La Chronique Agora

Bulles, bulles, bulles

bulles

Comme un goût de déjà-vu… Tout comme GameStop avant lui, le dossier AMC fait couler beaucoup d’encre, mais il est surtout symptomatique d’un marché qui a entièrement perdu la tête.

Aujourd’hui, nous examinons une institution – une de plus – qui a été zombifiée par les autorités : la Bourse.

La Bourse est censée permettre aux investisseurs d’échanger des actions de sociétés qui gagnent des profits, augmentent la richesse et produisent des biens et des services.

Personne ne sait jamais ce que vaut une action donnée. Le marché « découvre » donc le prix… minute par minute.

Ce prix est peut-être basé sur un seul trade, le plus récent, mais il fixe la valeur actuelle de toutes les actions similaires en circulation. Il évolue à mesure que de nouvelles informations apparaissent.

Aux Etats-Unis, les prix sont cotés en dollars… et la Réserve fédérale trafique la valeur du dollar depuis de nombreuses années. Au cours des 12 mois entamés en mars 2020, elle a gonflé la masse de dollars (le bilan de la Fed) de 78% – dont la majeure partie est allée sur les marchés d’actifs.

Une grande partie des chèques de relance est allée sur les marchés aussi. Dans le cadre d’un sondage de Deutsche Bank, par exemple, au moins la moitié des sondés ont déclaré avoir l’intention de mettre une partie de leurs aides dans les actions.

Cela mène naturellement à une inflation des prix sur les marchés boursiers… ce qui mène naturellement les investisseurs à penser que leurs actions ont plus de valeur… ce qui mène à une situation qui est tout sauf naturelle…

… A mesure que les investisseurs aussi bien que M. le Marché lui-même commencent à se comporter un peu bizarrement… réagissant à la hausse des prix au lieu de découvrir réellement ce que valent les actions individuelles.

Un secteur à l’agonie

Nous n’avons pas vraiment apprécié d’écrire les lignes ci-dessus. C’est la description classique d’une bulle. C’est ennuyeux.

Mais les bulles sont comme des guerres – quand la vie normale, civilisée, est supendue.

Aujourd’hui, le marché rationnel s’est transformé en guerre des mondes complètement insensée, avec de la fausse monnaie… de faux taux d’intérêt… et de faux prix… tous guidés par une foule délirantes de généraux crétins occupant la Fed.

Ces derniers jours, c’était au tour d’AMC Entertainment (AMC) de perdre les pédales. Son cours a doublé du jour au lendemain. Que s’est-il passé ?

AMC est une entreprise mourante… dans un secteur décrépit.

Elle possède une chaîne de cinémas. Avant même la panique Covid-19, elle était en déclin. Depuis de nombreuses années, l’entreprise emprunte de l’argent pour acheter d’autres salles.

Il y a de quoi se poser des questions.

Fabriquer des abreuvoirs pour chevaux au début du XXème siècle était un défi aussi ; les nouvelles automobiles ne s’arrêtaient pas pour se désaltérer. Gagner des parts de marché n’était pas forcément la meilleure manière de régler le problème.

En 2021, acheter plus de cinémas vides n’est peut-être pas une si bonne stratégie non plus. Ce n’est pas de salles qu’AMC manque, c’est de clients.

Les grands écrans de home cinéma sont moins chers qu’auparavant. La gamme de choses que l’on peut regarder depuis chez soi s’est considérablement agrandie elle aussi.

Le multiplexe AMC moyen propose de huit à 12 films. Sur Netflix, Amazon & al., on en trouve des milliers. Par ailleurs, les cinémas n’obtiennent plus les meilleurs films en premier.

Regarder un film chez soi est aussi bien moins cher. AMC facture 10 $ environ par ticket. Chez soi, on paye 2,99 $… et toute la famille peut regarder.

Sans oublier que, pour le prix d’une soirée au cinéma, on peut acheter sa propre machine à popcorn.

Ce sont là de mauvaises nouvelles pour AMC, bien entendu. Ce film n’aura probablement pas une fin hollywoodienne.

Pourtant, grâce au marché boursier de la Fed, bullesque et zombifié, AMC est en tête du box-office.

L’entreprise perd de l’argent ; les ventes de billets, dans le secteur, baissent depuis près de 20 ans. AMC a également plus de 12 Mds$ de dettes qu’elle – apparemment – ne peut pas rembourser.

Pourtant… l’action a grimpé en flèche.

Par quel mystère ?

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile