La Chronique Agora

Chine/Etats-Unis : la nouvelle Guerre froide

▪ A la fin des années 1980, lorsqu’il devint évident que l’Union soviétique était sur le point de s’effondrer, Colin Powell était le conseiller à la sécurité nationale de Ronald Reagan. Un jour, il était au Kremlin assis en face du dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev.

"Ah, Général, je suis tellement désolé", lui dit Gorbatchev, "vous devrez vous trouver un nouvel ennemi".

Du moins c’est ce qu’a raconté Powell au cours d’une interview l’année dernière.

"Nous avons perdu notre meilleur ennemi", déclara-t-il. "Toute notre structure dépendait du fait qu’il y avait une Union soviétique risquant de nous attaquer".

L’aveu franc de Powell souligne ce que j’avais déjà dit dans mon livre L’Empire des dettes : l’empire Washington fonctionne selon sa propre logique. Il vaut mieux déterminer vos investissements en fonction…

L’année 2013 se termine sur cette situation : la Chine et le Japon se disputent quelques minuscules îlots inhabités — et les Etats-Unis sont dans la ligne de mire.

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Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.

Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !

Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.

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Les avions de combat chinois et japonais survolent les territoires de l’ennemi. Les leaders chinois et japonais se livrent à une bataille de mots.

Heureusement pour la vie des soldats, cela ne va pas plus loin. Mais comme je l’ai écrit pour mes lecteurs d’Apogee Advisory en janvier et à nouveau début octobre, la menace de guerre est toujours présente. Et les Etats-Unis sont obligés par traité de se ranger aux côtés du Japon.

▪ Un "nouvel ennemi" à la mesure des Etats-Unis
Quant au "nouvel ennemi", il a fallu plus de 20 ans à Washington pour en trouver un qui soit à sa mesure. Saddam Hussein l’a été un certain temps. Il y eut aussi le terrorisme "sans visage" qui n’est aujourd’hui plus jugé digne d’une vraie guerre mais de ce qu’on désigne simplement comme des "opérations d’urgence à l’étranger".

Entre alors en scène la Chine : "depuis la disparition de l’Union soviétique", écrit James Dobbins chez RAND Corp., "la Chine est devenue l’adversaire par défaut de l’Amérique, la puissance contre laquelle les Etats-Unis se mesurent militairement, du moins lorsqu’il n’y a pas de plus proche ennemi en vue".

Les Etats-Unis sont donc "l’acteur extérieur le plus intrusif dans les affaires intérieures chinoises", expliquent Andrew Nathan et Andrew Scobell dans Foreign Affairs, "le garant du statu quo à Taiwan, la plus importante présence navale en mer de Chine orientale et méridionale, l’allié militaire formel ou informel de beaucoup de voisins de la Chine et le principal faiseur et défendeur de régimes légaux internationaux existants".

Et tout ceci avec "le pivot" à peine engagé. En novembre 2011, alors que Hillary Clinton était encore secrétaire d’Etat, elle avait déclaré : "les Etats-Unis sont sur un point de pivot" — retirant ses troupes d’Irak et d’Afghanistan et effectuant un virage vers l’est asiatique. Ceux qui travaillent dans les ministères à Washington parlent depuis du "pivot".

Deux années plus tard, nous pouvons dire que l’histoire pourrait bien marquer ce moment comme la déclaration officielle d’une nouvelle Guerre froide.

Selon l’ancien journaliste de la CNN Mike Chinoy, le pivot se traduit par une relocalisation de "60% des actifs" de la Marine américaine dans l’océan Pacifique. "Cela entraîne le déploiement de six porte-avions, des destroyers, des navires de combat en zone littorale, des sous-marins ainsi qu’une augmentation des exercices militaires et des séjours dans des ports".

Cela ne s’arrête pas là. "Un moyen pour les Etats-Unis d’augmenter les chances d’une défense directe et de réduire les risques d’escalade", écrit James Dobbins, "consiste à donner les moyens pour plus de capacités aux voisins de la Chine et à soutenir leur détermination".

"Une telle stratégie", ajoute-t-il, "ne devrait pas être — ou être vue comme — une tentative américaine d’encercler ou de rassembler la région contre la Chine, de peur d’engendrer une plus grande hostilité de la part des Chinois".

Trop tard : à peine Mme Clinton avait-elle annoncé le pivot, le Center for Strategic International Studies anticipait "une mutation de la politique étrangère chinoise, sur la base du jugement des nouveaux responsables, selon laquelle ils doivent répondre à une stratégie américaine qui cherche à empêcher la réémergence de la Chine comme grande puissance".

A suivre…

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