Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Le VIX s’affole, les marchés tempêtent, les déposants angoissent, les gouvernements et banques centrales s’activent. Partout le rouge domine, à l’exception notable de l’or. Une touche de vert dans un océan rouge sang…
C’est quoi le… VIX ?
Il s’agit d’un indicateur qui mesure la volatilité du marché financier américain. Pourquoi américain ? Tout simplement parce qu’il est calculé tous les jours par le Chicago board options exchange (le fameux CBOE qui traite les options américaines).
L’indice de la peur…
Ce qu’il faut retenir, c’est que plus la valeur de cet indice grimpe, plus les marchés sont nerveux et pessimistes. Plus l’indice est faible, plus les marchés sont optimistes et sereins.
Outre sa valeur absolue, ce qui nous intéresse est surtout sa variation. Plus les variations à la hausse sont fortes, plus les marchés ont peur et le pessimisme s’installe. Et inversement. Or le VIX atteint actuellement des records comme jamais auparavant. Je n’ai jamais vu ça… une chute du CAC 40 de 9% non plus d’ailleurs…
Les intervenants voient noir
Dans la seule journée d’hier, l’indice a fait un bond vertigineux. En clair et sans décodeur, les intervenants voient noir. Ultra noir.
1. Non seulement ils ne croient pas en l’efficacité du plan Paulson dont ils doutent de plus en plus…
2. … Mais en plus ils sont en train de se rendre compte que la crise économique aux Etats-Unis sera probablement nettement plus durable et profonde que ce qu’ils imaginaient jusque-là. Le consommateur américain est aux abois, pris à la gorge, endetté au-delà du raisonnable, voire de l’imaginable. Or il "fait" 70% de la croissance américaine en consommant. S’il ne consomme pas, l’économie américaine s’arrête. C’est ce à quoi nous sommes en train d’assister.
3. Les intervenants se rendent compte aussi que la confiance entre les banques (et dans les banques) est loin d’être rétablie, malgré le plan Paulson et les sauvetages successifs mis en place par les différents gouvernements européens. Le credit crunch sera sévère et la hausse des taux est inéluctable : et tout ceci entraînera l’économie réelle dans la tourmente.
Pendant que j’y suis : la confiance, quand on la perd, c’est à toute vitesse… mais pour la regagner, ça prend du temps, beaucoup de temps.
4. Les investisseurs prennent aussi conscience que les gouvernements locaux grillent cartouche sur cartouche pour éteindre les départs de feu intempestifs, ceci afin d’éviter l’embrasement général. Combien de temps encore vont-ils tenir à ce petit jeu ? Quasiment tous les week-ends, nous assistons à une course contre la montre…
Et le plus alarmant, c’est cette incapacité des Européens à faire front ensemble, à harmoniser et globaliser la riposte ! Le chacun pour soi ne sera pas viable longtemps…
5. Enfin, quand Angela Merkel (une personne sérieuse, raisonnable, posée, réfléchie, méthodique, carrée…) nous annonce garantir les dépôts des épargnants pour quelque 568 milliards d’euros au mieux, 1 600 milliards au pire et selon les calculs (la plus grande garantie accordée de tous les temps !), on se dit que la situation est vraiment grave.
Aucun gouvernement ne risquerait de réduire ainsi sa crédibilité à néant s’il n’y avait pas URGENCE ABSOLUE et IMMEDIATE, s’il n’était pas certain que le système bancaire national menaçait réellement d’implosion.
En attendant, le grand bal des annonces de résultats va s’ouvrir. Vous pouvez être certain d’une chose : les marchés n’ont pas fini de tanguer.
Vous me trouvez trop pessimiste ? J’espère que vous avez raison. Sincèrement. Cela dit, je veux bien essayer de nous remonter le moral… mais pour cela il faudra attendre la suite, demain…
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.