La Chronique Agora

Bye bye WeWork !

Eviter la « grande perte » devient plus difficile, (et plus critique) au fil des ans…

Comme prévu, WeWork n’a pas évité la chute. Bloomberg rapporte :

« WeWork fait faillite, et signe un pacte avec ses créanciers pour réduire sa dette

L’ancienne startup de haut vol WeWork Inc. a déposé son bilan, listant près de 19 milliards de dollars de dettes, un nouveau coup dur pour la société de co-working qui a eu du mal à se remettre de la pandémie. 

La société new-yorkaise a déclaré avoir conclu un accord de restructuration avec des créanciers représentant environ 92% de ses obligations garanties, et qu’elle allait rationaliser son portefeuille de location d’espaces de bureaux, selon un communiqué. Le 6 novembre, l’entreprise a déposé une demande d’inscription au chapitre 11 dans le New Jersey, faisant état d’actifs d’une valeur de 15 milliards de dollars. »

Notre principal objectif est d’éviter la fameuse grande perte. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur ses causes.

L’idée de la grande perte nous vient du célèbre Richard Russell. Il a souligné que la plupart des gens gagnent de l’argent progressivement, sur une longue période. Ils gagnent, ils épargnent, ils investissent. S’ils ont de la chance, ils finissent par avoir une belle somme d’argent, mais seulement une fois qu’ils ont atteint l’âge mûr.

Le danger n’est pas de manquer la prochaine grande opportunité d’investissement – Amazon, Google, Netflix, etc. Ces opportunités sont rares et imprévisibles. Des milliers de nouvelles entreprises voient le jour. Peu d’entre elles survivent.

Éviter la « grande perte »

Pour la plupart des personnes âgées de plus de 55 ans, le véritable danger n’est pas de passer à côté d’une nouvelle innovation inconnue. Il s’agit plutôt d’être victime d’une chose bien connue… qui s’avère être fausse.

À la fin des années 90, la menace de la grande perte provenait de la confiance que les gens plaçaient dans les nouvelles technologies, en particulier Internet et ses dérivés, les « dot.com ». Investir massivement dans ce type de secteur n’est pas un problème pour les jeunes. Ils n’ont généralement pas grand-chose à perdre, et le plus important pour eux est d’apprendre. L’éclatement de la bulle Internet leur a donné une leçon qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.

La prochaine grande perte est survenue sur le marché de l’immobilier. Ce marché semblait épargné de tout risque. En 2002, la maison médiane se vendait 145 000 dollars. En 2007, son prix s’élevait à 215 000 dollars. En d’autres termes, son prix augmentait de 15 000 dollars par an. En supposant que l’acheteur aurait versé un acompte de 20% pour l’acheter, cela représentait un retour sur investissement de près de 50% par an sur cinq ans. Les investisseurs avisés ont trouvé le moyen d’en tirer parti, en rénovant eux-mêmes des maisons ou en investissant dans des secteurs liés à l’immobilier.

Il y a eu là aussi une leçon à en tirer. Au cours des cinq années suivantes, la valeur de la maison médiane a chuté de 45 000 dollars. L’acheteur de 2007 aurait vu la totalité de son acompte de 20% anéantie. En tant que propriétaire, il aurait pu tenir encore 5 ans et s’en serait sorti. Les prix sont remontés. Mais le spéculateur, qui avait transformé plusieurs maisons ou investi dans un prêteur hypothécaire en pleine effervescence, était condamné. En juin 2009, dans un article astucieusement intitulé « Angelo’s Ashes », le New Yorker s’est penché sur l’une des plus grandes entreprises de financement hypothécaire et sur son fondateur, Angelo Mozilo :

« Countrywide Financial Corporation était considérée avec admiration dans le monde des affaires. Fortune a publié en septembre 2003 un article intitulé ‘Meet the 23,000% Stock’, qui affirmait que Countrywide avait enregistré ‘la meilleure performance boursière de toutes les sociétés de services financiers du classement Fortune 500, mesurée depuis le début du marché haussier, il y a plus de vingt ans’. Les actionnaires qui avaient investi mille dollars en 1982 disposaient en 2003 de plus de deux cent trente mille dollars. »

Le 11 janvier 2008, Bank of America a annoncé qu’elle achèterait Countrywide pour quatre milliards de dollars en actions, soit six fois moins que sa valeur de marché avant la crise. Cela représente une perte de 83%.

Les obligations s’effondrent

Les cryptomonnaies ont présenté une autre grande occasion de perdre beaucoup d’argent. Quelques personnes se sont enrichies, surtout celles qui les ont revendues tôt. La plupart des cryptomonnaies n’étaient que des escroqueries. Ayons pitié du pauvre investisseur qui y a placé toute sa fortune.

Et puis, il y a eu une grande perte dans un secteur qui n’aurait pas dû en subir du tout : les obligations. Une règle souvent énoncée est que vous devez soustraire votre âge de 100 ; le reste correspond à la part de votre argent que vous devez détenir en actions. Il est évident qu’avec l’âge, la part des actions (considérées comme risquées) diminue.

Le reste est généralement investi dans les obligations, l’investissement sûr par excellence. Mais les obligations sont beaucoup moins sûres, maintenant que les autorités fédérales se sont montrées disposées à « imprimer » de l’argent pour se sortir de n’importe quelle situation d’urgence. C’est pourquoi nous n’avons pas d’obligations dans notre propre portefeuille. Depuis 2020, l’indice obligataire agrégé américain a baissé de 17%. Après inflation, les investisseurs ont perdu environ un tiers de la valeur de leur investissement.

Les obligations du Trésor américain devraient être le crédit le plus sûr au monde. Mais elles ont baissé au cours des 39 derniers mois, la plus longue baisse de l’Histoire, et il y a donc de fortes chances qu’elles se redressent dans les mois à venir. Mais elles sont loin d’être sûres.

Et n’oubliez pas que la grande perte sera toujours une surprise. Vous pensez pouvoir compter sur… l’immobilier… les obligations… les actions ? D’où viendra la prochaine grande perte ?

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