Les marchés servent désormais de source de financement à des Etats surendettés, aux abois. Ils gonflent des bulles un peu partout – et viennent se servir ensuite dans votre portefeuille.
Les bulles ne sont pas des bulles, ce sont purement et simplement des escroqueries.
La production – notez bien le mot « production », qui implique une activité volontaire – la production de bulles est un choix délibéré des autorités monétaires : elles viennent en aide aux gouvernements afin que ceux-ci, désargentés et surendettés, puissent continuer à faire face à leurs échéances.
Par conséquent, ne vous attendez jamais à ce qu’elles sonnent la cloche et vous préviennent que tout est trop cher ; ce serait lutter contre leur propre intérêt.
Le mensonge et la tromperie sont structurels. Ils sont ancrés dans ces politiques scélérates qui visent à prendre l’argent du public, l’argent de la masse, pour financer les dettes de l’Etat et l’enrichissement d’une classe sociale qui lui est associée.
Malgré la bulle, les caisses sont vides
Les caisses sont vides. Partout on a dépassé le seuil fatidique des ratios d’endettement à 100% des PIB, mais il faut coûte que coûte continuer. Il ne faut pas que la musique s’arrête.
Le moyen le plus simple est de mettre les taux d’intérêt à zéro pour que les dettes ne coûtent plus rien et d’injecter des liquidités afin de noyer le monde sous un déluge qui masque l’insolvabilité.
Accessoirement, ces taux zéro et liquidités créent un « mistigri » : ils ne rapportent rien, de sorte les détenteurs de liquidités cherchent à s’en débarrasser et achètent n’importe quoi qui rapporte encore un peu.
Une mécanique de hausse des prix des actifs anciens se met en branle avec la baisse continue des taux. Cette mécanique est perçue comme une loterie boursière où tout le monde est gagnant, comme une mécanique Ponzi à laquelle de plus en plus de gens veulent participer.
Nous en sommes au stade où c’est le public, les Robinhood, qui veulent leur part du gâteau, de ce gâteau qui croît sans cesse.
Bulles et Etat, au XVIIIème siècle déjà…
La production de bulles est un moyen qui a déjà fonctionné dans l’Histoire, au XVIIIème siècle. C’est un stratagème qui consiste à coupler le besoin de financement du gouvernement à la spéculation boursière, à les unir.
Le financement de la dette publique devient un sous-produit de la spéculation boursière alimentée par une folie : folie de la bulle des mers du Sud en 1720, folie des technologiques et des entreprises dites « de ruptures » en 2020.
En 1720, le gouvernement anglais se finançait en vendant à la spéculation des actions de la Compagnie de la mer du Sud à des prix fantastiques ; ceci s’analyse comme le branchement d’une loterie ou d‘un Ponzi sur la dette publique.
Aujourd’hui, le couple gouvernement/banque centrale émet des titres qui ne coûtent rien – taux zéro – mais qui sont essentiels, indispensables pour alimenter la hausse boursière.
Les concessionnaires de la Fed, les primary dealers, achètent la dette du gouvernement, la revendent à la banque centrale et, avec les liquidités, alimentent la pompe qui fait monter les indices boursiers.
Le financement de la dette du gouvernement est un sous-produit de la hausse boursière. Cela semble paradoxal pour qui écoute les romans des médias et des gouverneurs de la Fed, mais c’est évident pour qui ne s’intéresse qu’à ce que l’on voit objectivement.
C’est un système intelligent, alchimique, mais qui est masqué par l’inversion des causes et des effets et par le vocabulaire de la finance.
Une chaîne du bonheur
Le besoin de liquidités qui alimente la spéculation boursière est satisfait par le tourniquet : achats de valeurs du Trésor, revente à la Fed, crédit en compte, réemploi dudit crédit en compte sur les marchés, ce qui provoque la poursuite de la hausse par la quête de rendement (search for yield), et ainsi de suite.
C’est une pure pyramide de Ponzi, une chaîne du bonheur alimentée par les liquidités – et ces liquidités trouvent leur origine dans le financement de la dette de l’Etat.
Pour continuer à financer les gouvernements alors que leur stock de dettes est colossal et que ce stock ne pourrait être honoré/supporté si les marchés avaient pu continuer de fixer les taux, les banques centrales ont privé les marchés de leur capacité à fixer les taux.
Cette pratique de suppression des taux de marchés par une alchimie spéculative opaque entraîne le gonflement de bulles en chaîne, au point que maintenant, tout est en bulles.
C’est bien là la différence avec les précédentes périodes d’exubérance : aujourd’hui, tout est en bulles.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]