Les chevaux et les vaches sont capricieux, les accidents imprévisibles mais il y a toujours ceux qui gagnent et ceux qui dépouillent.
« On ne sait pas encore ».
« Mais il est chez lui ? »
« Oui, le médecin a dit qu’ils ne pouvaient rien faire ».
L’élevage — surtout ici, loin des hôpitaux… des médecins… ou même d’une route — est une activité risquée. L’autre matin, à l’aube, nous avons appris que l’un de nos cow-boy avait failli mourir.
Ceux qui font et ceux qui prennent
Lorsque nous vous avons quitté hier, cher lecteur, vous étiez en train de vous tortiller sur votre siège, brûlant de nous dire ce que nous savons tous :
Oui, il existe bien un « eux contre nous » qui est réel… et qui compte. Mais il n’a rien à voir avec les duels républicains/démocrates, noirs/blancs, protestants/catholiques, US/Mexique ou toute autre catégorie ordinaire.
Il s’agit plutôt des deux plus vieux groupes au monde — ceux qui gagnent de la richesse… et ceux qui les en dépouillent.
Comme vous le savez, il n’y a que deux moyens d’obtenir ce que l’on veut, dans la vie : honnêtement… ou malhonnêtement. Soit vous fournissez un service ou un produit, de votre plein gré — votre temps, le plus souvent — en échange d’autre chose. Soit vous cambriolez une banque… escroquez vos clients… ou recevez des allocations de la part des autorités.
Au fil du temps, dans un système politique stable, de plus en plus de gens découvrent comment profiter du système, utilisant les muscles des autorités pour obtenir ce qu’ils veulent. C’est pour cette raison qu’ils sont prêts à dépenser des millions de dollars pour gagner une élection : ils savent que cela rapporte.
C’est aussi pour cette raison que le lobbying est devenu une activité aussi importante… et que Washington est devenue bien plus riche que le reste du pays. C’est pour cette raison que les Etats-Unis ont 22 000 Mds$ de dette nationale… et des guerres contre la drogue, des taxes douanières, de la pauvreté… des guerres en Afghanistan et des centaines de bases militaires partout dans le monde.
Il suffit de suivre l’argent : il mène systématiquement à un segment du Deep State et de ses compères.
C’est aussi pour cette raison que nous avons un système d’argent factice et une banque centrale qui volent des milliers de milliards de dollars aux classes moyennes et les font passer vers les initiés et les élites.
Une sinistre redistribution
Contrairement à ce que pense Warren Buffett, les riches ne sont pas devenus aussi riches en participant à la grande entreprise américaine. Ces 30 dernières années, les actions ont grimpé deux fois plus rapidement que l’économie. Cela ne s’est pas produit par accident. La partie était truquée. Voilà ce que cela a produit, selon la rédactrice financière Nomi Prins :
« Les 1% d’Américains les plus riches gagnent en moyenne plus de 40 fois les revenus des 90% les plus pauvres. Si l’on se penche sur les 0,1% les plus riches, ces chiffres ne font qu’empirer radicalement. Cette minuscule clique engrange plus de 198 fois le revenu des 90% inférieurs. Ils possèdent également autant de richesse que les 90% les plus pauvres du pays »…
Mais le vrai « eux contre nous » n’est pas non plus « le peuple contre les riches ». C’est plutôt le public honnête contre ceux qui prennent… les escrocs et les tire-au-flanc… les canailles et les crapules… les think tanks, conseillers politiques, sous-traitants, syndicats, les Mnuchin, Abrams, Pence, Flynn, Clinton, Powell, Bernanke, Gore et ainsi de suite… les comploteurs et les rêveurs… les accros au pouvoir et les idiots des deux partis…
Notre travail, à La Chronique, est simplement de tenter de relier les points, pas d’améliorer les choses. Cependant, en théorie, il serait facile d’avoir le dessus sur ces vauriens : il suffirait de réduire le budget fédéral. Cela n’arrivera pas — et vous savez pourquoi. Tout comme la Fed ne va pas « normaliser » les taux d’intérêt : parce que les initiés contrôlent le budget et la politique monétaire.
Nous reviendrons souvent à ce sujet dans ces lignes. Nous pensons que cela explique comment le monde en est arrivé là où il est aujourd’hui… et pourquoi il est impossible d’empêcher le futur désastre budgétaire.
