La Chronique Agora

Mais jusqu’où la bulle de dette ira-t-elle ? 

▪ La fin arrivera — tôt ou tard — pour le grand marché haussier des actions américaines… et pour la bulle de la dette. Elle n’est pas arrivée hier, toutefois. Est-ce que ce sera pour aujourd’hui ou pour demain ?

Aujourd’hui, nous explorons le temps que le pays a oublié. Cette phrase n’a pas vraiment de sens, mais nous voulions lui donner une chance malgré tout. Nous parlons de l’espace sur le calendrier rempli par des termes comme "à un moment ou à un autre" et "tôt ou tard" — cette partie de l’avenir où les choses qui ne peuvent durer éternellement finissent par s’arrêter.

Plus spécifiquement, nous nous demandons quand et comment la plus grande bulle de l’histoire explosera. Rappelez-vous que la planète Dette a alourdi son fardeau de 30 000 milliards de dollars ces six dernières années — une augmentation de 40%. Cela ne peut continuer éternellement. Mais comment est-ce que ça s’arrête ?

En deux mots, une bulle ne peut pas exploser sans une grande quantité de "flation" d’une sorte ou d’une autre

L’inflation… la déflation… l’hyperinflation… l’hyperdéflation ? En deux mots, une bulle ne peut pas exploser sans une grande quantité de "flation" d’une sorte ou d’une autre. Avec une bulle de cette taille, ça ne peut qu’être sans précédent. Très probablement, nous verrons la "flation" dans toutes ses formes connues — et peut-être dans des formes encore inédites.

On peut débattre de l’effet qu’a eu l’assouplissement quantitatif sur l’économie… et l’effet qu’il aura quand il sera retiré. Mais il n’y a pas de doute que les taux d’intérêt microscopiques ont fait leur travail.

▪ Avidité ou idiotie ?
Les gens qui pouvaient emprunter aux taux bas de la Fed l’ont fait. Les gouvernements ont emprunté plus lourdement que jamais — simplement pour couvrir leurs frais de fonctionnement. Les entreprises ont emprunté pour se développer, pour acheter de nouvelles usines et pour racheter leurs actions (faisant grimper le cours et — par pure coïncidence bien entendu — fournissant aux dirigeants des bonus encore plus énormes).

Les chiffres les plus récents que nous ayons proviennent du troisième trimestre 2013. Sur ces trois mois, on a constaté 123 milliards de dollars de rachats d’actions — une hausse de 32% par rapport à la même période un an auparavant. Si les choses continuaient à ce rythme en 2014, près d’un demi-millier de milliards de dollars seraient consacrés à faire grimper les prix des actions des entreprises, provenant des entreprises elles-mêmes.

Les dirigeants sont-ils idiots… ou simplement avides ? Le sage conseil "vendez au plus bas, achetez au plus haut" ne semble pas les avoir atteint. Au plus bas du krach de 2008-2009, rapporte le Grant’s Interest Rate Observer, c’est à peine si les entreprises américains ont profité d’une telle occasion de racheter leurs propres actions à un prix cassé. A présent que les prix sont à nouveau élevés, elles semblent quasiment toutes vouloir acheter.

Là aussi, ça doit sûrement prendre fin. Il ne faut pas non plus beaucoup d’imagination pour prévoir ce qui arrivera lorsque ce sera le cas : les prix des actions s’effondreront.

▪ L’effet pauvreté
Pour commencer, le crédit se développe et les prix des actifs grimpent. Ensuite, le crédit se contracte et les prix des actifs chutent. Les prix des actifs anticipent généralement les prix à la consommation.

Après une telle inflation du crédit… nous nous attendrions à voir une sacrée déflation lorsque la bulle éclate. Tout à coup, "l’effet richesse" deviendrait "l’effet pauvreté", les gens réduisant leurs dépenses, leurs investissements, leurs luxes de tous les jours.

Une déflation de la dette ne crée pas de mauvaises dettes ou de mauvais investissements… elle force simplement les gens à reconnaître leurs erreurs

Ce serait normal, naturel et sain. Une déflation de la dette ne crée pas de mauvaises dettes ou de mauvais investissements… elle force simplement les gens à reconnaître leurs erreurs. Les entreprises font faillite ; elles ne peuvent plus emprunter des fonds quasi-illimités à des rendements quasi-invisibles. Les gens peuvent à nouveau faire défaut… et ils ont de la compagnie. Les 5 000 milliards de dollars qui sont apparus — de manière quasi-magique — à mesure que les marchés grimpaient… disparaissent soudain, retournant là d’où ils sont venus.

Il n’y a pas de mystère au sujet du cycle du crédit. La richesse créée "à crédit" s’en va lorsque le crédit est supprimé. Ensuite, on voit qui a fait les erreurs les plus graves.

Les questions en cours sont les suivantes : jusqu’où cette bulle peut-elle enfler avant d’exploser ? Comment les manoeuvres des banques centrales affecteront-elles l’issue de cette situation ?

La première question amène une réponse évidente : qui sait ? Les banques centrales sont encore à l’oeuvre — Etats-Unis et Japon en tête. Les secteurs privé et public sont encore prêts à emprunter. Les entreprises rachètent encore leurs actions. Et les prix des actifs, pour autant que nous puissions en juger, grimpent encore. Cela pourrait perdurer. Personne ne sait combien de temps.

Demain, nous aborderons la deuxième question : lorsque la fin viendra, quelle forme prendra cette nouvelle "flation" ?

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