D’un côté, des leçons apprises et des règles retenues. De l’autre, l’idée que les leçons ne sont plus applicables et les règles plus d’actualité.
« Regarde des deux côtés avant de traverser la rue. »
L’homme du peuple vit entouré de fantômes. Ce sont les fantômes de parents dont les enfants n’ont pas regardé des deux côtés avant de traverser. Ils murmurent les leçons des morts :
Ne dépense pas plus que tu ne gagnes.
Dis « s’il vous plait » et « merci ».
Mêle-toi de tes affaires.
Ne mange jamais la neige jaune.
La différence entre l’homme du peuple et les élites est que le premier est convaincu qu’il faut suivre les règles. Les seconds estiment qu’ils peuvent les créer au fur et à mesure.
Nous nous sommes penchés sur un sujet déprimant : la destruction de la classe moyenne. Nous avons pu constater que les élites utilisent l’inflation comme une barre à mine : pour extorquer les autres.
Ce n’est pas « intentionnel » à proprement parler. Le loup ne dévore pas l’agneau en ayant prémédité son crime. C’est simplement ainsi que les choses fonctionnent. L’inflation dévaste l’économie et « le peuple » qui en dépend. Tant mieux, disent les élites. Ils préfèrent les pauvres, qui sont plus facilement manipulables et dont les voix sont plus faciles à acheter.
Mais ce n’est pas qu’une question d’argent. La classe dominante a des idées, des programmes… Elle mène des campagnes. Les valeurs de la classe moyenne se mettent souvent en travers de son chemin.
On n’a rien sans rien
Oui, le tambour au son duquel l’homme du peuple marche est frappé par les spectres, pas par l’ordre établi. Le rythme que martèlent les morts secoue l’âme du peuple et est ancré dans ses instincts, comme le bon sens. Le peuple est par nature conservateur, réticent au changement.
Il se lève tôt. (« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », dit-il).
Il va travailler. (« J’ai appris la valeur du travail en travaillant », explique-t-il).
Il met de l’argent de côté. (« Un sou épargné est un sou gagné »)
Il veille à ne pas trop dépenser. (« Ne pas gaspiller pour ne pas manquer »)
Il suit des règles, mais il peut être une menace pour les dirigeants. Son bon sens ne cadre pas avec l’incurie et les foutaises de l’élite. C’est son bon sens qui lui dit qu’on n’a rien sans rien et qu’il faut travailler pour obtenir ce que l’on veut. Et pourtant, les élites impriment des milliards de dollars pour inciter les gens à rester au chômage. Durant la pandémie de Covid, par exemple, des millions de gens gagnaient plus en restant chez eux qu’en allant travailler.
Les dirigeants ont décidé que les dures leçons du passé n’étaient plus d’actualité. Nous sommes désormais plus malins, pensent-ils. Plus éduqués, plus « sensibles » aux défis et aux réalités de la vie en 2022. Nous savons distinguer le bien du mal, le paradis de l’enfer. Nous sommes persuadés d’être du bon côté, celui des anges. Inutile de poser des questions.
Pour les classes dirigeantes actuelles, le paradis, pour le peuple, pas pour eux, est un petit appartement qui ne consomme pas beaucoup d’énergie, dans un immeuble moderne et étriqué, à partir duquel on peut se rendre à pied ou à vélo aux services essentiels, des gens qui s’appellent par le pronom personnel de leur choix et qui font tout leur possible pour que tous les gens soient égaux.
Ceux qui sont rapides se tirent une balle dans le pied pour pouvoir boitiller avec les estropiés, les gens intelligents regardent CNN ou Fox News pour s’abrutir et les belles femmes se couvrent le visage pour que personne n’ait des idées mal placées. Bien sûr, tout le monde est d’accord avec tout le monde sur tout. Ils appellent cela la « diversité ».
Inconfort moderne
Le problème de l’homme du peuple est qu’il ne comprend pas. Il s’accroche à ses habitudes et à ses mœurs. Il regarde des deux côtés de la route avant de traverser, mais il n’aime pas qu’on lui dise où aller.