[NDLR : Notre collègue Jim Rickards est lui aussi persuadé que les élites nous emmènent droit vers la faillite. Mais il sait aussi comment vous faire profiter de ce désastre programmé. Découvrez comment en cliquant ici.]
Pour aujourd’hui, finissons notre histoire.
Quelqu’un à qui l’on peut faire confiance
« Nous rassemblions le bétail », expliquait le chef d’équipe. « Je ne sais pas ce qui s’est passé mais le cheval de Natalio — vous savez, il était sur PomPom (un cheval sur lequel Elizabeth refuse de monter car il est incontrôlable) — a pris peur d’un seul coup. Il s’est cabré et lui est tombé dessus ».
Natalio a 63 ans. Personne n’a autant d’expérience que lui en matière de chevaux et de bétail. Il a travaillé avec eux toute sa vie.
Natalio travaille avec le bétail au ranch
« Natalio, on peut lui faire confiance », a expliqué le chef d’équipe. « Si je veux être certain qu’une chose sera bien faite, je la confie à Natalio.
« Il a commencé ici il y a plus de 40 ans. Nous avons débuté ensemble. On n’avait pas de machines, à l’époque — juste des chevaux et des mules. Les vaches étaient sauvages et erraient dans les montagnes. On y allait à cheval, mais venait un moment où les chevaux ne pouvaient pas aller plus loin. On allait alors à pied, et on passait des semaines à rassembler le bétail, dormant dehors… sans rien de plus que nos havresacs et nos tapis de selle. C’était une vie difficile.
« Les jeunes cow-boys ne peuvent même pas imaginer ce que c’était. Aujourd’hui, ils viennent travailler en moto. Et tout le bétail est dans la vallée, où les bêtes sont faciles à gérer. Pas la peine de s’embêter avec les bêtes de montagnes. La viande est trop dure, personne ne les achèterait.
« Le monde était différent, à l’époque ».
L’imprévisible est toujours avec nous
Il nous semble que le monde reste très différent. Les jeunes gauchos viennent certes à moto, mais ils passent le reste de leurs journées à cheval, exactement comme ils l’ont toujours fait.
Ils attrapent le bétail… reconstruisent des murs de pierre… et nettoient les canaux d’irrigation avec des pelles. Et cela reste dangereux.
Les chevaux sont imprévisibles. Les vaches peuvent charger sans prévenir. Des orages se déclenchent soudain, parfois avec des tempêtes de poussière soufflant à 60 km/h… parfois avec des vents glaciaux apportant de la neige dans les montagnes.
« Le père de Natalio est mort là-haut », a continué notre chef d’équipe, indiquant les montagnes à l’ouest de la maison.
« Là aussi, c’était un accident. Il était monté chercher des bêtes. Il était sur une mule — elles sont généralement plus fiables que les chevaux lorsqu’on est en terrain rocheux.
« Mais il est tombé, ou alors sa mule a glissé — il s’est cassé la jambe. Personne ne savait où il était. Tout ce qu’on savait — j’étais enfant, à l’époque –, c’est que la mule était revenue et pas lui. Et lorsque nous sommes allés le chercher le lendemain, nous l’avons trouvé. Il était mort gelé. Là-haut, il peut faire si froid… »
Nous sommes allé voir l’invalide à cheval ; il loge avec sa fille dans une maison de pisé près de l’école. Nous avons eu la surprise de voir Natalio sortir, boitant légèrement mais sur ses deux pieds, avec sa chique de feuilles de coca calée dans la joue comme d’habitude.
« Comment allez-vous, mon vieux ? » avons-nous demandé.
« Comme-ci comme-ça », nous a-t-il répondu.
Natalio nous a raconté ce qu’il s’était passé.
« Je ne suis juste plus aussi vif qu’avant. Le cheval était en train de me tomber dessus. J’ai essayé de rouler hors d’atteinte, mais il m’a heurté sur le côté ».
Natalio a montré son flanc gauche.
« Je suis tout cabossé. Et des côtes cassées. Les docteurs disent qu’ils ne peuvent rien y faire. Il faut laisser cicatriser. J’espérais revenir au travail la semaine prochaine, mais les choses ne se réparent plus aussi rapidement qu’avant.
« Je crois qu’il est temps de prendre ma retraite ».