La Chronique Agora

Chine, Grèce : histoire de deux crises

▪ Deux histoires dominent les gros titres financiers dans le monde. En ce qui concerne la première, il s’agit de l’effondrement des marchés boursiers chinois et la mise en place d’un fonds de sauvetage afin de soutenir l’indice boursier, le Shanghai Composite (SSE).

En ce qui concerne l’autre histoire, le referendum grec a laissé place au nouveau plan de sauvetage du pays : 60% des Grecs avaient répondu "non" aux conditions de sauvetage proposées par les "institutions" — à savoir le FMI, la BCE et l’Union européenne. Il semblerait que les conditions de sauvetage aient été imposées.

Les marchés financiers mondiaux mettent en scène deux crises.

Ces deux crises sont différentes dans leurs particularités mais elles sont aussi dangereuses l’une que l’autre en termes de conséquences systémiques. La Chine est la deuxième économie mondiale ; la Grèce ne fait pas partie du Top 40. Les actifs financiers de la Chine sont éparpillés dans les portefeuilles de centaines de millions d’investisseurs, alors que la dette souveraine grecque est concentrée entre quelques mains. La Chine est un marché émergent, alors que la Grèce est une économie développée. La Chine est une dictature s’exerçant du sommet vers la base, alors que la Grèce vient juste d’illustrer devant le monde entier ce qu’est une démocratie s’exerçant de la base vers le sommet — du moins, en théorie.

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Ce qui sépare ces deux crises est insignifiant comparé à ce qui les unit

Pourtant, ce qui sépare ces deux crises est insignifiant comparé à ce qui les unit. Toutes deux peuvent déclencher un effondrement systémique mondial. Le monde semble plus fragile qu’il l’était en 2007. Les grandes banques sont plus importantes. La totalité des actifs est concentrée entre quelques mains. Dans les comptes des banques, les dérivés sont beaucoup plus volumineux. La liquidité des marchés s’est dégradée.

Ce n’est un secret pour personne. L’élite financière internationale le crie sur les toits depuis un moment. Des mises en garde ont été lancées en quantité par le FMI, le G20, la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux (BRI) et par des think tanks privés. Dans l’ensemble, ces mises en garde ont été ignorées. Les internés (les banques) ont continué de diriger l’asile psychiatrique (le système financier). Les investisseurs ont continué de se jeter sur les bulles boursières et immobilières, de Wall Street à Wuhan, à la recherche de quelque "rendement" insaisissable. L’effondrement n’a toujours été qu’une question de temps.

▪ Le temps est-il venu, alors ?
La Chine et la Grèce représentent-elles les flocons qui déclencheront l’avalanche ? (Je fais référence à mon dossier 30 Flocons qui pourraient déclencher la prochaine avalanche financière).

Les faillites individuelles des banques et des courtiers pourraient bien proliférer

Non, probablement. Le système est fragile et ces crises sont pressantes. Mais elles sont également sensibles aux réactions gouvernementales variant du bon sauvetage tout simple à des renflouements plus extrêmes, et à l’utilisation de la "force majeure". Les banques sont restées fermées près de trois semaines, en Grèce. Les bourses peuvent encore être fermées, en Chine. Les faillites individuelles des banques et des courtiers pourraient bien proliférer. Mais le noyau devrait tenir, pour l’instant.

En termes simples, la Chine subit peut-être un effondrement de plusieurs milliards de dollars mais elle dispose d’une lance à incendie de plusieurs milliers de milliards de dollars que représentent ses réserves officielles. La Chine peut adopter la devise du "tout ce qu’il faudra" ("whatever it takes") de Mario Draghi, et elle n’a même pas besoin d’imprimer de l’argent : elle peut se contenter d’utiliser ses réserves.

Pour la Grèce, en revanche, c’est différent, comme nous le verrons demain.

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