Or, c’est précisément ce que font les élites.
À Davos, où les riches et les célébrités se rendent en jet privé pour faire dire aux gens du peuple qu’ils consomment trop de carburant, le Forum économique mondial nous a déjà averti sur ce qui nous attend : une vidéo explique que dans le futur « nous ne possèderons rien et nous serons heureux ».
La semaine dernière, Elizabeth Borne, la Première ministre française a expliqué aux gens du peuple qu’ils vivront mieux lorsqu’ils diront « au revoir » aux terribles combustibles fossiles.
Ailleurs en Europe, les politiciens ont déjà proposé d’interdire les logements individuels. Ils sont énergivores, et sauver la planète est devenu un objectif qui prévaut sur le confort des ménages.
Mais, horreur ! L’homme du peuple n’est pas d’accord. Il ne s’incline pas devant Gaïa et ne courbe pas l’échine devant les dieux de la diversité. Si vous le suivez jusqu’à sa place de parking, vous le verrez peut-être rentrer dans un quatre-quatre diesel plutôt que dans une petite voiture électrique.
Par conséquent, les élites ne peuvent pas laisser l’homme du peuple voter sans lui donner des instructions. Il faut choisir ses candidats pour lui, en soutenant un des candidats avec de l’argent et une presse favorable, tout en privant l’autre de fonds et en le faisant passer pour un crétin dangereux. Puis, pour assurer le coup, il faut faire en sorte que les candidats soient tous des gredins idiots pour que l’électeur n’ait pas de véritable choix. Transformer le scrutin en une foire d’empoigne sans le moindre débat d’idées. Mais attention, malgré tout cela, il se pourrait que l’homme du peuple ne vote pas comme il faut.
Faites attention lorsque vous le sortez en public. Il pourrait dire des choses qu’il ne faut pas dire !
Les faiseurs et les agitateurs
Les mots évoluent en fonction des lubies et des fantasmes de l’époque. Le mot « Bum » (mendiant en français) décrivait autrefois quelqu’un qui vivait dans la rue. Il véhiculait l’idée d’une faillite morale : la personne concernée n’avait pas respecté les règles. C’était de sa faute.
Puis les élites ont remplacé ce terme par le politiquement correct « personne sans abri ». Ce terme véhiculait également l’idée de faute, mais il ne portait aucun jugement. Il se pouvait que la personne concernée n’ait simplement pas eu de chance. Désormais, le terme consacré est « personne non logée ». Ce terme suggère que la faute est imputable à quelqu’un d’autre. Quelqu’un n’a pas su donner à la personne concernée un logement digne de ce nom.
L’homme du peuple reconnaît un mendiant quand il le voit. Il sent quand il y a anguille sous roche. Il se braque et refuse de suivre le programme des élites. Son bon sens se met en travers des grands progrès que les penseurs et les bien-pensants veulent mettre en place.
Sans la propagande permanente des médias, l’homme du peuple accepterait-il de financer la guerre en Ukraine ? Probablement pas.
Accepterait-il de financer les déficits de plusieurs milliers de milliards de dollars et la dette de 31 000 Mds$ des États-Unis ? Personne ne pose la question.
Il est facile d’abrutir et de tromper le peuple. Agitez le drapeau et ils se mettront en marche pour tuer sans sourciller. Mais si on les laisse tranquilles, les gens du peuple s’accrochent aux règles d’antan. Les règles auxquelles ils obéissent constituent un monde où règne le civisme, la décence et le bon sens. Il faut donner pour pouvoir recevoir. On roule à droite. Chaque individu suit le même code de la route mais choisit sa destination.
Les élites pensent savoir où l’homme du peuple DEVRAIT aller. Les bien-pensants actuels pensent détenir la Vérité, la vérité absolue et révélée sur ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Ils pensent avoir le droit d’écrire de nouvelles règles et ils ne laisseront ni les vieilles vérités ni ceux qui s’y accrochent se mettre en travers de leur chemin.
La classe moyenne doit être détruite.