La Chronique Agora

C'est trop simple

** Tout cela nous semble assez simple. Presque trop simple.

* Les oiseaux doivent voler. Les poissons doivent nager. Les autorités doivent imprimer de l’argent. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas d’autre moyen d’en obtenir. Et parce que l’économie va moins bien… non pas mieux. Les autorités pensent qu’elles doivent "faire quelque chose" pour corriger la situation. Voilà la profondeur de leur philosophie simplette et mécanique : une correction est un "problème"… et les problèmes doivent être réglés.

* Le problème, selon eux, c’est que les Etats-Unis n’ont pas assez d’argent. Puisqu’ils n’en ont pas assez, ils n’en dépensent pas assez. Et puisqu’ils ne dépensent pas assez, toute l’économie de consommation coule.

* Le Washington Post suggère que les fonds de couverture pourraient disparaître suite au ralentissement actuel. Ce serait bien dommage — ils sont un moyen très pratique de séparer les idiots de leur argent.

* Nous ne l’avions pas remarqué lorsque nous étions à Los Angeles il y a quelques jours, mais la Californie a été frappée particulièrement durement. Les prix des maisons, dans de nombreuses régions, y sont en baisse de 40%. Les villes font faillite. Et l’Etat a dû suspendre des milliards de dollars de nouveaux projets afin de protéger les liquidités qui lui restent. Faillite… sécheresse… feu et soufre — notre Babylone californienne semble être sous le coup d’un jugement quasi biblique.

* Et ayez pitié des malheureux habitants de Palm Beach. L’île était l’un des lieux préférés de Bernie Madoff. Les riches retraités de l’île et leurs héritiers faisaient aussi partie de ses proies favorites. Il les a dépouillés de milliards de dollars. A présent, le Chicago Tribune rapporte que les affaires marchent bien pour les prêteurs sur gage de Palm Beach…

* L’or est la seule chose, à notre connaissance, qui ait résisté à ce marché baissier. Pourquoi ? Parce que les investisseurs soupçonnent que cette tragédie a encore un acte ou deux. Ce qui nous ramène au début de notre chronique :

* Les perspectives sont trop simples… trop évidentes.

** Les autorités veulent donner de l’argent aux Américains. Elles ont déjà réduit les taux d’intérêt à zéro — pratiquement, elles ne peuvent pas aller plus bas. Obama parle d’un nouveau programme de relance de plus de 850 milliards de dollars.

* Le dernier grand programme de relance se montait à 700 milliards de dollars. Jusqu’à présent seule la moitié de cet argent a été mobilisée. Il faut du temps pour mettre sur pied une carambouille de cette échelle. L’argent est destiné aux comptes des amis et des collègues de Paulson à Wall Street ; tout le monde le sait. Mais mieux vaut ne pas être trop transparent, sur des choses de ce genre. Il faut faire semblant qu’on ne donne pas des centaines de milliards de dollars aux gens les plus riches du monde. Non, on aide à "recapitaliser le système financier". Et ça prend du temps. Dans ce cas, il faut faire semblant d’être plus intelligent que le marché… prétendre qu’on double Wall Street en achetant ses "actifs" au rebut à des prix cassés. En fait, on pourrait même faire des gains pour le bien du contribuable.

* Paulson n’a mis la main que sur la moitié de l’argent autorisé par le Congrès. Il veut s’assurer qu’il n’y aura pas d’autres explosions de type Madoff — du moins pas avant que le reste du butin soit sous son contrôle.

* Les 850 milliards de dollars supplémentaires d’Obama semblent une bonne idée, pour la plupart des gens. Ils ont besoin de cash. Ils ne sont pas difficiles quant à sa provenance… et ne semblent pas se soucier qu’il appartienne à d’autres.

* D’ailleurs d’où provient tout cet argent, en réalité ? Il n’y a que deux choix… vers le haut ou vers le bas… l’honnêteté ou la corruption… l’inflation ou la déflation. Il est soit emprunté… soit contrefait.

* Si les autorités empruntent l’argent, elles peuvent secourir leurs amis et soutenir leurs secteurs favoris. Mais cela ne fait rien pour l’économie dans son ensemble. Elles ne font que prendre l’argent d’une personne et le donner à une autre. C’est un peu sordide… puisqu’on ne fait en réalité rien de plus que redistribuer de la richesse… depuis les gens qui l’ont gagné vers les gens qui ne l’ont pas gagné. C’est corrompu — mais au moins, c’est de la corruption honnête. C’est-à-dire que les gens y sont habitués et cela ne semble pas les déranger.

* Le problème, c’est que le Japon a prouvé que ça ne fonctionnait pas. On peut emprunter et dépenser tout ce qu’on veut. Les prix chutent quand même. Le chômage grimpe. Les gens font faillite. Ils gémissent et ils râlent. Et les politiques pensent qu’ils doivent faire "quelque chose" en plus.

* Les Etats-Unis ont un autre problème… même si les autorités voulaient emprunter jusqu’au dernier centime de leur argent de renflouage, elles n’y parviendraient pas — pas sans faire grimper les taux d’intérêt bien plus haut et aggraver leur situation. Les Américains n’épargnent pas tant que ça. Et les étrangers ont leurs propres plans de renflouement à financer.

* Cela ne leur laisse pas le choix. Les oiseaux doivent voler… et les autorités doivent imprimer.

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