La Chronique Agora

C’est aux frais du contribuable, et c’est du net !

▪ Pas de rally de fin d’année pour le CAC 40. Il a terminé bien médiocrement la semaine des « Quatre sorcières » sur une consolidation de 0,54%, l’indice clôturant au plus bas du jour à 3 867 points.

Paris ne conserve qu’un gain symbolique de 0,25% sur l’ensemble de la semaine. Cependant, pour beaucoup d’opérateurs qui ont tenté de demeurer optimistes jusqu’au bout, le rally haussier amorcé fin août gardera un petit goût d’inachevé. En effet, le re-test des 3 936 points (niveau initial du 1er janvier) n’a pas eu lieu pour couronner cette fin de trimestre ; les jeux étaient faits dès le 9 novembre dernier.

Preuve que le trading algorithmique s’était fixé comme mission de museler la volatilité, pas le moindre tressaillement indiciel ne s’est matérialisé au moment de l’échéance des contrats sur indices à 16h (le CAC 40 perdait alors 0,3%). La hausse des indicateurs avancés du Conference Board publiée à la même heure était bien au rendez-vous… mais elle a été jugée décevante.

L’évolution de Wall Street confirme ce sentiment. Au final, le Dow Jones s’est effrité de 0,1%, refusant une nouvelle fois l’obstacle des 11 500 points.

Toutefois, le bilan de la journée des « Quatre sorcières » s’avère globalement positif, juste pour le symbole. Le S&P grappille 0,08% ; le Nasdaq (demeuré parfaitement stable depuis lundi) s’arrache in extremis de +0,22% et porte ainsi son avance annuelle à 16,5%. Le Dow Jones verrouille un gain annuel de 10%, dont 4% depuis le 1er décembre

▪ Le Nasdaq 100 a clôturé inchangé vendredi — mais avec un gain de 19,25%, il s’impose comme la meilleure performance de l’année 2010. Nous retiendrons surtout qu’il réalise l’exploit de rééditer son record historique de début novembre 2007.

A l’époque, les valorisations relevaient déjà du phénomène de bulle mais tout le monde avait les moyens de s’acheter des actions en réinvestissant les plus-values immobilières. Aujourd’hui, le principal moteur de la hausse, c’est l’argent de la Fed.

Il a commencé à être imprimé en masse il y a trois semaines (un petit Noël avant l’heure pour les obligés de la Fed). La période des fêtes sera fastueuse dans les départements « banque d’investissement »…

Ce mois de décembre restera de toute façon un bon cru puisqu’il se solde par une progression moyenne de 5% de Wall Street, avec une nette surperformance des technologiques (+6,75% pour le Nasdaq Composite).

▪ Les banques ont une deuxième raison de se réjouir de la tournure des évènements en cette fin d’année 2010. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, elles vont de surcroît échapper aux taxes promises deux ans auparavant par Barack Obama !

Le Congrès US n’a pas jugé bon d’en discuter au moment où la mode est aux cadeaux fiscaux, notamment au profit des contribuables les plus favorisés — en l’échange d’un allongement des indemnités accordées aux victimes de l’ultra-libéralisme décadent.

Notez le souci de cohérence. Le fisc ne va leur reprendre d’une main que ce qu’il leur accorde de l’autre… Les Etats-Unis ne sont pas la France, que diable !

Certes, mais les Etats-Unis s’enfoncent dans la culture du déficit, ce qui leur vaut une nette tension des taux depuis 15 jours. Wall Street a toutefois pris le parti de ne pas s’en préoccuper : les médias anglo-saxons s’ingénient à souligner le peu d’avancées concrètes à l’issue du sommet de Bruxelles de jeudi et vendredi concernant la crise de refinancement des « PIGS « . Et il est incontestable que le dossier n’a -hélas- guère avancé.

▪ De nombreuses questions restent en effet en suspens. Les dirigeants européens réunis à Bruxelles n’ont pris aucun engagement précis sur les restructurations de dettes souveraines… Rien sur l’augmentation du Fonds européen de stabilité financière (FESF)… Et rien non plus sur la création d’obligations communes dans la Zone euro (euro-bonds) car l’Allemagne continue d’y faire obstacle.

Bien sûr, les dirigeants des pays de l’Union européenne sont d’accord pour pérenniser le mécanisme actuel de soutien des états en difficulté. De plus, une volonté commune de protéger l’euro a été affichée… mais plus que des déclarations d’intention, les marchés attendent des actes concrets.

Les Vingt-sept ont adopté un texte prévoyant la modification du Traité de Lisbonne pour autoriser les pays de la Zone euro à installer le Mécanisme européen de stabilité (MES). Cependant, il n’entrera en vigueur qu’en 2013, c’est-à-dire après des échéances électorales majeures en France et en Allemagne… et bien après que l’Espagne se soit heurtée à un mur de dette dès le premier semestre 2011.

La question de la viabilité des dettes des pays périphériques et de leurs problèmes d’insolvabilité d’ici 2013 reste non résolue. Et le projet de lancement d’euro-bonds n’est plus sur la table, selon Jean-Claude Juncker.

Des avancées sur le renforcement du FESF apparaissent pourtant urgentes. Moody’s s’est d’ailleurs une nouvelle fois chargée de le rappeler en dégradant fortement la note de la dette souveraine de l’Irlande (cinq crans d’un coup) ; la Grèce et l’Espagne pourraient suivre.

Tant que les agences de notations mettent la pression sur les « PIGS », on ne parle pas des difficultés potentielles de refinancement des Etats-Unis. Pourquoi s’en soucier, d’ailleurs ? L’argent qu’ils n’ont pas… ils se contentent de l’imprimer ! Et les Chinois de le thésauriser.

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