La mesure de Benoît Hamon, si elle était appliquée, nécessiterait la modeste somme de 349 Mds€ par an selon l’Institut Montaigne. Il s’agit du montant médian estimé si l’on versait 750 euros par mois à TOUT citoyen de plus de 18 ans, comme le prévoit le projet initial.
Selon l’économiste Marc Fleurbaey, professeur à Princeton, un montant de 750euros versé à 50 millions d’adultes, représenterait un total de 450 Mds€. Si ce montant était ramené à 600 euros par mois, proche du RSA, il faudrait 360 Mds€, soit près de cinq fois le déficit actuel des finances publiques.
« Ce chiffrage fantaisiste n’a absolument aucun sens. Benoît Hamon n’a jamais dit qu’il allait verser 600 euros par mois à 50 millions d’adultes. Au contraire : il a explicitement évoqué le fait que le nouveau système pourrait être sous conditions de ressources et concernerait uniquement les salaires inférieurs à 2 000 euros avec des montants qui ne seraient évidemment pas les mêmes pour tous », rétorque un collectif sur le blog de l’économiste Thomas Piketty, dans un article intitulé Pour un revenu universel crédible et audacieux.
L’article évoque un système de complément de revenu qui ferait que le « SMIC net passerait immédiatement de 1 150 euros net à 1 280 euros net, et pourrait atteindre 1 400 euros net d’ici à la fin du quinquennat. Voici la véritable revalorisation du travail dont nous avons besoin ».
[NDLR : Si la valorisation du travail est un problème, celle de la retraite l’est aussi. Comment vous constituer une retraite de ministre en y consacrant dès aujourd’hui moins de 200 euros par mois ? Tout est ici…]
Quoiqu’il en soit, le principe comptable de la partie double est implacable : si l’on donne de l’argent d’un côté, il faut bien le prendre d’un autre. Vous aurez vite à l’esprit la source providentielle de ce financement. Un indice, ce n’est pas la poche de Benoît Hamon…
Au-delà des querelles de chiffres, les fondements mêmes du revenus universel semblent douteux : l’idée elle-même n’est ni crédible ni audacieuse. Comme le souligne le blog de Piketty, on ne peut parler de revenu universel sans soulever la question du salaire minimum.
L’essai peu concluant d’un audacieux mécène
Dan Price, le PDG américain de Gravity Payments, avait fait beaucoup parler de lui lorsqu’un beau jour de 2014, il décida de rehausser le salaire minimum de ses salariés à 70 000 dollars par an.
Certains salariés avaient vu leur salaire doubler.
Triste ironie du sort, des personnes aux postes clefs démissionnèrent progressivement : compétence, prise de responsabilités et ancienneté n’étaient plus valorisées et ils perdaient leur motivation initiale.
La différence entre Dan Price et Benoît Hamon, c’est que le premier utilisa son propre argent pour tester son utopie.
Pour certains de ses promoteurs, le revenu universel se justifierait en raison de l’automatisation. Il faut bien lutter contre les robots voleurs du travail…
Plus de robots et moins de chômage
Le constat de la disparition imminente du travail, en plus d’être un déni du principe de destruction créatrice cher à Schumpeter, est démentie par les faits.
Les pays les plus robotisés au monde sont la Corée du Sud, l’Allemagne et le Japon.
Nombre de robots industriels multitâches pour 10 000 employés dans l’industrie manufacturière
Source : International Federation of Robotics
Le taux de chômage de ces pays a pourtant de quoi nous faire pâlir d’envie (chiffres 2016, source Tradingeconomics) :
- 3,40% pour la Corée du Sud,
- 3,90% en Allemagne,
- 3,10% au Japon.
Nos 10% « officiels » sont loin derrière.
Un esprit tordu pourrait croire que la promotion de cette mesure ne serait qu’un nouveau moyen d’acheter des voix, voire de contrôler indirectement les masses tributaires de ce nouveau revenu…