3)

Chine Russie

Maintenant que le gouvernement Biden a « pris ses marques », jetons un œil à la politique étrangère des Etats-Unis – en nous appuyant aussi sur les précédents historiques en la matière.

Le gouvernement Biden étant désormais bien installé, il est temps de réévaluer la politique américaine vis-à-vis de la Russie, de la Chine et de l’Asie dans son ensemble.

Les Etats-Unis vont-ils poursuivre les politiques du gouvernement Trump, ou assisterons-nous à quelque chose de nouveau ? L’équipe du Pentagone n’ayant pas changé depuis la période pré-Trump, une détente semble peu probable et il y a fort à parier que la guerre froide se poursuivra.

Avant de parler géopolitique, cependant, nous devons veiller à définir une position neutre à partir de laquelle observer l’évolution des évènements.

Impossible de rester objectif en la matière tout en trouvant des justifications à l’invasion non-sollicitée d’un territoire étranger pour éliminer une personnalité déclarée ennemi public, comme l’Amérique l’a fait avec Oussama Ben Laden, avant de condamner la Russie pour une tentative de meurtre sur un ancien agent du KGB vivant à Salisbury, ou, d’ailleurs, pour le démembrement d’un journaliste à l’ambassade saoudienne en Turquie.

Il faut être conscient que tout ceci fait partie intégrante de ce que Kipling appelait « le Grand jeu », et que l’on y joue depuis toujours.

Les actes de ce type sont le produit des Etats et de leurs agents, qui agissent au-dessus de toute loi, et sont donc en droit de les ignorer.

Nous devons bannir de nos esprit l’idée qu’il existe des bons et des méchants – dans les opérations à l’étranger, tout le monde se comporte de la même manière. Nous devons oublier les justifications nationalistes. Nous ne pouvons croire à la propagande d’aucun Etat en matière géopolitique, surtout pas en pleine guerre froide. Sachez que les informations qui nous parviennent ont préalablement été triées sur le volet. Nous devons autant que possible nous baser sur les faits, et utiliser la raison.

Nous sommes maintenant prêts à poser une question importante…

Pour quoi, pour qui la domination US est-elle « vitale » ?

Aux yeux du gouvernement Biden, le statu quo américain, avec l’hégémonie du dollar, est considéré comme un droit inaliénable. La position dominante des Etats-Unis dans le monde est perçue comme vitale pour… pour quoi, d’ailleurs ?

Le bien du monde… ou le bien des Etats-Unis aux dépens du monde ? Pour trouver une réponse à cette question, il faut l’analyser du point de vue du complexe américain de la défense et du renseignement.

Le problème auquel nous devons faire face aujourd’hui est que le rôle du Pentagone dans la gestion de la sécurité extérieure des Etats-Unis s’est complètement institutionnalisé depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

Quand les Soviets ont étendu leur sphère d’influence sur les trois grands continents non-développés (Asie, Afrique et Amérique du sud), il était encore possible de défendre le capitalisme et la liberté – en tous cas, dans le sens qui leur est donné aux Etats-Unis, en conservant les petites nations dans notre camp.

Les moyens employés à cette fin furent parfois justes… et parfois déloyaux, dans un souci d’efficacité.

Avec la chute du mur de Berlin et la mort de Mao Zedong, pourtant, les fonctions de défense et de renseignement américaines sont devenues largement superflues, à l’exception de quelques questions directement liées à la défense nationale.

Un scénario classique

Or – c’est dans leur nature – les branches du gouvernement et leurs sous-traitants dans le privé sont prêts à tout pour maintenir à la fois leur influence et leurs budgets. L’argument que de nouvelles menaces vont survenir est toujours difficile à contrer pour une personnalité politique.

Alors que fait un agent du gouvernement relégué au rôle de figurant, une fois qu’il a réussi à garantir sa survie ? En l’absence d’objectif réel, un glissement s’opère : il se met en quête d’objectifs militaires alternatifs afin de préserver son pouvoir. Tout le monde suit le scénario à la lettre depuis la première présidence Bush.

Trump a été le premier président depuis un bon moment à ne pas lancer de nouvelle campagne militaire à l’étranger. Les services de la défense et du renseignement ont opposé une grande résistance à ses tentatives de limiter les opérations extérieures. Ses efforts pour obtenir une détente avec la Corée du Nord ont été accueilli avec dédain – voire avec horreur du côté de Langley, où se trouve le siège de la CIA.

Quelle que soit la vérité, il est illusoire de penser que le pouvoir de dissimuler des informations sans aucune remise en cause possible, de trier les informations, de subvertir des Etats étranger et de lancer des opérations secrètes de renseignement ne donnera lieu à aucun abus.

La prolifération des théories du complot, dont l’origine est attribuée aux cyberattaques et à la désinformation russes, est une conséquence de la tendance de nos propres gouvernements à tordre la vérité à tel point que de larges parts de la population commencent à croire qu’il s’agit de la propagande de ses propres dirigeants.

Ce qui nous amène au changement d’administration. Joe Biden s’est intéressé de près aux affaires étrangères dès la fin des années 1970, alors qu’il était sénateur. Il a siégé au comité des relations étrangères du Sénat à partir de 1997, avant d’en devenir le président.

Le Pentagone se considère sans doute entre de bonnes mains, avec un politicien actif depuis si longtemps dans ce domaine : le président devrait soutenir le rôle de Langley dans l’établissement de priorités en matière de géopolitique et de défense. Pour la CIA, après un président Trump résolument désobéissant, c’est un changement bienvenu.

Mais qu’en est-il pour le reste du monde ? Nous verrons cela demain.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.

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