▪ Ah, les week-ends prolongés… rien de tel pour méditer sur la marche du monde, assis sous un arbre perdant ses dernières fleurs, en regardant les pétales virevolter dans la brise ensoleillée — tandis qu’alentours, les oiseaux chantent le retour des beaux jours.
(Votre correspondante, pour sa part, écrit ces lignes assise à son bureau en banlieue parisienne, avec pour seule concession à l’atmosphère printanière les Quatre Saisons de Vivaldi en fond sonore. Mais passons).
En tout cas, il y a de quoi méditer. La semaine dernière a été riche en événements — moins spectaculaires certes que le "flash krach" du 10 mai… mais intéressant malgré tout. L’or a reculé… les marchés aussi… et surtout, l’Allemagne a pris des mesures visant à empêcher — ou tout au moins limiter — la spéculation contre les actifs en euro.
Parce que oui, l’euro ne va pas très bien. Et le plan de renflouage n’a rien fait pour améliorer son état, comme l’expliquait Eric Fry il y a quelques jours :
"Rome n’a pas été construite en un jour, c’est sûr. Nous ne devons donc pas nous attendre à ce qu’Athènes soit sauvée en une semaine… ou sauvée tout court. L’état budgétaire du pays n’est pas réparable. Soit la Grèce va s’enfoncer dans la Méditerranée, au figuré, soit ce sera l’euro… ou les deux. Emprunter 1 000 milliards d’euros pour lutter contre les conséquences de dettes excessives ne semble pas être la bonne stratégie à adopter".
"Dans le pire des cas, la BCE va perdre son argent, son crédit et sa crédibilité en essayant de sauver la Grèce… et elle va détruire l’euro dans le processus", continue Eric. "Dans le meilleur des cas, ce plan de relance va persuader quelques stratégistes de Wall Street que ‘le pire de la crise de l’euro est derrière nous’ et entraîner quelques crétins sur les marchés de la dette souveraine européenne avant que la situation ne devienne VRAIMENT moche".
"Et ça va devenir moche… c’est sûr".
▪ Je suis du même avis qu’Eric… et visiblement Mathieu Lebrun, analyste en chef du service CFD Trading, n’en pense pas moins. Voici ce qu’il confiait à ses lecteurs ce jeudi :
"Après une progression de plus de 1% avant 11h, le CAC 40 s’est littéralement effondré en reperdant rapidement près de 200 points (soit un delta intraday de 5% !).
"Pour tout vous dire, ce qui m’embête le plus avec mon scénario de marché de moyen terme (baisse limitée entre 3 250/3 100 points au maximum), c’est qu’alors que les banques étaient les principales contributrices à la baisse, ce sont désormais d’autres segments cycliques qui passent sous d’importants niveaux horizontaux à moyen terme (tels que Lafarge qui casse les 46,40 euros ou Renault les 29 euros).
"En ce qui concerne les autres classes d’actifs, la décorrélation avec l’euro est assez nette aujourd’hui, ce qui est assez surprenant car la devise se maintient bien autour des 1,2350 malgré la rechute générale des marchés. Même l’or est resté attaqué aujourd’hui. Cependant du côté des contrats de taux, la tension reste vive que ce soit aux Etats-Unis avec le T-Note ou en Europe avec le Bund qui franchissent tous leurs précédents sommets du 6 mai".
"Par mimétisme, et sauf ‘intervention spéciale’, de nouveaux plus bas sur le CAC 40 et sur le S&P 500 risquent donc bien de survenir (sur l’indice élargi cela représente une baisse supplémentaire de plus de 2% par rapport aux cours actuels)".
Voilà, cher lecteur : -2% en plus à prévoir pour les marchés dans les jours/semaines qui viennent… si toutefois l’avenir financier ne nous réserve pas d’autres surprises encore plus ébouriffantes !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora