La Chronique Agora

Chaises musicales à la grecque

▪ Avant toute chose, cher lecteur, commençons par un faire-part de renaissance — celui du livre de Bill Bonner, L’Empire des Dettes, qui paraît le mois prochain dans une nouvelle édition mise à jour et enrichie. Je rappelle que la première édition, parue aux Etats-Unis en 2005 et en France en 2006, était devenue best-seller du New York Times.

Aujourd’hui, ce livre reste d’actualité — il est même d’autant plus pertinent que les leçons de 2007-2008, de la crise des subprime à la crise du secteur bancaire, n’ont pas été apprises (et c’est un euphémisme). Nous en reparlerons, bien entendu, mais en attendant, vous pouvez déjà pré-commander ce Nouvel Empire des Dettes ici même.

▪ Et à part ça ? A part ça, les marchés recommencent à trembler. La Grèce est "digérée", claironnait Investir il y a quelques jours, et pourtant… l’humeur n’est pas au beau fixe parmi les investisseurs. L’Espagne, notamment, donne des sujets d’inquiétude, comme l’expliquait Simone Wapler il y a quelques jours dans MoneyWeek.

"Soupir de soulagement en Europe le 18 février dernier : l’Espagne a réussi à trouver preneur pour sa dette obligataire à 15 ans au taux de 4,668%. […] Et tout le monde de se féliciter sur la transparence de l’Espagne, sur la capacité de l’Europe à assumer sa dette, sur le faible coût de financement de la dette espagnole, assorti de la bonne rémunération offerte pour les débiteurs. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, puisqu’on vous le dit".

Notons au passage que la France était première dans la file des acheteurs (tout comme elle était parmi les premières pour les obligations grecques… rien que des placements d’avenir, si si). Mais la question n’est pas là — Simone se penche sur un autre aspect intéressant de l’affaire :

"Une question nous trotte dans la tête depuis la phase II de cette crise (phase de la montée de l’insolvabilité étatique) : comment se fait-il qu’il y ait toujours autant d’acheteurs dans un rapport d’au moins 3 pour 1 de la dette souveraine que ce soit aux Etats-Unis, en Irlande, en Grèce, en Grande-Bretagne ? Car tout le monde sait qu’il y a trop de dettes et que les émissions mondiales de 2010 dépassent les capacités mondiales d’épargne".

"La réponse  est peut-être là : D doit émettre de la dette. ‘J’en prends’ disent A, B et C à D ; Lorsque nous-mêmes, A, B, C nous émettrons, prière de ne pas oublier de se presser dans la file d’attente… Histoire qu’on ne soit pas obligé de donner un petit coup de pouce au rendement. Car finalement, nous sommes tous dans la même galère, pas vrai ?"

Qui l’eût cru ? Le marché des obligations souveraines mondiales est comme un jeu de chaises musicales assez spécial : la musique joue, les participants courent et changent de place… mais on n’enlève jamais de chaise avant la toute fin de partie : là, on enlève tous les sièges à la fois… et tout le monde se retrouve par terre.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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