La Chronique Agora

Les bulles sont toujours plus solides qu’on ne le pense

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La bulle obligataire gonfle toujours et zéro rendement paraît désormais attrayant. Les investisseurs professionnels doivent se soumettre à la loi des banquiers centraux. Le système financier ne tient plus qu’à leur pari insensé.

Lorsque l’on investit en période de bulle, les prix des actifs se déconnectent complètement de leurs véritables moteurs sous-jacents (les résultats et la croissance économique) ; cette déconnexion est probablement l’aspect le plus difficile à apprécier pour les investisseurs.

C’est pour cette raison que les bulles peuvent toujours durer plus longtemps qu’on ne l’imaginait. La bulle obligataire actuelle nous le prouve bien.

La bulle obligataire représente le facteur le plus important au sein du système financier. Toutes les principales mesures de politique monétaire prises par les banques centrales depuis 2008 ont eu pour vocation de maintenir par tous les moyens cette bulle obligataire.

La politique la plus agressive fut le passage aux taux d’intérêt négatifs (NIRP) entrepris par la Banque centrale européenne (BCE) mi-2014 et par la Banque du Japon (BoJ) début 2016.

Lorsque cela s’est produit, les obligations de ces deux économies ont commencé à s’envoler, entraînant leurs rendements en territoire négatif.

Des actions pour du rendement et des obligations pour des plus-values ?

Parce que cela a totalement faussé le paysage de l’investissement.

Les obligations affichant désormais des rendements négatifs allant jusqu’à 10 ans au Japon, et 30 à 50 ans dans certains pays membres de l’UE, les actions sont devenues extrêmement séduisantes du point de vue du rendement. Autrement dit, le vieil adage selon lequel il faut « acheter des obligations pour les rendements et des actions pour les gains financiers » s’est totalement inversé. Les investisseurs achètent désormais des obligations pour réaliser des gains financiers en devançant les banques centrales… et ils achètent des actions pour avoir du rendement.

Pour simplifier, le fait de détenir des obligations coûtant désormais de l’argent, les investisseurs recherchent les rendements dans les actions. Le S&P 500 rapporte actuellement 2,3%, ce qui est très faible. Mais comparé à l’argent que l’on vous prend pour posséder quelque chose, 2,3% c’est extrêmement positif.

Par conséquent, les actions s’envolent, essentiellement sous l’impulsion d’algorithmes programmés afin de rechercher du rendement partout où ils le peuvent.

Cette envolée réfute l’hypothèse selon laquelle le sommet est atteint comme je le pensais en avril 2015. A présent, il semblerait qu’elles soient prêtes à réaliser un ultime rally vers de nouveaux sommets, afin de faire le plein d’acheteurs avant l’éclatement de la bulle.

Quel sommet allons-nous atteindre ?

Nous naviguons totalement en eau trouble, au sein du système financier. Historiquement, nous n’avons jamais vu 13 000 milliards de dollars d’obligations afficher un rendement négatif. Cela dépasse l’absurde… c’est totalement insensé.

Fin février/début mars, on a eu l’impression que la partie était terminée, lorsque la Banque du Japon a adopté le NIRP. A l’époque, le yen a bondi violemment et le marché obligataire japonais s’est presque effondré.

Evolution du yen contre le dollar

Toutefois, le Japon a repris le contrôle de la situation et la bulle obligataire à continuer à gonfler. A ce stade, deux des cinq principales banques centrales du monde avaient adopté le NIRP. Et les marchés ont amorcé une nette envolée.

Les banques centrales ont parié l’intégralité du système financier sur leurs théories. Les investisseurs professionnels n’ont d’autre choix que de s’y plier. Dans un monde où les rendements des obligations sont à présent négatifs, les métaux précieux qui offrent zéro rendement sont désormais devenus très séduisants.

Oui, nous avons atteint un stade où la finance est tellement dévoyée qu’un rendement à zéro est extrêmement tentant, dans une perspective de revenus.

Graham Summers

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