La Chronique Agora

Cette fois, Paul Volcker ne nous sauvera pas…

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Ni Trump, ni Ocasio-Cortez ni Sanders ne voudront réduire les déficits pour éviter le désastre. Ils écouteront les appels à la « relance ».

Toujours pas de fissure visible, sur le marché actions. Mais l’économie est peut-être en train de s’effondrer.

Premièrement, on admet de plus en plus que la reprise Obama/Trump a été un échec.

Gros titre publié sur Yahoo Finance :

« Jamie Dimon : l’économie américaine aurait dû progresser de 40%, au cours de ces 10 dernières années, et non de 20%. »

Il s’est à peine écoulé une semaine depuis que la Maison Blanche a proposé son nouveau budget en tablant sur 3% de croissance. A présent, elle admet elle aussi que cela ne va pas fonctionner.

Selon le New York Times :

« Le gouvernement Trump a fait passer une baisse d’impôt de 1 500 Mds$ au Congrès, en 2017, en promettant qu’elle déclencherait une croissance économique durable. Si ces baisses d’impôt ont dopé l’économie à court terme, les responsables concèdent désormais qu’elles ne suffiront pas à provoquer les 3% de croissance annuelle promis par le président sur le long terme. »

Deuxièmement, de nouveaux signes indiquent que la reprise – aussi faible soit-elle – arrive à son terme.

Les grands exportateurs – la Chine, la Corée du Sud et le Japon – ont tous signalé un ralentissement des ventes à l’étranger. Et les transporteurs, eux aussi, déclarent constater une baisse du trafic maritime. Ce que confirme la baisse de l’indice Baltic Dry.

Même le président de la Fed, Jerome Powell, a remarqué l’affaiblissement de l’économie mondiale :

« … Nous constatons de plus en plus de preuves d’un ralentissement de l’économie mondiale… Je dirais que les principaux risques que court notre économie, désormais, semblent provenir d’un ralentissement de la croissance en Chine et en Europe, et également d’événements à risques tels que le Brexit. »

La Grande-Bretagne devrait quitter l’Union européenne dans quelques jours ou semaines. Selon quelles conditions ? Nous l’ignorons. Apparemment, personne d’autre ne le sait, non plus. Cette incertitude pourrait être très perturbante.

[NDLR : Pour engranger des profits dans l’incertitude et donc la volatilité, c’est ici !]

Mais aujourd’hui, nous revenons sur ce que nous considérons comme une certitude : le budget américain va dérailler.

L’Etat affiche déjà 22 000 Mds$ de dettes qui progressent au rythme de 1 000 Mds$ par an. Le budget Trump sera rejeté par le Congrès. Et ses projections économiques sont absurdes.

Il va s’avérer que sa composante la plus néfaste – des milliers de milliards de dollars de déficits à perte de vue – a été sous-estimée. Personnellement, nous pensons que la dette publique américaine (à la suite d’une récession et d’un effondrement de marché) grimpera à 40 000 Mds$ d’ici 2030.

Comment le Canada a évité le déraillement de son Dette Express

Mais attendez… il existe sûrement un moyen d’en sortir… de freiner les choses… et de se remettre sur les rails.

Un lecteur nous a rappelé que le Canada l’avait fait.

Gary M. :

« Il est possible d’équilibrer le budget de l’Etat. La dette canadienne était si critique en 1996 que l’Organisation maritime internationale (OMI) menaçait d’intervenir. Mais six ans plus tard, le budget enregistrait un excédent, et le gouvernement a réussi à cumuler sept excédents d’affilée, jusqu’à ce que la Grande Récession le replonge dans le rouge.

Le problème des Etats-Unis est que pour obtenir un excédent  comme l’a montré le Canada – il faut prendre des mesures que les adeptes du social-libéralisme et les conservateurs exècrent tout autant : un cinquième de tous les postes de fonctionnaires, en dehors de l’armée et de la police montée, ont été supprimés (soit 50 000 emplois, environ) ; les programmes de transfert [financier] de l’Etat (vers les provinces et les particuliers) ont été restructurés de façon radicale.

Par exemple, l’assurance-chômage a été renommée‘ »assurance-emploi » pour refléter une nouvelle démarche d’aide aux travailleurs entre deux emplois, de baisse des indemnités et d’augmentation des programmes de formation… Les impôts ont été augmentés pour les particuliers et les entreprises.

Une surtaxe temporaire de 3% a été appliquée aux revenus dépassant 50 000 $ puis supprimée lorsque le déficit a disparu. Bien que cela ne s’inscrive pas dans cette stratégie, une nouvelle TVA a rapporté plus que prévu.

Les Etats-Unis sont l’une des seules démocraties majeures ne disposant pas de ce type de taxe. Mais la chance est également intervenue, dans une certaine mesure.

Le Canada a réduit son déficit dans une période de prospérité mondiale, où les prix des matières premières étaient élevés, ce qui a dopé les résultats des entreprises et les recettes fiscales. La récente baisse d’impôt aux Etats-Unis n’a pas réussi, une fois de plus, à augmenter les recettes de l’Etat à partir d’une augmentation de l’activité économique.

En fait, les recettes fiscales sont en baisse de 6%. La réduction des dépenses doit être associée à des augmentations d’impôt, du moins temporairement, pour que l’Etat ne soit plus dans le rouge. »

Alors, vous voyez, on peut le faire. Le désastre n’est pas quelque chose de prédestiné. On peut éviter la catastrophe.

Mais… pouvez-vous imaginer que M. Trump augmente les impôts et réduise les dépenses ? Et que dire d’Alexandria Ocasio-Cortez ou de Bernie Sanders ?

Pouvez-vous imaginer que la Fed reste sans rien faire alors que le marché actions s’effondrerait à nouveau et que le chômage grimperait à 10% ?

Pouvez-vous imaginer Jerome Powell, droit dans ses bottes, stoïque, comme Paul Volcker… alors que les économistes, les politiciens, la Maison Blanche et les médias hurleraient pour réclamer une « relance » ?

Non, impossible.

No, we can’t !

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