La Chronique Agora

Ce qui est rare est cher

** Les métaux super-légers et hyper-résistants sont les plastiques du 21ème siècle. Ces métaux sont très demandés et leur utilisation est sans limite, des turboréacteurs aux composants de rails. On assiste par conséquent à une grande poussée du côté des métaux rares si difficiles à fabriquer. Et ces métaux rares sont de bonnes opportunités pour les investisseurs. L’un d’entre eux est le vanadium.

– Pour certaines industries, comme l’aéronautique, trouver une façon de continuer leur activité malgré les problèmes de carburants devient une question de survie. Selon un récent article du Financial Times, cela a "provoqué un bond énorme dans le prix des métaux rares et difficiles à produire que l’on utilise pour l’économie de carburant des turboréacteurs".

– La course à l’efficacité énergétique va bien au-delà de l’aéronautique. Elle s’étend aux véhicules de chemin de fer et aux automobiles, aux centrales électriques et au forage à grande vitesse. La principale utilisation du vanadium : renforcer le métal. Associez-le au titane et vous obtenez le meilleur ratio force/poids de n’importe quel matériau provenant de l’ingénierie. Cela le rend quasiment irremplaçable dans l’aéronautique et autres industries. Les entreprises utilisent également du vanadium pour produire de l’acide sulfurique, et dans les centrales nucléaires. Le vanadium promet aussi de nouvelles avancées technologiques dans le domaine des batteries. D’énormes batteries au vanadium font tourner les fermes éoliennes et les centrales solaires.

** Dans le grand boom des infrastructures, le vanadium trouve sa place à la table des métaux rares et méconnus qui deviennent de plus en plus importants. Le prix du vanadium, comme celui de nombre de ces métaux, grimpe. Pendant la plus grande partie de l’année dernière, le vanadium coûtait 40 $ le kilo.  En février, il a atteint les 90 $ le kilo. Il est légèrement redescendu depuis, mais a de nouveau atteint les 80 $ récemment.

– L’explosion du prix du vanadium n’est pas un mystère. La demande est importante, tandis que l’offre est réduite. Une grande partie de l’offre repose en Afrique du Sud — et une grave pénurie d’électricité empêche de nombreuses mines de fonctionner à plein régime. En mars, Xstrata, qui produit près de 12% du vanadium mondial, a annoncé qu’il réduirait ses livraisons de 10% à 15% au cours du second trimestre. Et Highveld, un des plus gros producteurs de vanadium au monde, a déclaré en février que les pannes de courant étaient une "menace sérieuse" pour la future production.

– Le marché du vanadium présente aussi des bizarreries intéressantes. Par exemple, 98% du vanadium mondial provient de seulement trois pays — la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud. L’Afrique du Sud, nous le savons, fait face à des problèmes d’énergie. La province chinoise du Sichuan, dévastée par un tremblement de terre, était également un gros producteur de vanadium. Qui plus est, la Chine consomme désormais autant de vanadium qu’elle en produit. Les exportations de vanadium chinois sont donc sur le déclin. L’année dernière, la Chine a mis un frein à ses exportations de vanadium parce qu’elle avait besoin de ce métal. Cette année, la Chine est allée encore plus loin en mettant en place des barrières douanières.

– En Chine, l’utilisation de vanadium pour le métal est encore loin de celle des Etats-Unis. Si la Chine utilisait autant de vanadium que les producteurs de métaux américains, le marché devrait faire face à une augmentation de la demande de près d’un tiers. Le vanadium a donc le vent en poupe pour encore un moment.

– Le groupe russe Evraz est le plus gros producteur mondial de vanadium, avec près de 27% de l’offre. Nous pouvons sans risque affirmer que la Russie est un producteur irrégulier pour certaines matières premières. Et comme les Russes aiment changer les règles du jeu selon leur humeur, je ne me reposerais pas trop sur l’offre russe. Enfin, il n’y a pas de stock de vanadium ou de substitut de qualité égale.

– Alors où sont les opportunités ?

– Difficile de trouver une valeur pure play facile à acheter. La plupart des producteurs sont en Chine, en Afrique du Sud ou en Australie. Et ces producteurs fabriquent beaucoup d’autres métaux. Vous n’achèteriez pas des Xstrata uniquement parce que vous aimez le vanadium. Il vous faudrait également comprendre une foule d’autres métaux qui contribuent bien plus au fonctionnement de Xstrata que le vanadium. Denison Mines est une entreprise intéressante. Le vanadium représenterait un tiers des revenus de Denison Mines en 2008. Le problème avec Denison, c’est que c’est principalement une position sur l’uranium. Pour investir sur Denison, il faut que vous vous intéressiez à l’uranium ; le vanadium sera alors un bonus. Denison n’est sûrement pas très cher, mais je ne me suis pas vraiment penché sur la question.

– Certaines des meilleures opportunités d’investissement en sont encore seulement au stade de prospection, ou émergent à peine en tant que producteurs. Il y en a quelques uns en Australie, dont Windimurra Vanadium et Reed Resources. Les deux possèdent d’importantes ressources de métaux et chacun pourrait finir par représenter 6% à 8% de la production mondiale.

– L’une de mes opportunités préférées concernant le vanadium et sur laquelle je garde un œil, c’est Largo Resources. Largo possède la mine de vanadium le plus riche du monde, au Brésil. C’est proche des infrastructures et situé dans un pays plutôt favorable aux mines. L’entreprise devrait recevoir une étude de faisabilité en juillet. La production devrait commencer en 2010. C’est hautement spéculatif, mais prometteur.

– L’entreprise a également un projet de molybdène et de tungstène dans le Yukon, appelé Northern Dance. Ces métaux demandent également de grandes infrastructures.

– La rareté est une chose formidable quand vous êtes investisseur. Des entreprises possédant quelque chose de rare — avec une demande à long terme juste derrière — voilà la formule idéale pour trouver de bonnes idées d’investissement.

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