La Chronique Agora

Bulle, lutte et désordre

Fed, krach, politique monétaire

Tel un bouillon infernal porté à ébullition… la potion de la Fed est à l’origine de toutes sortes de diaboliques distorsions.

YODO (you only die once) : on ne meurt qu’une fois. Imprimez ce slogan. Mettez-le sur votre frigo.

La bulle de tout a perverti les marchés. Elle a perverti l’économie. Elle a perverti la politique et le gouvernement. Elle a tout perverti. Elle a plié les cuillères. Elle a fait cailler le lait. Et elle a fait découvrir à des gens des vérités éternelles qui ne furent même pas véridiques pendant quelques minutes.

Presque tout semblait étrange à travers le prisme de la bulle. L’argent semblait presque illimité… les actions étaient toujours en hausse… les autorités pouvaient dépenser des milliards… voire des milliers de milliards… pour financer n’importe quel projet loufoque… et les Etats-Unis – financés par de la fausse monnaie – dominaient le monde.

YOLO, on ne vit qu’une fois, reflète l’ambiance qui régnait sur le monde à l’époque. Vous deviez profiter de ce monde fantastique unique : vivez l’instant présent tant que tout va bien.

Tout le monde perd

Les jeunes, impatients et imprudents ont acheté des cryptos ou « le prochain produit Apple » ou « le prochain produit Google » ou le prochain quoi que ce soit.

Les investisseurs plus âgés et plus prudents ont suivi les conseils de Warren Buffett. Ils pensaient pouvoir acheter et continuer sur la voie de la richesse. Ils se sont concentrés sur les « actions à long terme », s’attendant à gagner de l’argent simplement parce qu’ils avaient pris la sage décision de rester « sur le marché ».

Les jeunes comme les vieux, impatients comme prudents, avaient tort. Avec le temps, la valeur des actions n’augmente pas. Ce qui se passe vraiment, c’est que la valeur de l’argent baisse, ce qui donne l’impression que les prix des actions sont plus intéressants.

Mais au temps rêvé de la Bulle époque, la Fed pompait de l’argent… et la vente de yachts connaissait un bel essor.

Le message à que nous voulons faire passer aujourd’hui : la situation n’est plus aussi bonne.

Avant 2022, chaque recul sur le marché boursier était l’occasion « d’acheter à la baisse » et de gagner de l’argent. Les pertes étaient temporaires ; elles ne duraient que quelques mois, le temps nécessaire à la Fed pour injecter plus d’argent dans le système. La Fed a soutenu les investisseurs pendant de nombreuses années.

Maintenant, elle les poignarde dans le dos. Et, une fois le couteau planté, il reste.  Car la Fed est incapable de faire venir une ambulance, pas sans aussi faire venir davantage d’inflation.

Mardi, nous avons examiné les raisons pour lesquelles nous ne pouvons plus compter sur la Fed pour augmenter les cours des actions.

Tout d’abord, parce que l’élan d’une récession est susceptible de faire baisser la valeur des actions de toute façon.  Une « pause » de la Fed ne fera probablement que peu de différence.

Deuxièmement, parce que la Fed est piégée. Elle peut renforcer l’inflation… ou elle peut laisser la bulle exploser. Il lui est impossible de faire les deux en même temps. Une volte-face va maintenant marquer le début de la prochaine phase d’inflation. Même si les prix des actifs peuvent augmenter, l’inflation est susceptible de les réduire encore plus.

N’y pensez pas, tout va bien

La longue histoire de l’inflation devrait inciter les décideurs politiques à réfléchir à deux fois avant de s’éloigner de la lutte contre l’inflation. En France, des taux d’inflation élevés en 1787-1788 ont conduit à la sanglante Révolution française et à la Terreur. En Russie, en 1917, l’inflation a ouvert la voie à la révolution bolchevique. En Allemagne, 1921-23, l’inflation est à l’origine de l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir.

En Argentine, au Brésil, au Zimbabwe, au Venezuela – il n’y a pas d’histoires d’inflation avec des fins heureuses, chaque fin étant marquée par la misère, la pauvreté, la guerre et/ou la révolution.

Mais les élites n’y pense même pas. Ils encouragent déjà la Fed à poursuivre sur sa lancée… pour revenir à l’inflation.

Voici une « piste de réflexion » que nous pouvons lire régulièrement sur Substack :

« La hausse des taux d’intérêt est un moyen brutal de lutter contre l’inflation qui aggrave les coûts de la vie et les pertes d’emplois, tandis que les réductions d’impôt profitent principalement aux riches.

Au lieu de cela, les riches devraient être taxés davantage pour augmenter les recettes afin d’accroître la fourniture publique de services essentiels, tels que les transports, la santé et l’éducation. »

Markets Insider s’en mêle en évoquant un lauréat du prix Nobel :

« Paul Krugman, lauréat du prix Nobel d’économie, avertit que la Fed risque d’aller trop loin dans la lutte contre l’inflation – et prédit un retour aux taux d’intérêt bas.

L’économiste lauréat du prix Nobel a également prédit un retour éventuel à des taux d’intérêt proches de zéro une fois les hausses de prix maîtrisées. »

Et voici ce qu’en pense la « Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement ». CommonDreams :

« Une organisation des Nations unies s’est ralliée aux critiques de la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales à travers le monde visant à augmenter les taux d’intérêt dans le but de contenir l’inflation.

‘Non seulement il y a un réel danger que le remède politique puisse s’avérer pire que la maladie économique, en termes de baisse des salaires, de l’emploi et des recettes gouvernementales, mais le chemin emprunté irait à l’encontre des promesses faites lors de la pandémie visant à construire un monde plus durable, résilient et inclusif’, mentionne l’article. »

Des analystes pensent que la récente baisse des offres d’emploi nuira aux pauvres et exercera une pression sur la Fed pour que cette dernière fasse volte-face le plus tôt possible. Ils disent que l’inflation est temporaire ou qu’elle est causée par des « goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement » qui peuvent être résolus par des « changements de politique ».

Bien sûr, se préoccuper des pauvres est aussi frauduleux que le dollar lui-même. Les pauvres ne se soucient guère de voir le prix des actions Amazon diminuer ; ils s’intéressent davantage au prix du lait et de l’essence. Quant aux changements de politique, les seuls qui permettraient de réduire l’inflation – en réduisant les dépenses et la réglementation – sont ceux que les décideurs sont les moins susceptibles d’appliquer.

Mais les membres de l’élite gouvernent le monde. Et ce n’est qu’une question de temps jusqu’à ce qu’ils arrivent à leur fin.

YODO !

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