▪ En ce moment même, les banquiers centraux sont en train de diluer tout doucement la valeur de la dette en poussant les taux d’intérêt en dessous des taux d’inflation. Certains appellent cela de la « répression financière ». Il s’agit d’une politique non déclarée qui a beaucoup de conséquences négatives. Existe-t-il une autre solution, puisque toutes les tentatives pour « réparer » le système actuel avec plus d’emprunts et plus d’émission de devises ont échoué ?
Pourquoi pas l’étalon-or classique, qui s’avère être le moins imparfait de tous les systèmes que nous avons essayés. Chaque pays pourrait choisir de fixer sa monnaie par rapport à l’or à un cours qui permet une croissance suffisante des réserves bancaires afin de réduire fortement l’endettement du secteur public — et celui du secteur privé.
Re-lier une monnaie comme le dollar US à l’or au cours actuel (environ 1 550 $) soulève cependant des problèmes. En particulier, cela ne permettrait pas de soulager un système bancaire surendetté. Mais re-lier le dollar à, par exemple, 10 000 $ l’once pourrait être intéressant.
Les gestionnaires de hedge fund Lee Quaintance et Paul Brodsky, de QB Asset Management, ont rédigé un document très intéressant sur la réintroduction potentielle de l’or dans le système monétaire, tout en mettant en œuvre ce que l’on pourrait considérer comme une remise de dette jubilaire. Je conseille fortement la lecture de ce document. QB explique comment cela pourrait fonctionner aux Etats-Unis.
« Si l’on prend l’exemple des Etats-Unis, la Fed achèterait l’or du Trésor américain à un prix fixé, beaucoup plus élevé que son cours actuel. Plus le prix sera élevé, plus on créera de base monétaire et plus la dette publique sera amortie. Une augmentation d’un facteur 8 à 10 du prix de l’or via ce mécanisme assurerait une garantie totale de tous les dépôts bancaires en dollars (un désendettement total du système bancaire) ».
« Dans le graphique ci-dessous on peut voir à quoi ressemblerait la remonétisation de l’or. Le tracé jaune se rapproche rapidement du tracé bleu. Et ce dernier ne cesse de monter, tandis que la masse monétaire ne cesse de croître de plus en plus rapidement. Le ‘cours fictif de l’or’ est calculé par QB en divisant la base monétaire américaine par les réserves officielles américaines en or. Les responsables politiques, qui ressentent toujours le besoin de gérer quelque chose, apprécieraient de retrouver la même formule que celle utilisée sous le régime de Bretton Woods pour fixer le dollar à 35 $ l’once. Autrement dit, le ‘cours fictif de l’or’ est le cours théorique de l’or après que la Fed a augmenté la masse de dollars à un niveau qui couvrirait les dettes des banques systémiques puis a re-lié le dollar à l’or. Voici le chemin vers l’or à 10 000 $ » :
Ce chemin affaiblirait les effets de la dette, dévastateurs pour l’économie, créée depuis que le président Nixon a suspendu la convertibilité du dollar. Il transformerait une monnaie basée sur la dette en une monnaie adossée à des actifs. Personne ne poserait plus alors cette déplaisante question : « sur quoi repose le dollar ?? » — pour finalement se retrouver avec encore plus de questions (et des maux de tête). En ce moment même, le dollar est garanti par les bons du Trésor soutenus par la Fed, qui sont à leur tour garantis par la confiance dans la monnaie fiduciaire — c’est-à-dire rien !
Le scénario de monétisation de QB imposerait des pertes pour certaines parties lorsque sera appuyé le bouton de réinitialisation mais contrairement à la plupart des prescriptions politiques que nous avons vues dernièrement, il semble résoudre plus de problèmes qu’il n’en crée. Plus particulièrement, les hommes politiques pourraient avancer que cette réinitialisation impliquerait une « migration de valeur, en termes réels, d’actifs adossés à de la dette vers des biens, des services et des actifs dégagés de toutes dettes ». Ceux qui reçoivent une rémunération seraient gagnants par rapport à ceux qui possèdent des actifs, parce que « pour avoir des prix nominaux des actifs stables, voire plus élevés, il faudrait en prérequis des revenus nominaux et des prix de consommation encore plus élevés ».
Ce scénario plaide pour la détention d’actions de producteurs de matières premières physiques (en particuliers les producteurs d’or), même s’il semble que nous sommes dans un environnement déflationniste. Un étalon-or, après une monétisation de la dette, donnerait une économie mondiale plus équilibrée, plus efficiente et moins sujette à des booms et des fiascos violents.
Bonus supplémentaire : les banquiers centraux ne seraient plus considérés comme des super-héros ! Ils ne seraient que de simples serviteurs, reliant la masse monétaire à l’or et laissant le marché libre déterminer le prix de l’argent. Après tout, quand dans l’histoire la planification centrale a-t-elle mieux fonctionné que l’économie de marché ?
Espérons que les banquiers centraux de tous les pays trouvent le chemin d’une solution comme celle proposée par QB Asset Management avant d’infliger encore plus de dégâts aux fondements de l’économie mondiale. Malheureusement, il se pourrait qu’il faille que les conditions empirent encore plus sur les marchés financiers, les systèmes bancaires et les économies avant que de telles idées « hors des sentiers battus » soient prises en compte. Un portefeuille défensif avec une exposition à l’or et à d’autres actifs physiques semble être la composition idéale dans l’environnement actuel.