La Chronique Agora

Bourse : le règne du court-termisme

Bourse

En Bourse, on ne voit désormais plus jamais au-delà d’un an. Le court terme règne en maître, les repères s’effacent… et rien ne vient prendre leur place.

Les perspectives économiques mondiales pour cette année sont claires dans les grandes lignes :

reprise vigoureuse de l’activité ;

– inflation accélérée par les coûts et goulots ;

– marchés financiers en forte hausse sous l’influence conjointe d’une vive remontée des profits, d’une surabondance de liquidités, et de la répression sur les taux qui canalise l’argent vers les actions.

Normalement cela suffit, pas besoin d‘aller plus loin ; le long terme n’existe pas, ce n’est qu’une succession de courts termes.

Les coûts et conséquences non voulues des politiques qui sont menées se multiplient, se renforcent, se diversifient… mais on verra plus tard, chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?

La fonction d’anticipation et d’actualisation du futur n’existe plus sur les marchés financiers, les apprentis sorciers ont imposé le court-termisme, le présentisme et le coûte que coûte. Le système est sous domination financière.

La tolérance des citoyens et de leurs représentants aux déséquilibres est devenue extrême, plus personne n’ose crier au loup tant les Cassandre ont été discréditées par 12 ans de catastrophisme à contretemps.

Drogue monétaire

Le grand secret de la tolérance c’est la drogue monétaire : comme la configuration mondiale de l’épargne et de la monnaie impériale le permet, il a été possible de traiter tous les accidents, toutes les dérives et toutes les contradictions par l’inflationnisme monétaire.

On a fait glisser le voile du fétiche monétaire sur le réel. On a séparé les ombres des corps et truqué les livres de comptes.

La demande de « monnaie » est restée vigoureuse, la vitesse de circulation a ralenti fortement, la fuite vers les biens réels et les actifs de réserve tangibles est restée limitée – et surtout, les changes flottants ont permis les dévalorisations sans heurts.

Il n’y a plus de point d’ancrage, le deutschemark est mort noyé dans l’euro, le yen n’en finit pas de s’avilir… Bref, l’inflationnisme monétaire a pu et peut encore se développer car les référents ont été neutralisés – et on ne les voit pas poindre à l’horizon.

Ne souriez pas, le bitcoin n’est pas un référent ; il est la quintessence de la relativité, de l’auto-référencement, de l’Ouroboros tautologique.

Il n’y a pas eu de bonds vigilantes faisant « régner l’ordre » sur le marché obligataire, pas de revendication en faveur de l’orthodoxie de la gestion de la monnaie, ou sur les taux. Les peuples acceptent le glissement de la monnaie vers le simple jeton, la disparition de la rémunération de l’épargne et même l’explosion des inégalités.

Le populisme est purement spontané, non pensé, non réfléchi. Donc impuissant.

Les commentateurs ne cessent de s’extasier sur les records, sur le caractère exceptionnel de ce qui se passe, mais ils oublient de regarder là où les choses se passent, ils oublient de regarder du côté des modifications et distorsions structurelles que les contorsions des autorités imposent.

A suivre…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile